Une production record de 2,7 millions de tonnes de tomate en 2024

Une stratégie et des efforts qui ont porté leurs fruits

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En se référant aux différentes statistiques des services de douanes, quelque 700 000 quintaux de triple concentré de tomate étaient importés annuellement, principalement de Turquie et de Chine, pour des coûts allant de 500 à 1000 dollars/tonne, et ce, avant que l’Algérie ne prenne la décision de ne plus importer ce produit alimentaire en 2020. Grâce à la stratégie gagnante engagée par les pouvoirs publics et les acteurs de l’interprofession, la filière nationale de la tomate (fraîche et industrielle) ont réussi à relever le défi de la production et de la transformation, en témoigne le record de production enregistré lors de cette campagne 2023/2024, en attendant l’autre bataille de l’exportation, mais là, il s’agit d’une autre stratégie économique. 

Exit les pseudo-importateurs

En Algérie, l’affaire des importateurs qui n’ont jamais lâché prise tant le business d’importer de la matière première de concentré de tomate est juteux n’est plus qu’une ancienne histoire. Les pseudo-importateurs n’avaient aucune difficulté pour demander des crédits bancaires pour importer du triple et double concentré de tomate avant de le diluer dans de l’eau et le conditionner en boîte. Pis encore, les importateurs-transformateurs, qui étaient aussi propriétaires des conserveries, ont tout fait pour «saborder» les efforts des pouvoirs publics qui tentaient de faire renaître la filière de la tomate industrielle en Algérie il y a quelques années. Leur manœuvre est toute simple et connue de tous. Ils élaboraient des stratagèmes tout au long de la période de la campagne de livraison des tomates par les producteurs pour les empêcher d’écouler toute leur récolte.

Etat des lieux en Algérie

Selon le président de Conseil national interprofessionnel de la tomate (CNIFT), Mostefa Mazouzi, les productions de la tomate fraîche et industrielle ont augmenté régulièrement ces dernières années jusqu’à atteindre en 2024 un chiffre record de 2,7 millions de tonnes. Ce volume de production se répartit au niveau des pôles Est dans les wilayas d’Annaba, Skikda, El Tarf et Guelma, où l’on consacre 17 000 hectares à la production de la tomate, en plus des bons résultats réalisés au pôle extrême-Est du pays, soit au niveau des wilayas de Souk Ahras, Oum El Bouaghi, Khenchela et Tébessa. D’autres wilayas, notamment au niveau du Sud (Oued Souf, In Salah, El Ménéa et Adrar) prennent le relais de la production afin de garantir une production tout au long de l’année. Toujours selon notre interlocuteur, une sole de 34 000 hectares est réservée actuellement à la production de la tomate, toutes variétés confondues, et cela durant les quatre saisons de l’année. Ainsi, 50% de cette production est destinée à la consommation en frais alors que l’autre moitié est écoulée pour la transformation. Aussi, 156 000 tonnes de triple concentré de tomate à 36% sont produites chaque année, alors que la production dépasse nos besoins en cette matière sachant que nos besoins nationaux en concentré de tomate sont estimés à 100 000 tonnes», nous a indiqué le président du CNIFT.

Des solutions pour remédier aux points noirs de la filière

Avec toutes les recommandations des techniciens spécialisés, les exploitants agricoles sont arrivés à maîtriser tous les stades de l’itinéraire technique de la culture, tels que l’adaptation d’engrais spécifiques à la culture de tomate, l’utilisation des variétés à haut potentiel génétique adaptable aux spécificités des zones de production, la généralisation des techniques d’irrigation économisatrices d’eau (goutte à goutte), une bonne introduction de la mécanisation de la plantation à la récolte pour réduire les charges à l’hectare, ainsi que la maîtrise et la gestion de la couverture phytosanitaire. Par ailleurs, il faut savoir que l’implication des instituts, de l’université et d’autres structures pour la recherche et développement afin de répondre aux différents problèmes (gestion de l’eau, de la fertilisation,etc.) a été d’un grand soutien aux efforts des agriculteurs. Enfin, la rareté de la main-d’œuvre notamment saisonnière et le non-accès aux crédits de campagne continuent de handicaper, plus ou moins, le développement de cette spéculation stratégique. En somme, ce sont des préoccupations similaires à l’ensemble des filières agricoles en Algérie. En outre, lorsqu’on aborde la question de la surproduction, on ne peut pas ignorer les capacités et les moyens limités de l’agro-industrie, notamment durant la saison estivale qui s’étale de la mi-juin à fin août de chaque campagne, selon lesquels toute leur production ne trouve pas preneur, et que des quantités importantes sont parfois gaspillées. Afin de remédier à ce point noir de la filière, M.Mazouzi préconise des solutions à court et moyen terme, en optant pour la multiplication du nombre des usines de transformation, qui sont présentement au nombre de 30, et assurer une répartition sensée à travers les différents pôles de production au niveau national et aussi cibler des unités de petite taille de 500 à 600 tonnes/jour. D’ailleurs, il faut savoir qu’environ 75% des usines de transformations en activité sont implantées dans les régions Est du pays, et cela est incompatible avec la politique du pays en matière d’équilibre régional dans le développement de l’investissement.

Rabah Karali