Alors que le monde devient de plus en plus numérisé, la menace de la cybercriminalité continue de croître. Du vol d’identité à petite échelle aux violations de données à grande échelle, le piratage peut avoir de graves conséquences pour les individus, les entreprises et la société dans son ensemble.
Il ne s’agit pas seulement de fraudes financières, mais il y a eu une augmentation du nombre de cas de cyberintimidation, de menaces et de publication de contenus obscènes à caractère sexuel ou pédophile à l’encontre des femmes et des enfants.
A l’ère de la transformation numérique, les statistiques de la Gendarmerie nationale (GN) sur la cybercriminalité affichent un rythme croissant pour les trois dernières années.
En effet, les cas de la «cyberdélinquance» (entre plaintes des victimes et signalisations) ont augmenté de 38,30 % l’année dernière, passant de 2838 affaires en 2021 à 4600 affaires en 2022.
Uniquement pour la période de janvier et début février 2023, plus de 500 affaires liées à ce crime ont été signalés, a alerté hier le commandant Deramchia Farid, spécialiste dans la lutte contre la cybercriminalité à la Gendarmerie nationale.
Les cyberattaques ciblent majoritairement la vie privée et les données personnelles des personnes, atteignant en 2022 des chiffres significatifs (entre 65 et 75% des affaires traitées par les éléments de la GN).
Le reste des affaires traitées est lié au piratage d’ordinateurs, réseaux informatiques ou appareils mis en réseau, en plus de cas touchant à la sûreté et l’ordre publics.
«Cependant, j’insiste de préciser que ce n’est pas la cybercriminalité en elle-même qui est en progression, mais je dirais qu’il y a de gros efforts menés par les services de sécurité et notamment de la part du commandement de la GN dans la sensibilisation des citoyens grâce au travail de proximité et à travers les différents supports de médias afin d’inciter les citoyens victimes de tels délits à déposer plainte auprès des juridictions compétentes», a précisé le commandant Deramchia Farid, sur la chaîne 1.
Il notera que la lutte contre la cybercriminalité «ne pourrait être efficace à 100% sans l’implication du citoyen, qui demeure un élément pivot dans le processus de sécurité».
Selon le même interlocuteur, la hausse des affaires liées à la cybercriminalité est due à la prise de conscience grâce aux campagnes de sensibilisation que mènent régulièrement les différents détachements de la GN, ce qui se traduit par l’augmentation des personnes qui portent plainte.
Mais pas que : «Cela n’empêche pas de dire que la hausse continue de la cybercriminalité est aussi encouragée par la généralisation d’internet avec de plus en plus de personnes connectées et constamment en ligne. Le crime est passé ainsi dans le cyberespace», a-t-il décortiqué.
Selon M. Deramchia, les crimes cybernétiques sont bien définis et énumérés dans l’article 2 de la loi n° 09-04 du 14 Chaâbane 1430 correspondant au 05/08/2009 portant règles particulières relatives à la prévention et à la lutte contre les infractions liées aux technologies de l’information et de la communication.
Mais le terme de cybercriminalité est très large, suscitant souvent des incompréhensions se traduisant par une méconnaissance ou une interprétation erronée auprès de certains citoyens.
C’est le cas par exemple pour les personnes qui partagent ou republient, naïvement ou sans avoir l’intention de nuire, certains contenus jugés offensants, criminels ou inappropriés par la loi, a cité l’interlocuteur, qui précise que cela n’exempte pas l’auteur de tels comportements à des poursuites judiciaires.
«C’est pour cela que de telles affaires sont transférées aux juges pour les traiter. C’est la raison pour laquelle les forces de sécurité, y compris la GN, travaillent en étroite coordination avec la justice et notamment les procureurs de la République», a-t-il souligné.
Dans le chapitre lié à la cybercriminalité touchant les mineurs, le même interlocuteur a indiqué que ces affaires sont également en hausse : 193 cas traités en 2021 contre plus de 200 cas en 2022.
Citant plusieurs dangers auxquels les mineurs sont exposés (chantage, menaces de publication de photos personnelles, piratage de données), il a insisté sur le contrôle parental des enfants, car ces derniers sont une proie facile pour les cybercriminels.
«On dit toujours qu’un enfant naviguant sur le monde virtuel, même s’il est dans sa chambre à la maison, est un enfant dans la rue. Il pourrait être constamment victime d’un malfaiteur ou criminel, et cela, même si cet enfant utilise un faux profil ou faux compte», a-t-il insisté.
Hamid Mecheri