La mise en place de la Zone de libre-échange continentale africaine (Zlecaf) pourrait accroître considérablement les échanges commerciaux interafricains dans le continent noir et stimuler la croissance, ce qui devrait contribuer à éliminer la pauvreté, a indiqué un nouveau rapport du Fonds monétaire international (FMI).
D’après les conclusions de l’institution de Bretton Woods, cette communauté économique africaine unie, devenue une réalité depuis 2018, devrait constituer un instrument puissant pour stimuler le progrès économique et réduire la pauvreté, à travers une plus grande fluidité des échanges commerciaux.
A cet égard, la Zlecaf répondra aux besoins des pays africains en termes de développement et de partenariat à travers la constitution de chaînes de valeur régionales, l’unification du paysage des politiques commerciales et le renforcement du cadre des échanges, en réduisant largement les barrières douanières (tarifaires et non tarifaires entre les pays africains).
Le rapport du FMI a énuméré les gains et profits que les pays africains pourraient tirer de cette intégration économique. La mise en œuvre de la Zlecaf entraînera d’importantes réductions des barrières tarifaires et non tarifaires entre les pays africains.
Ces réductions pourraient accroître de 15% le flux médian des échanges de marchandises entre les pays africains et de 1,25% le PIB réel médian par habitant.
Si la réduction des barrières tarifaires et non tarifaires s’accompagne d’une amélioration notable du climat des affaires, les gains pour les pays seraient nettement plus élevés.
Le FMI a estimé que des réformes globales conjuguées à la mise en œuvre de la ZLECAf pourraient augmenter le flux médian des échanges de marchandises de 53% entre les pays africains et de 15% avec le reste du monde, et de ce fait augmenter le PIB réel médian par habitant de plus de 10%.
Ce qui représente une perspective prometteuse et un potentiel énorme.
Jusqu’à présent, le commerce transfrontalier a connu une croissance relativement modeste en Afrique au cours des dernières décennies, avec une croissance limitée du commerce des marchandises et une part du commerce des services dans le PIB restant inchangée.
Les exportations du continent vers le reste du monde restent dominées par les produits de base, tandis que le commerce au sein de la région est plus diversifié et comprend une plus grande part de produits transformés.
L’intégration des économies africaines reste faible tant à l’échelle mondiale que continentale, confrontée à des problèmes tels que le paysage fragmenté des politiques commerciales, la multiplication des communautés économiques régionales, un climat des affaires peu propice, des insuffisances structurelles, notamment sur le plan des réseaux de transport, des procédures douanières et frontalières, et de l’accès aux financements.
Cela, dans oublier le poids de l’informel qui pèse lourdement sur les économies africaines et représente une contrainte majeure pour accéder à l’émergence.
D’après le FMI, le lancement de la plus grande Zone de libre-échange du monde, pour une population de 1,3 milliard d’habitants et un PIB combiné de 3000 milliards de dollars (2022), contribuerait à éradiquer la faim et la pauvreté dans le continent africain, en réduisant de 30 à 50 millions de personnes supplémentaires vivant dans l’extrême pauvreté grâce à la mise en œuvre de réformes commerciales plus libérales.
La constitution de la Zlecaf intervient à un moment où l’évolution de l’environnement mondial présente à la fois des opportunités et des difficultés pour l’Afrique.
«Une intégration plus poussée des échanges peut aider le continent à tirer parti des possibilités offertes par les évolutions technologiques et les tendances démographiques et à renforcer sa résilience face à des chocs comme le changement climatique et la fragmentation géopolitique. En particulier, une plus grande ouverture aux échanges aiderait les pays à s’adapter au changement climatique et à renforcer la sécurité alimentaire, notamment en améliorant la disponibilité et l’accessibilité des denrées alimentaires», a détaillé l’institution financière.
En plus d’éradiquer la pauvreté, la Zlecaf offre à l’Afrique l’opportunité de s’offrir un avenir meilleur pour ses enfants, notamment en matière de cadre de vie et d’emploi.
«La diversification et l’expansion des échanges pourraient atténuer les effets des perturbations sur des marchés et produits spécifiques qui peuvent résulter des changements dans la structure du commerce mondial. C’est principalement au moyen du commerce international que l’émergence de nouvelles technologies et la numérisation, conjuguées à une main-d’œuvre en croissance rapide, pourraient créer des emplois nouveaux et mieux rémunérés», a prédit le FMI.
Cependant, pour maximiser les gains potentiels d’une intégration renforcée des échanges en Afrique, le FMI recommande d’investir, tout d’abord, dans le capital physique et humain, et ensuite créer un cadre robuste sur le plan macroéconomique et du climat des affaires propice à une croissance tirée par le secteur privé.
Il s’agit également de moderniser le dispositif de protection sociale afin de soutenir les populations les plus vulnérables pendant la période de transition qui placera le contient sur une trajectoire de croissance plus élevée.
Hamid Mecheri