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lundi, janvier 13, 2025

Trafiquants de drogue locaux et sud-américains s’unissent  Le Maroc, un hub de la cocaïne à destination de l’Europe

Le trafic de cocaïne du Maroc vers l’Espagne monte en flèche. Les alliances scellées entre les organisations criminelles marocaines versées dans le trafic de haschich et les cartels internationaux de narcotrafic ont facilité le passage de la cocaïne à l’intérieur et à l’extérieur du Maroc sur des centaines de «narcolanchas» (petits bateaux appelés go fast).

Ce trafic très lucratif pour le Maroc, fait du royaume la nouvelle route du trafic de la cocaïne vers les côtes espagnoles, qui est ensuite est acheminée dans toute l’Europe, après les nouvelles mesures de surveillance prises par les grands ports européens sur les expéditions directes en provenance d’Amérique latine.

Une enquête du journal ibérique «El Español» a retracé la nouvelle route de la cocaïne vers les côtes de l’Andalousie, de Guadalquivir et les îles Baléares depuis les ports marocains comme Tanger, où une grande partie de la drogue arrive de Colombie et d’Equateur via le golfe de Guinée et les pays africains du Sahel.

Les informations rapportées par le journal espagnol confirment que le royaume chérifien est devenu un hub de la cocaïne avec les niveaux record des saisies de drogue en Europe en provenance de ce pays.

Auparavant, les organisations du trafic international de cocaïne utilisaient les côtes du Cap Gibraltar, plaque tournante et de transit de ces stupéfiants, pour expédier leurs cargaisons en Espagne, à la limite des frontières, mais la forte pression et les contrôles policiers ont asséché cette route.

Maintenant, de petits bateaux chargés de haschich, mais aussi de cocaïne en provenance de pays sud-américains partent des ports marocains, où les réseaux de narcotrafic bénéficient de beaucoup de facilités et d’impunité, a révélé «El Español», faisant part des inquiétudes de la forte augmentation de la violence liée aux groupes de narcotrafiquants.

La première route confirmée par où est introduite la cocaïne le long de la côte andalouse a été celle du Guadalquivir, où plus de 50 tonnes de cocaïne sont introduites par son port chaque année, a noté encore «El Español».

Cela a commencé après l’établissement de relations entre les clans locaux, qui étaient et sont toujours spécialisés dans le commerce de haschich, avec les organisations criminelles de trafic de cocaïne.

Les clans liés à la redoutable organisation criminelle marocaine «Mocro Maffia», ont fortement contribué à cette alliance entre trafiquants de cannabis et ceux de la cocaïne.

Des rapports d’institutions de l’Union européenne chargées de la lutte contre les stupéfiants ont démontré que cette mafia a même développé et élargi ses activités pour se consacrer au trafic de la cocaïne, plus rentable et plus lucratif.

Ayant à son actif plusieurs assassinats et divers actes de violence, la «Mocro Maffia» – dont les membres sont originaires de la communauté marocaine établie en Europe – a étendu ses tentacules dans de larges territoires en Europe en recourant à la violence, dont les armes à feu et les explosifs pour éliminer ses rivaux des clans concurrents. Là où la diaspora marocaine est plus ancrée, la Mocro Maffia est très présente. Aux Pays-Bas, elle a même menacé la famille royale, des politiciens et réussi à infiltrer la police locale et l’administration.  Cette année à Rotterdam, il y a eu plus de 50 attentats à l’explosif, a alerté «El Español».

Les ports marocains sont devenus le point du départ-clé pour l’acheminement de la «poudre blanche» vers l’Europe et l’Asie. Et comme la production de cocaïne n’a cessé d’augmenter, les maffias se livrent des batailles sans merci pour l’écouler.

L’augmentation et la prospérité de ce trafic sont également encouragées par les facilités octroyées par de hauts responsables et dignitaires marocains et les larges réseaux de corruption.

En avril dernier, par exemple, au port de Tanger, 60 kilos de cocaïne ont été saisis dans une cargaison en provenance d’Equateur. 

Selon l’enquête d’«El Español», les mêmes clans marocains qui contrôlent la logistique du haschisch utilisent ce même canal pour expédier la cocaïne. Cela signifie que des quantités considérables de cocaïne s’accumulent dans des caches dans le nord du pays et doivent être acheminées vers l’Europe.

Récemment, les agents de la Garde civile espagnole ont intercepté un bateau de drogue chargé de cocaïne en face des falaises du parc naturel de Breña de Barbate. 

Les agents ont réussi à mettre la main sur une cargaison de 772 kilos de cocaïne, qui a été abandonnée par les trafiquants après avoir remarqué la présence des forces de l’ordre.

L’équipage a pris la mer et les trafiquants qui se trouvaient à terre ont réussi à s’enfuir, abandonnant la voiture qui devait servir au transport de la drogue. A l’intérieur du véhicule, deux armes ont été trouvées par les agents de la Garde civile. 
«La guerre que se livrent les trafiquants n’est pas sans risques et ceux qui ont peur de se faire doubler ou se faire voler une cargaison n’hésitent pas à utiliser des armes de guerre pour défendre leur business», fait remarquer «El Español».

La combinaison du trafic de cocaïne avec celui de hachich, du fait des échanges qui ont lieu entre les organisations criminelles internationales des deux côtés de l’Atlantique est si lucrative que les trafiquants n’hésitent pas à louer très cher les services de bateliers et d’équipages de transport maritime.

Hamid Mecheri

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