Rencontre du président Tebboune avec les chefs de partis

La classe politique s’en félicite

0

La rencontre entre le président de la République, M. Abdelmadjid Tebboune, avec les représentants des partis politiques a été saluée par la majorité des formations conviées à cet événement. En réaction à cette première rencontre consultative, les formations qui ont répondu à l’appel de la Présidence s’en félicitent et espèrent qu’elle sera instituée comme tradition. Lors de sa rencontre avec les responsables de certains partis, a-t-on appris, «le Président a été très attentif aux propositions qui ont été formulées». Pour Mme Louisa Hanoune, Secrétaire générale (SG) du Parti des travailleurs (PT), qui avait pris part à la rencontre, «c’était une occasion pour exposer les points de vue du parti». Dans son intervention, Mme Hanoune a abordé plusieurs questions nationales, régionales et internationales. Dans un communiqué rendu public hier, le PT a informé que la SG a abordé «des questions urgentes liées au sort quotidien des Algériens et des Algériennes et à la protection de notre pays contre les dangers internes et externes, indépendamment des programmes des partis politiques ou des orientations politiques, économiques, culturelles et des lois qui les incarnent et qui doivent être corrigées, loin de la nature du système de gouvernance, les institutions devant être réformées, car ces questions nécessitent un large débat populaire afin que le peuple puisse exercer sa souveraineté, ce que représente le processus électoral de la prochaine élection présidentielle». Au niveau politique, Mme Louisa Hanoune a souligné «la nécessité de créer un climat de sérénité en levant les restrictions sur l’activité politique et en libérant totalement les médias, ainsi qu’en révisant la gestion de la publicité publique pour qu’elle soit équitable, car, actuellement, des journaux fantômes bénéficient de privilèges, tandis que de véritables journaux sont privés de ces avantages». Elle a renouvelé, par ailleurs, souligne le communiqué, «la demande de libération des détenus d’opinion et politiques» et «l’arrêt des poursuites judiciaires pour des raisons politiques». Mme Hanoune a «demandé l’abrogation de l’article 87 bis du Code pénal», lequel «ouvre la voie à la restriction voire à la criminalisation de l’activité politique, syndicale et journalistique». Sur un autre plan, la SG du PT a évoqué les condamnations des commerçants pour «spéculation». Sur ce point, elle a appelé le président de la République à user de son pouvoir en faveur de cette catégorie en les libérant. «Sur le plan social, elle a abordé le cas des 18 000 travailleurs licenciés de la Sonelgaz et les souffrances causées par les salaires impayés pour des dizaines de milliers de travailleurs du secteur économique», souligne le communiqué, ajoutant qu’elle a également insisté sur «la nécessité de renforcer le pouvoir d’achat», car «malgré les augmentations des salaires des employés, il est érodé par l’inflation, les augmentations étant insuffisantes et excluant les travailleurs des secteurs industriel et des services». Elle a également abordé la nécessité de revoir l’allocation de chômage, qui «est basée sur l’exclusion et est très temporaire», alors que «les chiffres de l’Agence de l’emploi indiquent qu’il y a 2,1 millions de chômeurs». Elle a rappelé qu’en août 2022, «la même Agence avait enregistré 4,1 millions de demandeurs d’emploi, soit 1,9 million de demandes acceptées, alors que chaque année, 240 000 diplômés universitaires rejoignent le marché du travail». «Beaucoup d’entre eux souffrent toujours du chômage et de la précarité de l’emploi, en plus des milliers de diplômés des centres de formation professionnelle», a-t-elle encore dit. Selon le même communiqué, Mme Louisa Hanoune a abordé «la guerre d’extermination menée par l’entité sioniste, avec le soutien américain et l’aide des alliés de l’administration américaine en Europe et dans les régimes arabes». A cet égard, elle a appelé à l’autorisation des manifestations populaires dans notre pays et la levée de l’interdiction faite aux étudiants de participer au mouvement estudiantin mondial, demandant «la levée des restrictions sur le droit constitutionnel d’organiser des manifestations et sur le droit des étudiants à soutenir Ghaza», rappelant que «pour nous, il ne s’agit pas seulement de soutenir le peuple palestinien, mais aussi de défendre notre propre pays, car l’entité sioniste et ses alliés, en particulier les Emirats arabes unis, complotent contre notre pays pour déstabiliser nos régions du Maghreb et du Sahel africain». Elle a souligné que «l’Etat a des devoirs et des responsabilités envers le peuple palestinien et que le peuple a également des devoirs et une part de responsabilité dans la défense de l’humanité, qui se concentre actuellement sur la défense de Ghaza et de la Cisjordanie, en particulier, et de la Palestine en général», ajoute le communiqué, exprimant, par ailleurs, «la nécessité pour notre pays de se retirer de la Ligue arabe», devenue «un repaire pour les collaborateurs et les vassaux au détriment du peuple palestinien et de toutes les populations de la région».

