Par Yacine Merzougui
Lorsque le Bureau fédéral de la FAF a déposé plainte contre X pour dilapidation de biens de la Fédération, bon nombre de commentaires sont allés avec le dos de la cuillère pour accuser Walid Sadi et son staff de tout ce qui est en relation avec la terminologie complotiste de mascarade.
Du règlement de comptes, à l’invective, à la fanfaronnade, le nouveau locataire du bâtiment de la rue Ali-Ouaked de Dély Brahim a eu droit à tout. Notamment de ces journaleux qui étaient à la solde de l’un de ses prédécesseurs.
Bref, avec les auditions au niveau de locaux de la Police judiciaire, les langues commençaient à s’atrophier et se coller au larynx. Les enquêteurs sortaient le grand jeu pour ne léser personne, surtout que l’enquête a concerné des cadres honnêtes qui sont servi avec dévouement le football algérien et qu’il ne fallait surtout pas froisser lors des auditions. Dur. Laborieux. Et surtout consciencieux le travail de ces « PJistes » qui avaient pour mission de séparer le bon gré de l’ivraie.
En définitif, ce sont des centaines d’heures d’audition, des milliers de documents à ausculter et, au dessus de tout, des symboles de probité à préserver. De toutes les grandes affaires traitées en enquête préliminaire, et au vu du nombre impressionnant de personnes concernées, « l’affaire FAF » aura été la moins exposée aux fuites, tant au niveau des médias que chez les influenceurs de tous bords. Cette enquête devrait faire cas d’école chez les nouveaux officiers et auxiliaires de la Police judiciaire. Car, au-delà du code de procédures pénales ou tout autre instrument juridique qu’il s’agissait de manier tel un sabre de guerrier, le plus important était de faire
dominer l’Honneur de l’Officier de la Police judiciaire.
Cet Honneur ne peut se prévaloir que si l’Officier parvient à contenir l’affaire et à préserver l’Honneur de ceux qu’il a auditionné à titre de témoins où à quel autre statut.
Mille excuses. Tellement ébahi par le traitement préliminaire de cette affaire, je ne pouvais m’empêcher de faire l’éloge de nos jeunes cadres de la Police judiciaire qui méritent tout notre gratitude.
Moment de vérité
A la réception du dossier ficelé, le parquet d’Alger, pour des raisons inconnues, marquait un temps de répit que d’aucuns considéraient comme hésitation et les commentaires allaient bon train avec toute sortes d’interprétation.
Puis, soudain, la machine judiciaire se met en marche. Là aussi, le parquet a su préserver le secret, car nul n’était en mesure de différencier l’accusé du témoin dans cette affaire.
Dans la mémoire des Algériens, Kheireddine Zetchi est placé sous mandat de dépôt. Peu importe le reste des personnes citées dans le dossier. Les noms des co-accusés n’intéressaient que les concernés et leurs proches. Dans cette mémoire collective, notamment au niveau de la Céphale droite, il est un nom qui en sera triomphant : celui de Walid Sadi. Il incarne désormais le Salut de
cette sphère footballistique tellement souillée par le comportement des siens.
Il y avait de quoi respirer une bouffée d’espoir dans ce monde footballistique, appelé à se fondre dans une dynamique sociale et culturelle aspirant à une meilleure gestion de nos ressources morales.
Plus jamais ça, disait-on. Aucun journaliste ne doit plus fêter son mariage au restaurant du Golf (alors propriété de Sonatrach), privant par-là des millions de jeunes de la joie du Classico (MCA- USMA). Plus jamais un dirigeant ne saurait évoquer publiquement des matches arrangés sans en répondre devant les juridictions concernées. Plus jamais, la jeunesse algérienne n’accepte la récidive des crimes commis par les prédécesseurs qui ont dégarni la FAF de ses connexions au sein de l’instance africaine. A telle enseigne qu’un larbin de la trempe de Lekjaa ose défier l’Algérie ! Plus jamais ça, murmurait-on. Car peu de gens sensées croyaient alors au miracle.
