Stratégie de développement de l’aquaculture et de la pêche

L’objectif est d’atteindre 10 000 tonnes en 2024 et 100 000 tonnes à l’horizon 2030 

0

Le Premier ministre, M. Nadir Larbaoui, a présidé, jeudi dernier, une réunion du gouvernement consacrée à l’examen de textes de loi et à la présentation d’exposés relatifs à plusieurs secteurs, dont la production halieutique. Dans le cadre du suivi de la mise en œuvre des orientations du président de la République relatives au développement de la production halieutique, le gouvernement a entendu une communication sur la stratégie de développement de l’aquaculture et de la pêche à l’horizon 2030, visant à améliorer l’approvisionnement du marché national en produits de la pêche, contribuant ainsi au renforcement de la sécurité alimentaire, ainsi que l’examen des moyens de renforcement du cadre réglementaire lié aux modalités d’exercice de l’activité de pêche, notamment dans ses aspects relatifs à l’encouragement de la pêche en haute mer et la mise en place d’un nouveau cadre régissant les zones de pêche.

A la conquête de nouvelles zones de pêche

Il est indiscutable que l’Algérie tente d’augmenter sa production halieutique, en diversifiant et développant de nouvelles activités et créneaux dans le secteur de la pêche. Dans ce contexte, s’agissant de sa stratégie à l’horizon 2030, le gouvernement table sur la pêche en haute mer et l’aquaculture pour atteindre son objectif ambitieux, à savoir une production annuelle de 200 000 tonnes. Ainsi, la pêche en haute mer est une option stratégique pour le ministère afin d’augmenter la production nationale et d’aller à la conquête de nouvelles zones de pêche. Il est même question de consultations qui sont en cours avec une importante délégation mauritanienne présente à la 9e édition du Salon international de la pêche et de l’aquaculture (SIPA), qui s’est tenu au Centre des conventions «Mohamed Benahmed» d’Oran, et qui concernent la pêche dans les eaux territoriales de ce pays. Un plan de travail sera bientôt fixé par les deux parties afin de se lancer dans ce créneau. Dans sa stratégie, la tutelle travaille à la diversification des partenariats avec des étrangers leaders dans l’aquaculture, notamment l’élevage de la crevette d’eau douce. Par ailleurs, un projet de partenariat avec le Venezuela est d’ailleurs en perspective, alors que les deux parties ont abordé les possibilités d’échanges dans le domaine de la gestion des ports, de la recherche scientifique, de l’importation et de l’exportation de produits aquacoles. Du reste, il faut noter que la feuille de route adoptée par le secteur a commencé à donner des résultats satisfaisants. En effet, durant les 11 mois de 2023, la production halieutique nationale a été estimée à près de 112 000 tonnes, soit une croissance de 2% par rapport à la même période de l’année précédente.

Quid de l’aquaculture marine ?

Pour ce qui est de l’aquaculture marine, notre pays affiche un potentiel de production de 120 000 tonnes. Cependant, malgré les efforts consentis par les autorités, la production actuelle oscille entre 6000 et 7000 tonnes. Des projets sont néanmoins en cours pour booster cette production, avec l’objectif de la doubler d’ici 2030, pour atteindre 100 000 tonnes. Cet objectif de production est possible car, selon M. Farid Harouadi, inspecteur général auprès du ministère de la Pêche et des Productions halieutiques, le secteur compte pas moins de 196 projets aquacoles inscrits, dont 70 sont en cours de réalisation. On recense entre 1 et 3 projets par wilaya, et jusqu’à 5 dans certaines d’entre elles, précise-t-il. Les projets déjà entrés en production ont permis de faire passer la production aquacole marine de 3000 tonnes en 2022 à 6000 tonnes aujourd’hui. «En deux ans, nous avons doublé la production, ce qui est un bon signe», souligne M. Harouadi, qui ajoute : «L’objectif est d’atteindre 10 000 tonnes en 2024 et 100 000 tonnes en 2030». «C’est une stratégie opérationnelle», affirme l’inspecteur général. «Nous avons le nombre de projets inscrits, en cours et pour lesquels les investisseurs ont mis le paquet. Pourquoi ? Parce que les projets aquacoles sont les projets les plus rentables au monde. Il y a 500 milliards de dollars de bénéfices dans l’activité aquacole dans le monde. Avec son potentiel, l’Algérie doit aller dans ce sens».