Ouvrir le dialogue

De son côté, Jil Jadid de Soufiane Djilali a indiqué que «c’est avec intérêt et attention que nous considérons cette première initiative de consultation collective de la classe politique en espérant qu’elle s’instituera comme une pratique régulière à l’avenir». Jil Djadid considère que «malgré 35 années de multipartisme, la pratique politique plurielle dans notre pays a encore besoin d’être accompagnée par les pouvoirs publics. Un tel espace de débat, s’il devait être conforté en tant qu’outil d’échange et de concertation, ne peut qu’augurer d’une amélioration du climat politique au bénéfice de la nation». Le parti de Soufiane Djilali a ajouté qu’en effet, «notre pays est engagé dans un processus de construction tant de ses institutions que d’une économie à même de répondre à ses ambitieux objectifs de développement», estimant qu’«aujourd’hui, l’Algérie doit relever, avec ses propres moyens, les multiples défis auxquels elle est confrontée». «Encore trop dépendante de ses partenaires économiquement, technologiquement, scientifiquement et culturellement, elle devra optimiser l’ensemble de ses moyens humains, institutionnels, diplomatiques et matériels pour concrétiser une stratégie nationale qui devrait lui permettre de renforcer sa souveraineté, sa sécurité et sa prospérité», analyse Jil Jadid, ajoutant que «notre société vit des changements très profonds qui, par conséquent, entraînent des tensions entre ses différentes composantes. C’est un moment crucial où les pouvoirs publics doivent être amenés à aider à la réalisation d’une évolution la plus sereine possible pour créer les conditions d’une cohésion nationale renforcée et une adaptation efficace de notre société aux règles de fonctionnement du nouveau monde qui émerge et qui s’imposera à tous». «Dans cette phase, ajoute Jil Jadid, le rôle des partis politiques doit être évalué et intégré dans une perspective d’organisation de la société, plurielle par essence. Celle-ci a donc besoin de divers canaux d’expression qui soient légitimes au regard de la loi. Cependant, toute tentation d’homogénéisation de la pensée par la contrainte créera une réaction de défiance et de perte de confiance des citoyens. Si l’espace de l’expression libre est réduit, alors la parole peut devenir subversive». Par ailleurs, «l’atrophie des organisations politiques et la désertification de la classe politique créent un double effet négatif : la multiplication des acteurs opportunistes et l’indifférence démobilisatrice et démoralisatrice de la nation», ajoute le parti de Soufiane Djilali, estimant que «la clarification des règles du jeu et leur respect amèneront par contre les acteurs politiques à accomplir leur devoir et à exercer leur droit dans un cadre légal et dans l’intérêt des citoyens». «Avoir des approches différentes du progrès du pays n’est pas un danger mais au contraire améliore le rendement et oblige à toujours donner le meilleur de soi», estime le parti, considérant que «le contrat social entre gouvernants et gouvernés favorisera la cohésion nationale et évitera que le discours radical et destructeur d’une opposition nihiliste puisse s’insérer dans le débat national en tant que seule parole portant les aspirations de citoyens déçus pour des raisons objectives ou subjectives».

Resserrer les rangs

Pour sa part, l’Union des forces démocratiques et sociales (UFDS) considère que «la réunion mérite d’être appréciée et félicitée. Cela s’ajoute sans aucun doute à la série d’indicateurs positifs que l’Algérie n’a cessé de connaître ces dernières années sur les plans social et économique». Dans un communiqué rendu public hier, le parti y voit «un début prometteur pour la classe politique et toutes les forces vives du pays, croyant en la nécessité de resserrer les rangs et de fortifier le front pour insuffler un nouvel élan dans la scène politique». «Il est de notre devoir de considérer les défis auxquels notre pays est confronté comme des défis qui concernent tout le monde et nécessitent les efforts concertés de tous», ajoute l’UFDS. «Tout en appréciant l’initiative du Président et sa vision éclairée, qui met en avant l’importance des institutions politiques et leur rôle central dans le développement politique et l’organisation sociale, nous réaffirmons notre profonde conviction que de telles rencontres directes sont une étape correcte sur le chemin de la reconstruction de la confiance au sein de l’espace politique. Cela devrait impliquer tous les nationalistes qui croient que la force du front intérieur nécessite d’activer le rôle de la classe politique, des acteurs de la société civile, et de continuer la communication positive entre les différentes forces croyant en un avenir prometteur pour l’Algérie et son peuple», a encore souligné le parti.

L. Hichem