La revanche et la Baraka Il y a deux semaines, il était confortablement installé à la table royale dressée à l’occasion de la réélection de Mustapha Berraf à la tête de l’ACNOA. Ce soir-là, Walid Sadi s’engourdit dans une tunique de trop en un laps de temps si court. Il venait de rallier le comité exécutif des comités olympiques africain, soit quatre mois seulement après sa nomination en qualité de ministre des Sports, et quelques semaines seulement après avoir défoncé la porte hermétique de l’exécutif de la CAF. Walid comblé ? Oui certainement. Mais le plus dur reste à faire…
Les vertus de Sadi, surtout en sa qualité de ministre, le public sportif commençait à les découvrir au fil des assemblées générales des fédérations sportives algériennes. Devant la faiblesse et les appétits de ses prédécesseurs, certains staffs de fédérations sportives faisaient la Loi ! Certains osaient même menacer l’Algérie de recours aux instances internationales si seulement quelqu’un
osait s’opposer à leurs éternisations à la tête des fédérations respectives.
D’autres présidents de fédérations « dealaient » carrément leur longévité à la tête des instances, directement avec le Comité olympique algérien (faut pas faire attention aux majuscules).
Tu me tiens, je te tiens par… le vote. Bref.
La citadelle cède son armure
En connaisseur de la configuration des affinités, des rivalités et des répulsions entre le personnel en place, Walid Sadi a préféré investir sur les mécanismes où les individus sont appelés à s’intégrer ou à disparaître carrément.
Ainsi, beaucoup de sérénité s’est réinstallée au sein de l’instance dirigeante de la FAF. Le centre de gravité a retrouvé son équidistance et surtout sa pesanteur sur les satellites dont la trajectoire est désormais assujettie à l’équation de Schrödinger. Tout déviationnisme de la voie lactée finit dans la ténébreuse galaxie d’Andromède.
Oups, ce n’est encore pas notre sujet, le travail du Bureau fédéral et les commissions. En fait notre sujet principal n’est autre que la réussite ou non de Walid Sadi quant à la lutte contre la corruption au sein de la FAF.
A commencer par le contentieux qu’il a hérité, à son élection, au niveau de la CNRL dont le montant global des dettes des clubs sportifs se situait à hauteur 3.734.056.175 DA. Trois cent soixante treize milliards de centimes. Rien que ça.
Connaissant les pratiques des clubs et celle des joueurs et de leurs conseillers-managers, on serait en droit de dire qu’une forte proportion de cette dette était quelque peu fictive et relevait plutôt du chapitre des querelles internes des sociétés sportives. Passé ce cap de la CNRL, les choses commençaient à se tasser.
La FAF, nouvelles procédures
Passer d’une FAF qui signe un contrat en devises avec un prestataire se targuant insolemment de son appartenance algérienne, à une FAF méticuleuse de tous recoins juridiques relèverait du tonneau des Danaïdes. Mais, à force d’observer les procédures de passation adoptées par le nouveau staff fédéral une conviction est aussitôt née : aucun lapin ne sortira plus du chapeau.
Aujourd’hui, à force de veiller à la transparence au sein des instances fédérales, la FAF est aisément assimilable à une entreprise publique dominée par le code des marchés publics.
Suivons ensemble ces procédures et comparons-les avec Sonelgaz ou toute autre entreprise du secteur étatique.
La Fédération algérienne de football (FAF) a récemment lancé plusieurs appels d’offres nationaux et internationaux visant à améliorer et développer ses infrastructures sportives. Ces initiatives s’inscrivent dans une dynamique de modernisation des installations footballistiques à travers le pays.
La rénovation du terrain en gazon naturel à Sidi Moussa
La FAF a publié deux avis d’appel d’offres (N°002/FAF/2025 et N°005/FAF/2025) concernant la rénovation du terrain en gazon naturel du Centre technique national de football à Sidi Moussa, Alger. Le premier appel, qui avait été publié dans les quotidiens El Moudjahid et Chaâb, a malheureusement été déclaré infructueux pour des motifs de déplacement de budget alloué à l’opération, comme l’indique l’avis daté du 27/01/2025. Face à cette situation, la Fédération a relancé, il y a quelques jours, un nouvel appel d’offres national (N°005/FAF/2025) pour la même opération.
Dans le cadre du développement de ses infrastructures régionales, la FAF a également lancé un appel d’offres national restreint (N°003/FAF/2025) pour la réalisation d’un forage de 250 mètres avec équipements électromécaniques et abri de protection au Centre technique régional de football à Tlemcen.
