Statistiques sur l’attractivité de l’économie algérienne

Les opérateurs économiques étrangers en Algérie (2010-2023)

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L’Algérie, en tant que plaque tournante stratégique en Afrique du Nord, attire de plus en plus d’opérateurs économiques étrangers. Ces acteurs internationaux non seulement enrichissent le paysage économique du pays, mais contribuent également à la diversification et à la modernisation des secteurs d’activité.

Par Yacine Merzougui

Cet article se penche sur l’évolution des nationalités des gérants et dirigeants étrangers actifs en Algérie entre 2010 et 2023, en analysant les tendances marquantes qui se dégagent des statistiques.

Une répartition diversifiée des nationalités

  1. Evolution des personnes morales

Il a fallu attendre l’année 2022 pour pouvoir déceler un recul net de l’influence française sur l’économie algérienne, tous secteurs confondus. La présence française est descendue de 20,22% à seulement 12,78% par rapport à l’ensemble des opérateurs économiques étrangers opérant en Algérie.

  • 2010 : La nationalité française se démarque avec 20,22% des gérants de personnes morales, suivie par les Syriens (12,26%) et les Chinois (9,8%).
  • 2013 : La présence française demeure forte avec 21,65%. Les Syriens et les Chinois conservent leur position, tandis que les Turcs commencent à émerger avec 7,39%.
  • 2015 : On observe une légère baisse de la part française à 20,21%, avec une stabilisation des Syriens à 11,80% et l’apparation plus marquée des Turcs (8,37%).
  • 2018 : La dominance de la France poursuit sa tendance à la baisse, atteignant 18,41%, tandis que les Turcs affichent 10,30% et les Chinois 8,93%.
  • 2020 : Les Turcs prennent plus d’importance avec 11,07%, mais les Français restent significatifs à 15,56%.
  • 2022 : Pour la première fois, les Turcs prennent la tête avec 13,95%, suivis de près par les Français (13%).
  • 2023 : Les Turcs continuent à dominer avec 13,98%, mais les Chinois et les Français restent également présents avec 12,78% et 12,48% respectivement.
  • Profil des personnes physiques

Les nationalités des opérateurs économiques individuels montrent des variations intéressantes au fil des ans :

  • 2010 : Les Tunisiens dominent avec 31,14%, suivis des Marocains (25,55%) et des Syriens (16,54%).
  • 2013 : Les Tunisiens restent en tête avec 27,46%, les Syriens gagnent en nombre (25,42%), tandis que les Marocains chutent à 17,63%.
  • 2015 : Une augmentation des Syriens à 27,93%, après une légère baisse des Tunisiens à 26,72%.
  • 2018 : Les Syriens atteignent 30,06%, tandis que les Tunisiens restent à 25,73%.
  • 2020 : Les Syriens se renforcent encore avec 31,57%, laissant les Tunisiens à 25,38%.
  • 2022 : Les Syriens sont toujours en tête à 30,89%, avec une baisse légère des Tunisiens à 24,85%.
  • 2023 : Les tendances se stabilisent avec les Syriens à 30,95% et les Tunisiens à 24,68%.

Les secteurs d’activité

Les opérateurs économiques étrangers sont principalement actifs dans les secteurs de la production de biens et des services. L’attrait pour ces secteurs se traduit par la volonté d’apporter des solutions innovantes, des technologies avancées et des méthodes de gestion modernes. Production de biens : Le secteur continue de représenter une part significative d’investissement, témoignant des efforts pour renforcer la capacité industrielle nationale. Services : Une part croissante des entreprises étrangères choisit de se concentrer sur les services, répondant aux besoins d’un marché en évolution rapide.

    Formes juridiques des entreprises

    La prédominance des formes juridiques joue un rôle clé dans la façon dont les entreprises étrangères s’organisent. La Société à responsabilité limitée (SARL), par exemple, est devenue la forme juridique la plus courante, favorisant la protection des associés tout en offrant une flexibilité opérationnelle. En 2023, la SARL continue d’être la forme juridique de choix pour les opérateurs économiques étrangers, facilitant ainsi leur intégration dans le tissu économique algérien.

    Conclusion

    Entre 2010 et 2023, les opérateurs économiques étrangers ont non seulement accru leur présence en Algérie, mais ont également diversifié leurs origines nationales et leur impact sur l’économie locale. La France, la Turquie et la Syrie se distinguent comme des partenaires essentiels, tandis que des pays comme la Chine continuent de renforcer leur position.
    La dynamique actuelle indique un marché en mutation, où les motivations des investisseurs sont façonnées par des facteurs économiques, politiques et culturels. L’Algérie doit continuer à créer un environnement propice à ces investissements afin de maximiser les bénéfices d’une telle synergie économique, favorisant à la fois la croissance et le développement durable.

