La nouvelle loi relative à la wilaya vient d’introduire des changements majeurs dans l’organisation territoriale algérienne. Cette réforme, qui abroge les dispositions de la loi 12-07 du 21 février 2012, dessine les contours d’une gouvernance locale plus efficiente et
démocratique.
Au cœur de cette réorganisation, l’Assemblée populaire de wilaya (APW) voit ses prérogatives renforcées. Désormais, cette institution élue au suffrage universel dispose d’une plus grande marge de manœuvre dans la gestion des affaires locales. Le texte prévoit notamment une composition variable selon la taille des wilayas : de 35 à 39 membres pour les plus petites, jusqu’à 55 pour les plus importantes.
Innovation marquante : la création de commissions spécialisées, dont le nombre varie de sept à neuf selon l’importance démographique de la wilaya. Ces organes seront chargés de domaines aussi cruciaux que le développement économique, l’aménagement du territoire ou encore les affaires sociales.
Le wali, figure centrale de l’exécutif local, voit son rôle précisé et encadré. Représentant de l’État et délégué du gouvernement, il est désormais explicitement chargé de coordonner l’action des services déconcentrés et d’assurer l’exécution des délibérations de l’APW. La loi lui confère également des pouvoirs étendus en matière de sécurité publique et de gestion des situations d’urgence.
Sur le plan financier, la réforme introduit des mécanismes novateurs. Un fonds de solidarité et de garantie des collectivités locales est institué, visant à réduire les disparités entre wilayas.
Les ressources propres sont diversifiées, incluant désormais les revenus du patrimoine, les taxes locales et la possibilité de contracter des emprunts pour des projets générateurs de revenus.
L’aspect participatif n’est pas en reste : le texte consacre le principe de transparence dans la gestion locale. Les citoyens peuvent désormais accéder aux délibérations de l’APW et à certains documents administratifs, renforçant ainsi le contrôle démocratique.
Particularité notable : la wilaya d’Alger bénéficiera d’un statut spécial, reconnaissant ainsi les spécificités de la capitale. Un texte distinct viendra préciser ce régime particulier.
Cette réforme ambitieuse devra toutefois faire ses preuves sur le terrain. Son succès dépendra largement de la qualité de ses décrets d’application et de l’appropriation de ces nouveaux outils par les acteurs locaux. Elle marque néanmoins une étape significative dans la
modernisation de la gouvernance territoriale algérienne.
Les observateurs notent particulièrement l’accent mis sur le développement économique local et l’attraction des investissements, traduisant une volonté de faire des wilayas des acteurs majeurs de la diversification économique du pays. Cette refonte s’inscrit dans un mouvement plus large de décentralisation, visant à rapprocher l’administration des citoyens tout en maintenant la cohérence de l’action publique à l’échelle nationale.
Y.M.
Réforme des collectivités locales
Une nouvelle organisation pour moderniser la wilaya