Les modalités de soumission précisent que les offres doivent être présentées sous plis fermés et sous forme d’un pli comportant la mention « offre technique » et un pli « offre financière » séparés et intégrés dans l’enveloppe extérieure. Cette dernière, anonyme, doit porter la mention :
« SOUMISSION À NE PAS OUVRIR – APPEL D’OFFRES NATIONAL RESTREINT N°003/FAF/2025 – RÉALISATION ET ÉQUIPEMENT ÉLECTROMÉCANIQUE Y/C ABRI D’UN FORAGE ».
N’est-ce pas la même procédure que celle observée par les entités étatiques ?
Attribution d’un marché d’impression Parallèlement aux projets d’infrastructure, la FAF a également procédé à l’attribution d’un marché
concernant l’impression de documents. Selon l’avis N°031/FAF/2024, après évaluation des offres soumises dans le cadre de l’appel d’offres national publié le 02/01/2025, c’est l’entreprise EPE/SPA Imprimerie des assurances qui a été retenue avec une note de 60 points, ayant présenté la meilleure offre selon les critères d’évaluation technique et financière. Une entreprise publique qui décroche un contrat juteux auprès de la FAF. Je ne l’aurais jamais imaginé sous d’autres cieux que celui de Sadi.
En définitive, il faut beaucoup de courage pour imposer le changement et forger le respect d’autrui. Plus le temps avance, plus les impuretés des gesticules s’amenuisent et se trempent dans l’élixir momifiant. La rigueur imposée aujourd’hui dans les couloirs de la FAF, traduite par une transparence effective dans les procédures de passation, va certainement développer de nouveaux réflexes et instaurer de nouvelles mentalités.
Qui ne tente rien, n’a rien, nous murmure-t-on. Oui, il a son business et après ?
Les mauvaises langues ne cessent de déverser le venin orné de miel quand il s’agit de la probité des responsables de ce pays, quels que soient leurs positions et leurs postes.
Ne pouvant lui adjoindre aucune faille morale, les détracteurs de Sadi racontent toutes sortes d’histoires à même d’assommer le Cyclope et tous les personnages de l’Odyssée d’Homère.
Vérification faite, il est mis en évidence une activité industrielle de Walid Sadi, entamée en janvier 2018. Il s’agit en fait de l’entreprise EURL Standing International Ceramics, spécialisée dans la production industrielle des produits sanitaires et céramiques. Après un démarrage difficile, l’entreprise a su ensuite retrouver le chemin de la croissance, ce que nous souhaitons, d’ailleurs, à toutes les entreprises algériennes.
Non. Ce n’est pas un crime, quand on est patron de la FAF, de détenir partiellement ou totalement une entreprise privée. Avant Sadi, cette instance a vu défiler des profils de toutes sortes. Rien que ses deux derniers prédécesseurs, Charaf Eddine Amara et Djahid Zefizef, ils n’avaient pas à rougir de leurs postes de présidents de prestigieux groupes publics. Avant eux, personne n’avait reproché à Zetchi les milliards de sa fortune personnelle.
En définitif, le statut est une chose et la performance dans la gestion des missions en est une autre. Walid Sadi n’a pas à rougir de son business qu’il a développé honnêtement comme le mortel des Algériens.
Cette agitation, rappelle paradoxalement l’entreprise Kenza Fencing, détenue d’octobre 2014 à décembre 2019, par deux anciens présidents de fédérations alors en exercice. B’ssahethoum, comme on dit chez nous. Mais ce qui effrayait dans leur business c’est le code d’activité 410201, qui menaçait leur probité à travers le risque de conflit d’intérêt.
Le hic, dans cette histoire de l’entreprise Kenza, c’est que le gérant est passé au rang de ministre de la Jeunesse et des Sports et n’a jamais songé à se défaire de cette entreprise. Cette entreprise, Kenza, dont l’autre associé est également passé par le poste de ministre du même secteur, a été dissoute officiellement une semaine après l’investiture du président Abdelmadjid Tebboune en décembre 2019.
Dieu merci, la société de Walid Sadi ne risque nullement de rentrer en conflit d’intérêt avec sa mission de président de la FAF. Donc, laissons les chiens errants dans leur aboiement et passons aux choses sérieuses qui intéressent notre jeunesse et ses ambitions d’avenir.