L’Algérie occupe les premières places en matière de projets aquacoles dans le bassin méditerranéen

La feuille de route du ministère de la Pêche et des Productions halieutiques concernant la Stratégie nationale pour l’économie bleue (SNEB) à l’horizon 2030 s’articule autour de l’approche globale de développement des activités maritimes et littorales en Algérie. Le renforcement du tissu entrepreneurial national, la gestion durable des ressources, l’inclusion sociale, en particulier des femmes et des jeunes, et la protection de l’environnement font partie intégrante de cette stratégie. Dans une récente intervention sur la chaîne 1 de la radio algérienne, le Directeur du suivi des activités de pêche maritime, de l’aquaculture et de la réglementation des produits de la pêche au ministère de la Pêche maritime et des Produits de la pêche, Abderrahmane Hentour, a fait savoir que l’Algérie occupe les premières places en matière de projets aquacoles dans le bassin méditerranéen et que la main-d’œuvre dans le domaine de la pêche maritime et de l’aquaculture demeure la plus importante du bassin méditerranéen. Par ailleurs, l’invité de la radio a indiqué que l’Algérie exporte des quantités importantes de poisson vers les pays européens, dépassant les 4000 tonnes annuellement, précisant dans le même contexte que les exportations algériennes de thon ont dépassé les 27 millions de dollars au cours de l’année 2023. Aussi, M. Hentour a dévoilé que pour la première fois, des préparatifs d’exportation de carpes vers le Sénégal et le Burkina Faso sont en cours et auront lieu dans les prochaines semaines, par voie aérienne, pour un volume estimé à 10 tonnes. Dans ce sens, l’objectif de cette opération n’est pas tant la quantité, mais surtout la garantie d’un marché africain important, qui pourra encore s’élargir dans les années à venir.

Plein succès de la campagne de pêche au thon rouge

Le ministère de la Pêche et des Produits halieutiques a annoncé, le 3 juillet dans un communiqué, que l’Algérie a pêché la totalité de son quota de thon rouge vivant pour la saison 2024, estimée à 2046 tonnes, soit une augmentation de 23 tonnes par rapport à l’année 2023. Pour cette année, 34 navires battant pavillon national ont participé à la campagne de pêche de cette année, contre 32 navires l’année dernière. La campagne de pêche au thon rouge 2024 a également été marquée par la participation, pour la première fois, de l’Algérie à l’inspection internationale conjointe du thon rouge en mer Méditerranée, à travers le navire scientifique «Grine Belkacem», affilié au Centre national de recherche et de développement en pêche et aquaculture, avec un équipage composé de 3 inspecteurs. Pour la pêche maritime, ils disposent d’une formation et d’une expérience nationale et internationale, au cours desquelles ils ont effectué des inspections et des interventions dans la zone de pêche en dehors des eaux soumises à la juridiction nationale, à bord des navires de pêche au thon rouge, notamment ceux portant des pavillons étrangers. La campagne de pêche au thon rouge revêt une grande importance en raison des revenus en devises fortes qu’elle apporte à l’économie nationale. Elle est également considérée comme une opportunité annuelle pour augmenter la productivité des navires de pêche, créer des emplois et améliorer les capacités des équipages et de leurs qualifications, notamment en ce qui concerne l’activité de pêche en haute mer, qui dépend de la production halieutique. Pour rappel, la Commission internationale pour la conservation des thonidés de l’Atlantique (ICCAT) a décidé d’augmenter à 2046 tonnes le quota de l’Algérie de thon rouge pour l’année 2024, comme indiqué dans un communiqué du ministère de la Pêche et des Productions halieutiques.

Rabah Karali