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    Croissance des enregistrements des commerçants étrangers

    L’évolution du nombre total d’opérateurs économiques étrangers inscrits au registre du commerce en Algérie entre 2010 et 2023 présente un tableau complexe et révélateur des dynamiques économiques en jeu. Cette analyse met en lumière des tendances marquées qui méritent une attention particulière, oscillant entre phases de croissance soutenue et périodes d’ajustements stratégiques. En s’appuyant sur des données statistiques claires, il est possible d’observer non seulement l’augmentation significative du nombre d’entrepreneurs étrangers, mais aussi les fluctuations impactées par divers facteurs tels que les conjonctures économiques et politiques. Ces mouvements témoignent de l’attractivité variable du marché algérien, tout en soulignant les défis que doivent relever les investisseurs. En examinant ces changements sur une période de plus d’une décennie, nous pouvons mieux comprendre les évolutions du paysage économique du pays et les implications pour son développement futur.

    AnnéeSociétéP. physiqueTotal
    2010645918508309
    20138459220710666
    20159715232412039
    201811537251514052
    202012390264815038
    20227692259610288
    20238123268210805

    Evolution des opérateurs étrangers

    1. 2010-2015 : Une croissance continue
      Entre 2010 et 2015, on observe une croissance constante des opérateurs étrangers, tant pour les personnes morales que pour les personnes physiques. Le nombre total d’opérateurs passe de 8309 à 12039 en seulement cinq ans, illustrant un intérêt croissant pour le marché algérien. La création de nouvelles entreprises et l’augmentation des investissements sont des témoins de cette dynamique.
    2. 2015-2020 : Période de solidification
      De 2015 à 2020, la tendance à la hausse se poursuit, atteignant un total de 15038 opérateurs en 2020. Cela reflète une consolidation du marché avec une augmentation des sociétés établies par rapport aux personnes physiques. Le nombre de sociétés s’élève à 12390, montrant une maturation du tissu économique.
    3. 2020-2022 : Ajustement et recul
      Cependant, 2022 marque une chute notable avec seulement 10288 opérateurs inscrits, un constat alarmant qui peut être attribué à plusieurs facteurs, notamment l’impact économique global dû à la pandémie de Covid-19, les fluctuations des prix des hydrocarbures, et surtout la politique de surveillance accrue des fraudeurs qui, pendant des années, nourrissaient les comptes à l’étranger par la surfacturation. D’autant plus, le nombre de sociétés diminue à 7692, tandis que le nombre de personnes physiques se maintient relativement stable.
    4. 2022-2023 : Une légère remontée
      En 2023, on observe une légère remontée avec 10805 opérateurs, souvent vue comme un signe de reprise et d’optimisme au sein du secteur privé. Le nombre de sociétés augmente à 8123, tandis que le nombre de personnes physiques s’établit à 2682, confirmé par un regain d’intérêt pour l’investissement étranger.

    Analyse des catégories d’opérateurs

    Sociétés vs. personnesphysiques

    1. Personnes morales : D’un format plus structuré, elles représentent la part la plus importante des inscrits, atteignant des sommets à partir de 2015. Leur prédominance en 2020, avec plus de 12000 sociétés, indique une préférence pour des entités qui peuvent engager plus facilement des ressources et s’adapter aux exigences réglementaires.
    2. Personnes physiques : Bien que leur nombre soit significativement inférieur, la stabilité relative de leurs chiffres par rapport aux sociétés démontre un intérêt continu pour le monde des affaires, particulièrement dans des segments de marché plus agiles ou nécessitant moins d’investissements initiaux.

    Impacts de ces tendances sur l’économie algérienne

    L’intégration de ces opérateurs économiques étrangers est essentielle pour dynamiser l’économie algérienne. La diversification des investitures dans différents secteurs, notamment en matière de technologie et de services, conduit inévitablement à des transferts de compétences et à des améliorations en matière d’innovation. La remontée observée en 2023 pourrait signaler un retournement de tendance, dans la mesure où les conditions économiques s’améliorent. L’Algérie devra continuer à faciliter l’entrée des investisseurs étrangers par des réformes structurelles et la simplification des processus administratifs. La création d’un environnement propice est cruciale pour tirer pleinement parti des avantages que ces opérateurs peuvent apporter. L’évolution du paysage des opérateurs économiques étrangers en Algérie, marquée par des chiffres en constante évolution entre 2010 et 2023, révèle des opportunités ainsi que des défis. Alors que des périodes de croissance se succèdent à des phases d’ajustement, la vigilance et la proactivité des décideurs seront cruciales pour capitaliser sur ce potentiel et stimuler une dynamique de croissance durable. En attirant des acteurs diversifiés et en favorisant une coopération fructueuse, l’Algérie peut s’inscrire dans un processus de développement économique inclusif et durable.
    Y.M.