L’Algérie s’est engagée à augmenter le nombre de stations de dessalement de l’eau de mer afin de lutter contre la sécheresse qui sévit dans le pays. Selon Sofiane Zemiche, Directeur du développement d’Algeria Energy Company (AEC), filiale de Sonatrach, le nombre de stations sera porté à 19 d’ici la fin de 2024.
Cette décision intervient alors que les sécheresses deviennent plus fréquentes et plus longues dans le monde en raison notamment du changement climatique et d’une mauvaise gestion de l’eau. Selon une récente étude de l’Institut universitaire des Nations unies pour l’eau, l’environnement et la santé, la moitié des pays du monde souffriront d’une pénurie d’eau d’ici 2050.
Le plan de mise en service de stations de dessalement d’eau de mer est réparti en trois programmes. Le premier programme a déjà permis la mise en service de 11 usines de dessalement le long de la côte, avec une capacité de production de 2,11 millions de m3 par jour. Trois autres usines ont été achevées dans le cadre d’un plan d’urgence, avec une capacité de production totale de 70 000 m3 par jour.
Le deuxième programme est en cours d’exécution, avec la construction de cinq nouvelles stations de dessalement dans les wilayas d’El Tarf, Béjaïa, Boumerdès, Tipasa et Oran. Une fois terminées, ces stations ajouteront une capacité de production de 1,5 million de m3 par jour.
Le dessalement de l’eau de mer est un processus complexe qui passe par cinq étapes, explique M. Zemiche. Les stations de dessalement d’eau de mer ont une durée de vie de 25 ans, ce qui nécessite un entretien minutieux pour assurer leur efficacité. Les autorités compétentes effectuent également des analyses périodiques de l’eau dessalée pour garantir sa qualité et la sécurité des consommateurs.
Le coût de production de l’eau dessalée est relativement élevé, avec un coût de 0,65 à 0,85 dollar (91 à 120 DA) le m3. Cependant, l’Algérie considère cette dépense comme un investissement nécessaire pour assurer la sécurité hydrique du pays, en particulier face à la diminution attendue des précipitations dans la région.
L’Algérie a élaboré un plan stratégique d’investissement dans le dessalement de l’eau de mer le long de sa grande bande côtière, suivant l’exemple de nombreux pays dans le monde qui disposent de plus de 21 000 usines de dessalement d’eau de mer. Ce plan vise à atteindre un approvisionnement en eau potable de 42% à court terme et de 60% à moyen terme, en utilisant également de manière optimale les barrages et les nappes phréatiques pour assurer la sécurité hydrique du pays.
En janvier 2023, le président de la République, Abdelmadjid Tebboune, a ordonné, lors d’une réunion du Conseil des ministres, la généralisation des stations de dessalement de l’eau de mer le long de la bande côtière. Cette décision vise à faire face aux répercussions de la situation climatique difficile que traverse actuellement le monde.
M. Tebboune a également donné des instructions pour mobiliser les services de l’Intérieur, des Ressources en eau, de l’Agriculture, de l’Industrie et de l’Environnement afin de créer un plan d’urgence pour économiser l’eau à l’échelle nationale et préserver la richesse hydrique souterraine.
Le président de la République a insisté sur la nécessité de relancer et mettre en service l’ensemble des projets de stations d’épuration des eaux usées à l’arrêt au niveau des wilayas pour les exploiter dans l’irrigation au lieu d’utiliser les eaux souterraines. Il a également souligné la nécessité de contrôler rigoureusement les autorisations d’exploitation des eaux souterraines destinées à l’irrigation des superficies cultivées, et d’appliquer les peines les plus lourdes à l’encontre des auteurs de forages non autorisés. M. Tebboune a également demandé la réalisation d’études scientifiques pour déterminer avec précision le volume des eaux souterraines.
En outre, M. Tebboune a souligné la nécessité pour le secteur de l’industrie de s’adapter au progrès opéré dans le domaine de l’eau et d’ériger ce segment en fondement supplémentaire de l’économie nationale. Le Président a également mis en avant la création de start-up spécialisées dans les techniques d’exploitation des eaux usées, dans le cadre de la vision de l’économie des eaux et de la sécurité hydrique.
I.K