Le secteur du stockage et de la distribution des produits pétroliers en Algérie s’apprête à connaître une profonde mutation. Un projet de décret exécutif, récemment examiné par le Gouvernement, vise à introduire plus de concurrence et de transparence dans ce domaine
stratégique. Cette réforme intervient dans un contexte de croissance soutenue de la consommation nationale d’hydrocarbures.
Les données révélées par l’Autorité de régulation des hydrocarbures (ARH) témoignent d’une augmentation significative de la consommation des produits pétroliers. Sur les onze premiers mois de 2024, le volume total a atteint 17,7 millions de tonnes, soit une progression de 5,4% par rapport à la même période de 2023 où la consommation s’établissait à 16,8 millions de tonnes.
Cette hausse se décline de manière différenciée selon les produits. Le gasoil, carburant le plus consommé, a vu sa demande croître de 6,4% pour atteindre 10,10 millions de tonnes. L’essence n’est pas en reste avec une augmentation de 5,6%, portant la consommation à 3,26 millions de tonnes. Le GPLc poursuit également sa progression avec une hausse de 4,3%, dépassant 1,66 million de tonnes.
Le secteur aérien contribue à cette dynamique avec une consommation de kérosène en hausse de 6,8%, atteignant 610.000 tonnes. Le transport maritime n’est pas en reste, affichant une progression de 8% avec 330.000 tonnes de carburant consommées. Ces chiffres, selon Rachid Nedil, président de l’ARH, reflètent la dynamique économique du pays.
Dans ce contexte de demande croissante, le nouveau cadre réglementaire vise à structurer un marché qui compte actuellement treize acteurs, dont Naftal, l’opérateur historique. Le texte prévoit notamment une organisation plus rationnelle des stations de distribution, tenant compte des spécificités régionales et de critères précis d’implantation.
L’attractivité du marché algérien ne se dément pas. Plusieurs majors internationales, dont ExxonMobil et Chevron des États-Unis, ainsi que Sinopac de Chine, ont manifesté leur intérêt pour des investissements dans le pays. Des négociations « très avancées » sont en cours avec Sonatrach, laissant présager une diversification des partenariats dans le secteur.
La reconnaissance internationale du savoir-faire algérien en matière de régulation énergétique s’est récemment traduite par l’élection de l’ARH à la vice-présidence de l’Association des régulateurs d’énergie méditerranéens (MEDREG). Cette nomination, intervenue lors de la 38e assemblée générale à Bruxelles en décembre 2024, consolide le rôle stratégique de l’Algérie dans la région méditerranéenne pour la période 2024-2026.
Face à cette croissance soutenue de la consommation, l’ARH appelle à une rationalisation de l’usage des carburants. L’objectif est double : préserver les ressources nationales et maximiser les exportations d’hydrocarbures, source majeure de devises pour l’économie algérienne. Un équilibre délicat à trouver entre satisfaction de la demande intérieure et optimisation des revenus d’exportation.
H.M