Une success story algéro-omanaise dans l’industrie des engrais

AOA

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Par Yacine Merzougui


El Sharika El Djazairia El Omania Lil Asmida, plus connue sous l’acronyme AOA, s’impose comme un fleuron, totalement intégré, de l’industrie pétrochimique algérienne. Cette société mixte, fruit d’un partenariat entre l’Algérie et le Sultanat d’Oman, incarne la réussite d’une collaboration économique fructueuse entre deux nations aux ressources complémentaires.
Créée en 2017, AOA a rapidement pris son envol dans le secteur ô combien stratégique des engrais. Son capital est détenu à 51% par SPGH, une entreprise omanaise, tandis que le géant algérien des hydrocarbures, Sonatrach, en possède 49%. Cette répartition équilibrée reflète la volonté commune des deux pays de mettre en commun leurs expertises et leurs ressources pour développer une industrie à forte valeur ajoutée.
Le complexe industriel d’AOA, situé à Mers El Hadjadj dans la daïra de Béthioua, wilaya d’Oran, est un modèle d’efficacité et d’autonomie. Doté de deux unités d’ammoniac d’une capacité de 2000 MTPJ et de deux unités de granulation d’urée, il produit annuellement plus de 2,4 millions de tonnes d’urée 46% et 1,35 million de tonnes d’ammoniac. Cette production impressionnante positionne AOA comme un acteur important sur le marché international des engrais.
L’autonomie du complexe est l’un de ses atouts majeurs. Équipé d’un système d’admission d’eau de mer de 120 000 m3/h, d’une unité de dessalement, et de générateurs à turbines à gaz d’une capacité totale de plus de 50 MW, AOA maîtrise l’ensemble de sa chaîne de production. Cette indépendance énergétique et hydraulique lui confère une flexibilité et une résilience remarquables face aux aléas du marché.
La stratégie commerciale d’AOA s’articule autour de l’exportation, avec 90% de sa production d’urée destinée aux marchés internationaux. Cette orientation vers l’export génère des revenus conséquents en devises pour l’Algérie, contribuant ainsi à diversifier les sources de revenus du pays, traditionnellement dépendant des hydrocarbures.
Le succès financier de l’entreprise est indéniable. Avec un chiffre d’affaires annuel dépassant le milliard de dollars, AOA s’est rapidement hissée parmi les entreprises les plus rentables du pays. Cette performance économique se traduit par une contribution significative aux recettes de l’État algérien, avec plus de 50 millions de dollars versés au Trésor Public en taxes et droits pour l’année 2022.
Au-delà de sa réussite économique, AOA se distingue par sa politique de gestion des ressources humaines. L’entreprise emploie 543 Algériens et 51 expatriés, auxquels s’ajoutent environ 600 travailleurs en sous-traitance. La jeunesse de ses effectifs, avec une moyenne d’âge entre 27 et 28 ans, reflète la volonté de l’entreprise d’investir dans l’avenir et de former une nouvelle génération de professionnels de l’industrie pétrochimique.
L’engagement d’AOA en faveur de la formation et du transfert de compétences est particulièrement louable. L’entreprise a mis en place un ambitieux programme de formation, tant en Algérie qu’à l’étranger, visant à « algérianiser » les postes clés. Cette stratégie porte ses fruits, avec près de 95% des postes de responsabilité déjà occupés par des cadres algériens, et l’objectif d’atteindre les 100% d’ici la fin du premier semestre 2023.
La responsabilité environnementale est au cœur des préoccupations d’AOA. Consciente des enjeux écologiques liés à son activité, l’entreprise a déployé un arsenal de mesures visant à minimiser son impact sur l’environnement. Des brûleurs bas NOx pour réduire les émissions d’oxyde d’azote aux unités de traitement des émissions atmosphériques, en passant par des stations d’épuration et des systèmes de recyclage de l’eau, AOA met en œuvre les meilleures pratiques du secteur en matière de protection de l’environnement.
La maintenance préventive occupe une place centrale dans la stratégie opérationnelle d’AOA.
Des arrêts programmés, comme celui de 2022 qui a duré plus de deux mois, permettent une révision complète des installations. Cette approche proactive garantit la fiabilité des équipements et prévient les pannes susceptibles d’affecter la production et les engagements
contractuels de l’entreprise.
La sécurité n’est pas en reste, avec une direction HSE (Hygiène, Sécurité, Environnement) dédiée qui travaille en étroite collaboration avec l’administration de la zone industrielle d’Arzew. Des équipements de pointe, tels que des camions anti-incendie et des ambulances,
ainsi que des programmes de sensibilisation réguliers, assurent un niveau de sécurité optimal sur le site.
L’innovation technologique est au cœur du fonctionnement d’AOA. Sa salle de contrôle ultramoderne permet une supervision en temps réel de l’ensemble des unités de production. Le laboratoire de l’entreprise, équipé d’instruments de pointe et staffé par une équipe de 26 techniciens et superviseurs, joue un rôle crucial dans le contrôle qualité des produits et le suivi des normes environnementales.
Fort de ces succès, AOA ne compte pas s’arrêter en si bon chemin. Un ambitieux projet d’augmentation des capacités de production est en cours, visant une hausse de 20% pour l’ammoniac et de 30% pour l’urée. Cette expansion témoigne de la confiance de l’entreprise
dans son modèle et dans les perspectives du marché international des engrais.
AOA représente bien plus qu’une simple réussite industrielle. Elle incarne la vision d’une Algérie qui diversifie son économie, qui forme sa jeunesse et qui s’ouvre sur le monde.
Comme le souligne M. Noreddine Mohamed-Benkada, Directeur Général Adjoint d’AOA, le développement des fertilisants en Algérie est « très important » et constitue « une forte valeur ajoutée pour notre pays ».
El Sharika El Djazairia El Omania Lil Asmida se positionne désormais comme un modèle de réussite industrielle et de coopération internationale. Son succès démontre le potentiel de l’Algérie à développer des industries de pointe, créatrices de valeur et d’emplois qualifiés.
AOA ouvre la voie à une nouvelle ère industrielle pour l’Algérie, alliant performance économique, responsabilité environnementale et développement du capital humain.

Y.M