L’invité de la radio algérienne de la chaîne 3, le professeur Tarik Hartani,coordinateur du Comité de réflexion pour le développement des céréales en Algérie et directeur de l’Ecole nationale supérieure d’agronomie (ENSA) a annoncé hier que l’objectif final du plan quinquennal 2023/2028 est de produire 3 millions de tonnes de céréales dans le Sud. C’est un volume raisonnablement réalisable car à portée de main des investisseurs initiateurs des mégaprojets dans cette filière de l’agriculture. Aussi, il est primordial de réunir toutes les conditions nécessaires à atteindre l’autosuffisance en produits céréaliers toutes variétés confondues.L’objectif fixé par le président de la République en ce qui concerne la production céréalière et qui ambitionnait d’atteindre l’autosuffisance à l’horizon 2025 est pratiquement atteint. Présidant la réunion périodique du Conseil des ministres, Abdelmadjid Tebboune a souligné hier que grâce aux efforts déployés pour atteindre cet objectif, la production nationale en blé dur couvre désormais 80% des besoins nationaux en la matière.
Un plan et des objectifs
A cette occasion, l’invité de la radio a mis en exergue les grandes lignes du Schéma stratégique de développement de la production céréalière en Algérie dans le cadre de la mise en œuvre du plan quinquennal 2023/2028. «Le plan en question se décline principalement en deux défis, des objectifs et des actions», a-t-il soutenu.Tout d’abord, concernant les deux défis, dans le Nord, il s’agit d’augmenter la productivité, autrement dit les rendements de 50%, donc de 20 quintaux/hectare,actuellement à 30 qx/ha dans le court terme, tandis que dans le Sud, ce sont plutôt les superficies qui doivent être agrandies de 40 à 50 000 hectares, soit 500000 voire 1 million d’hectaresà moyen terme. Force est de constater que pour développer cette activité de l’agriculture, l’inévitable ressource hydrique est à prendre avec beaucoup de considération. «Il faut valoriser tous les points d’eau, notamment les 500 retenues collinaires pour parvenir à produire les 3 millions de tonnes de blé que l’on ambitionne d’atteindre», a fait remarquer le PrHartani.Il est impératif également de rationaliser l’eau d’irrigation en faisant appel à la technologie et au matériel adapté aux conditions édaphiques et de climat des zones où l’on pratique l’agriculture. A la question relativeau problème des semences locales qui sont moins productives que celles sélectionnées, le professeur dira que «l’augmentation de la productivité est un défi majeur qui doit être accompagnée par un travail de fond susceptible de la faire durer dans le temps. Il s’agit, selon le spécialiste, de la diversification des semences qui doivent êtrerésistants au sel et aux maladies.«La qualité des semences constitue l’objet de recherche de plusieurs laboratoires. Beaucoup de chercheurs sont parvenus à conférer aux semences des propriétés de tolérance par rapport aux aléas climatiques, parce que les variétés locales, comme nous le savons, ne peuvent pas être productives, d’où l’importance du rôle de la biotechnologie», a également préconisé le PrHartani. Ainsi, il est question de prendre en charge tous les facteurs limitantspour savoir comment améliorer la production et la productivité des céréales, comment améliorer la qualité des semences et réduire les impacts environnementaux concernant la production des céréales jusqu’à arriver à l’autosuffisance en matière de production de ces céréales. Partant de ce principe, un plan de développement comprenant dix-sept objectifs opérationnels et plusieurs actions qui s’achèveront en juin 2028 a été pris en considération. Cependant, «si les agriculteurs vont suivre à la lettre l’itinéraire technique des cultures, il n’y a pas de raison d’échouer dans nos prévisions», a fait savoir M.Hartani. D’autrepart, financièrement parlant, le professeur a indiqué à ce propos que toutes les mesures qui sont mises en application seront optimisées par rapport à la ressource financière disponible, sans aller dans les détails quant à l’enveloppe qui sera engagée pour les besoins du plan. Avant d’arriver au terme de l’émission de la radio, le coordinateur du comité de réflexion pour le développement des céréales en Algérie n’a pas manqué de recommander la plantation d’arbres au niveau des terres laissées à l’abandon. «C’est une solution qui va nous permettre d’atténuer les effets négatifs du changement climatique, d’une part, et de produire des fruits, d’autre part. Dans ce cas, il existe des arbres rustiques d’une valeur inestimable pour notre économie et notre environnement», dira l’invité de la radio.Pour rappel, le Comité de réflexion pour le développement des céréales en Algérie avait établi une feuille de route afin d’assurer la mise en œuvre des actions dudit comité en collaboration avec les enseignants-chercheurs et d’experts des départements de la recherche scientifique, de l’agriculture, de l’industrie, de l’énergie, des transports et de l’hydraulique et les professionnels du secteur, à travers notamment cinq comités de pilotage au niveau local installés dans les wilayas de Constantine, Bouira, Tiaret, Ouargla et Adrar.
Rabah Karali