
Le ministre du Commerce et de la Promotion des exportations, Tayeb Zitouni, a révélé, ce samedi, lors des travaux de la rencontre nationale des cadres de son département, sa feuille de route pour la réforme et la modernisation du secteur du commerce.
La stratégie initiée par le ministère du Commerce vise à moraliser l’administration et à valoriser les compétences pour assurer une distribution régulière et équitable des produits de large consommation, lutter contre la flambée des prix, mettre fin à la spéculation et au monopole et la résorption du marché informel.
Pour cela, le ministère va élaborer un plan de distribution qui permettra de contrôler la conformité des produits vendus, s’assurer de la transparence des pratiques commerciales des différents opérateurs et garantir une distribution équitable et régulière des produits de large consommation. Il coordonnera également avec les services du ministère de l’Intérieur pour réorienter les espaces commerciaux réalisés et résorber le marché informel.
Le ministère va également prendre des mesures strictes pour mettre un terme aux infractions répétées enregistrées sur le marché national, telles que le non-affichage des prix, le non-respect de l’hygiène et de la santé publique, tout en renforçant les mécanismes de lutte contre les pratiques commerciales illégales, notamment la spéculation illicite.
Le ministre a également souligné la nécessité de prendre en considération la fixation des prix, notamment ceux des produits importés. Après examen des prix de certains produits, l’on constate des marges bénéficiaires injustifiées et inacceptables, en dépit de la baisse considérable des coûts de transport et de shipping internationaux par rapport à la période Covid-19.
Le ministre Zitouni a également appelé les opérateurs économiques à revoir la marge bénéficiaire appliquée sur les produits commercialisés en vue de protéger le pouvoir d’achat des citoyens et d’adhérer à la stratégie de l’Etat et aux efforts des pouvoirs publics. Il a même évoqué la possibilité de classer les «manipulateurs» des prix des produits importés dans la catégorie des «spéculateurs».
S’agissant du programme des fêtes religieuses, le premier responsable du secteur a précisé que son département travaillera à élaborer un programme de permanence plus efficace pour approvisionner le marché durant les fêtes de l’Aïd El Fitr et l’Aïd El Adha, ainsi que durant la saison estivale et la rentrée sociale. Tout ceci permettra de réaliser l’équilibre du triptyque «importation-production-exportation» et d’assurer un suivi sur le terrain de toute opération.
Accélérer la digitalisation pour dynamiser le secteur
Dans le but de moderniser l’économie et favoriser la croissance, le ministre Zitouni a présenté sa feuille de route pour accélérer la digitalisation et promouvoir l’utilisation généralisée du e-paiement dans toutes les transactions.
Cette initiative ambitieuse sera soutenue par une série de mesures destinées à renforcer les exportations hors hydrocarbures et à attirer les investissements étrangers, tout en veillant à la protection des consommateurs.
Dans le cadre de cette stratégie, des marchés de gros et des bases logistiques seront exploités comme plateformes pour l’exportation des produits algériens vers les marchés internationaux, en particulier en Afrique. Une cellule d’écoute sera créée pour soutenir les exportateurs, qui pourront également bénéficier d’un programme de participation aux manifestations économiques à l’étranger prévu pour le deuxième semestre de 2023 et en 2024.
Pour renforcer la visibilité des produits algériens, la Société algérienne des foires et exportations (Safex) prévoit l’ouverture de succursales au Niger, en Mauritanie et au Sénégal. Ces annexes serviront de vitrines permanentes pour la distribution et la promotion des produits algériens sur les marchés internationaux.
Aussi, la révision de l’organisation de l’Agence nationale de promotion du commerce extérieur (Algex) et de la Chambre algérienne de commerce et d’industrie (CACI) est également prévue, tout comme la restructuration des conseils des hommes d’affaires. Ces mesures visent à optimiser les efforts de promotion du commerce extérieur de l’Algérie et à faciliter les échanges avec les partenaires étrangers. De plus, l’élaboration accélérée des textes réglementaires relatifs aux zones franches est prévue afin d’encourager les investissements étrangers et de créer de la richesse et de la valeur ajoutée.
La numérisation du secteur joue un rôle central dans cette stratégie, selon le ministre, et l’utilisation des Terminaux de paiement électronique (TPE) sera généralisée dans toutes les opérations et prestations fournies, y compris le paiement des taxes et des amendes. Cette mesure sera d’abord appliquée au niveau des instances sous tutelle du ministère du Commerce, puis étendue à l’ensemble des commerçants. Elle vise à simplifier les transactions, à accroître l’efficacité et à favoriser l’inclusion financière.
Le ministre du Commerce a souligné l’importance de la participation active de la société civile dans la prévention, le contrôle et la sensibilisation. Dans cette optique, une attention particulière sera accordée aux associations professionnelles et aux organismes de protection des consommateurs. Un plan de communication et d’information efficace sera mis en place pour contrer les rumeurs visant à semer la confusion et à influencer le marché national.
Le tissu économique national compte plus de 2,2 millions d’entreprises
Le ministère du Commerce a publié un rapport détaillé sur l’état du tissu économique national, révélant une croissance significative du nombre des opérateurs économiques. Selon les dernières données de la Direction générale de la régulation et de l’organisation des activités, le nombre des entreprises principales et secondaires enregistrées s’élevait à 2 261 000 à la fin du mois d’avril.
Sur ce total, 2 031 203 sont des personnes physiques, tandis que 230 712 sont des personnes morales, indique le rapport. De plus, le registre de commerce électronique a connu une augmentation significative de 72,9% du nombre de commerçants enregistrés au niveau national, avec un total de 1 648 255 détenteurs de registres électroniques.
Les données fournies par la Direction indiquent également une hausse remarquable des nouvelles immatriculations au registre de commerce pour la période allant du 1er janvier au 30 avril 2023. Un total de 154 867 opérations d’inscription a été enregistré, dont 44 210 opérations de modification, 38 596 radiations et 2 ré-immatriculations.
En ce qui concerne les personnes physiques, le secteur de la distribution en détail compte le plus grand nombre d’inscrits, avec 996 240 commerçants (45,99%). Le secteur tertiaire arrive en deuxième position avec 813 969 inscrits (37,57%), suivi de la production avec 272 866 inscrits (12,60%) et du secteur de la distribution en gros avec 78 504 inscrits (3,62%).
Pour les personnes morales, le secteur tertiaire compte le plus grand nombre d’inscrits, avec 86 878 entreprises (32,94%), suivi de la production avec 84 043 entreprises (31,87%), de la vente en l’état avec 37 484 entreprises (14,21%), de la grande distribution en gros avec 27 752 entreprises (10,52%) et du secteur de la distribution en détail avec 21 585 entreprises (8,18%).
S’agissant des commerçants ambulants et services publics de proximité, le rapport met en évidence les efforts déployés pour promouvoir les services publics de proximité et créer de nouveaux emplois. Au total, 186 139 commerçants ambulants ont été enregistrés, englobant 39 activités commerciales ambulantes et 39 services ambulants destinés à approvisionner les zones d’ombre.
Concernant la régulation et le contrôle du marché, le secteur du commerce a mis en place un système de suivi quotidien des prix sur le marché, ainsi qu’un suivi périodique des niveaux de stockage des matières premières et des produits. Ce système permet également de définir les zones de stockage pour traiter les éventuels déséquilibres du marché, en coordination avec tous les acteurs du domaine.
I. K.