
Par : Hamid Si Ahmed
L’annonce par le Président Abdelmadjid Tebboun, le 5 juillet dernier, de rouvrir les frontières terrestres avec la Tunisie, et qui prendra effet vendredi 15 juillet, a affolé les compteurs. Si pour les Algériens cette décision est de loin une bouffée d’oxygène, eux qui pourront rejoindre leur destination préférée, pour les Tunisiens, c’est tout simplement une aubaine pour leur économie.
En Tunisie, le secteur touristique est le poumon de l’économie nationale, il n’y a qu’à jeter un œil sur les bienfaits que procure ce secteur stratégique, pour comprendre combien cet accord entre les deux pays donnera un nouvel élan à l’économie tunisienne. En effet, le tourisme participe en Tunisie à la création d’emploi, à l’équilibre de la balance des paiements et à la polarisation des investissements. Il contribue également au PIB avec plus de 10%. De quoi se réjouir dans l’autre camp, quant aux retombées financières attendues. Selon l’expert en économie, Abderrahmane Hadef, les deux pays ont tout à gagner et différents secteurs en seront bénéficiaires. « Au-delà de cette décision, il faut reconnaître que les deux pays sont appelés aujourd’hui à développer leur coopération et surtout d’intégration régionale, sur les aspects économiques, parce que nos deux économies sont complémentaires. Nous avons beaucoup à faire ensemble. Cette décision du Président de la république vient donner cet élan de reprise de coopération, maintenant, les communautés d’affaires sont appelées à aller sur le terrain et travailler ensemble de concert pour développer des secteurs qui sont bénéfiques aux deux pays. Je citerais à titre d’exemple le tourisme par excellence, mais il y a d’autres secteurs comme l’industrie manufacturière, tout ce qui est service et l’économie de la connaissance ». Même appréciation chez les habitants tunisiens, qui estiment à l’unanimité que cette décision est une bénédiction pour leur pays. Selon les témoignages recueillis, celui d’un citoyen de la capitale Tunis. « C’est la meilleure décision que le président Abdelmadjid Tebboun ait prise, on a attendu beaucoup pour que les deux pays se mettent d’accords sur la date de réouverture. Franchement c’est la meilleure chose qui puisse arriver à l’économie tunisienne », explique-t-il. Un autre a même confié que « C’est grâce aux algériens que l’économie tunisienne respire, donc ça ne peut qu’être une bonne nouvelle ».
9 postes frontaliers pour éviter le rush
En prévision de cette ruée algérienne vers les sites et plages tunisiennes, le ministre de l’Intérieur, des Collectivités locales et de l’Aménagement du territoire, Kamel Beldjoud, s’est rendu lundi à El Taref au niveau du poste frontalier d’Oum Teboul, et y a rencontré son homologue tunisien, Tawfik Charafeddine, dans le cadre des préparatifs entamé pour garantir l’entrée des Tunisiens en Algérie et des Algériens en Tunisie dans « d’excellentes conditions », à partir du 15 juillet prochain. Pour sa part, le Ministre tunisien de l’intérieur a affirmé, à ce propos, que toutes les conditions sont « offertes pour assurer la quiétude et le repos des citoyens durant leur déplacement vers les deux pays », assurant que la volonté et les moyens « existent et les postes frontaliers seront renforcés par tous les moyens matériels et humains afin de garantir l’accueil des citoyens 24h/24 dans les meilleures conditions ». Par ailleurs, le Ministre algérien a profité de l’occasion pour rappeler que les deux États ont pris toute la disposition pour éviter un quelconque trafic ou contrebande, un point qui reste au centre de leurs priorités. Une coordination conjointe entre les deux parties qui à coup sûr sera de bonne augure pour un déplacement dans la sérénité et la sécurité.
Les hôtels tunisiens déjà sous pression !
Selon les déclarations du Président du Syndicat national des agences de voyages, Nadir Belhadj, on s’attend du côté de la Tunisie à recevoir au moins 1 millions de visiteurs algériens. Certes, les Algériens sont désormais autorisés à se déplacer en Tunisie, mais malgré les efforts fournis par nos agences de voyages afin de garantir un séjour confortable à leurs clients, réserver une chambre peut être parfois un véritable casse-tête. En effet, toujours d’après le premier responsable du SNAV, les établissements hôteliers tunisiens affichent déjà complet à 80% , ce qui a compliqué la mission des agences algériennes. Une problématique qui ne se justifie pas uniquement par le nombre élevé d’Algérien désirant se rendre dans le pays frère, mais également par l’afflux touristique important constitué d’autres nationalités, la Tunisie étant une destination prisée par des touristes du monde entier. Néanmoins, du fait de la proximité géographique et du grand intérêt affiché par les agences et tour opérateurs algériens, des accords ont été signés entre les infrastructures tunisiennes et nos agences. Une logique confortée par le Ministre tunisien du tourisme, Mohamed Moez Belhassine, qui avait déclaré au média français « France 24 », au lendemain de l’annonce du Président Tebboun, que « La Tunisie espère un fort retour du flux touristique entre l’Algérie et la Tunisie. Les Algériens et les Tunisiens sont un seul peuple, nous allons donc prendre toutes les mesures nécessaires, et coordonner pleinement avec toutes les parties concernées, pour assurer un bon accueil des Algériens, et faire en sorte qu’ils passent leurs vacances dans les meilleures conditions ».
H.S.A.