Par Yacine Merzougui
Le bulletin officiel de la cote du 19 décembre 2024, émis par la Société de Gestion de la Bourse des Valeurs d’Alger, offre un aperçu révélateur de l’état actuel du marché boursier algérien. Ce document, riche en informations, met en lumière les défis et les opportunités qui caractérisent cette place financière en développement.
L’indice DZAIRINDEX, baromètre de la santé du marché, affiche une légère baisse de 0,12%, s’établissant à 3 558,19 points. Cette variation minime reflète une certaine stabilité, mais aussi un manque de dynamisme qui pourrait inquiéter les investisseurs. La capitalisation boursière, s’élevant à 518 549 857 985 dinars algériens, reste modeste pour une économie de la taille de l’Algérie, soulignant le potentiel de croissance inexploité de ce marché.
L’activité globale de la journée reflète un marché peu animé. Le marché des titres de capital n’a enregistré qu’une seule transaction, portant sur un volume de 191 actions pour une valeur de 443 120 dinars. Cette unique transaction concerne le titre BIO, qui a connu une baisse de 1,27%, passant de 2 350 à 2 320 dinars. Ce faible niveau d’activité soulève des questions sur la liquidité et l’attractivité du marché pour les investisseurs particuliers et institutionnels.
Le compartiment principal, qui regroupe les valeurs les plus importantes, présente un tableau contrasté. Outre BIO, quatre autres titres sont listés : ALL, AUR, CPA et SAI. Cependant, aucun de ces titres n’a enregistré de transaction lors de la dernière séance, leurs cours restant inchangés par rapport aux séances précédentes. Cette stagnation pourrait s’expliquer par un manque d’intérêt des investisseurs ou par une rétention des titres par les actionnaires actuels.
Le compartiment Croissance, destiné aux entreprises en développement, n’affiche qu’un seul titre, AOM, qui n’a également enregistré aucune transaction. Cette situation met en évidence les difficultés rencontrées par la Bourse d’Alger pour attirer de nouvelles entreprises et diversifier son offre d’investissement.
En revanche, le marché des valeurs du Trésor semble plus actif, avec une transaction significative sur le titre O151238. Cette opération, portant sur un volume de 4 000 titres pour une valeur de 3 535 240 000 dinars, représente la majeure partie de l’activité du jour. La baisse importante du cours de ce titre (-11,555%) est très incompréhensible et pourrait refléter des ajustements dans les anticipations des investisseurs.
L’encours global des obligations d’État (OAT) s’élève à 1 368,387 milliards de dinars, soulignant l’importance du financement public dans l’économie algérienne. Ce chiffre contraste fortement avec l’absence d’encours pour les obligations d’entreprises, mettant en lumière le développement limité du marché obligataire privé.
Plusieurs facteurs peuvent expliquer cette situation du marché boursier algérien :
- Un cadre réglementaire en évolution : Les autorités algériennes continuent de travailler sur l’amélioration du cadre juridique et réglementaire pour rendre le marché plus attractif et sécurisé.
- Une culture boursière embryonnaire : Le grand public et de nombreuses entreprises algériennes restent peu familiers avec les mécanismes boursiers, limitant ainsi la participation au marché.
- La prédominance du secteur public : L’économie algérienne reste largement dominée par les entreprises publiques, dont peu sont cotées en bourse.
- Des alternatives d’investissement concurrentes : Le marché immobilier et l’épargne bancaire traditionnelle restent des options privilégiées par de nombreux investisseurs algériens.
- Un contexte économique challengeant : Les incertitudes liées à la transition économique de l’Algérie peuvent freiner l’enthousiasme de certains investisseurs.
Malgré ces défis, la Bourse d’Alger présente un potentiel de développement important. Les autorités algériennes ont exprimé à plusieurs reprises leur volonté de dynamiser ce marché, le considérant comme un levier essentiel pour la diversification de l’économie et le financement des entreprises.
Pour stimuler l’activité boursière, plusieurs pistes pourraient être explorées :
Encourager l’introduction en bourse de grandes entreprises publiques performantes.
Développer des campagnes de sensibilisation et d’éducation financière auprès du grand public.
Mettre en place des incitations fiscales pour les entreprises cotées et les investisseurs.
Faciliter l’accès des PME au marché boursier, notamment via le compartiment Croissance.
Moderniser les infrastructures techniques et les systèmes de trading pour améliorer l’efficience du marché.
En somme, la Bourse d’Alger, bien que confrontée à des défis significatifs, représente un outil potentiellement puissant pour le développement économique de l’Algérie. Son évolution dans les années à venir sera un indicateur important de la transformation du paysage financier et économique du pays. Les efforts conjugués des autorités, des entreprises et des investisseurs seront importants pour faire de ce marché un véritable moteur de croissance et de création de richesse pour l’économie algérienne.