Recyclage informel en Algérie

Un maillon invisible mais vital de l’économie circulaire 

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En Algérie, le recyclage est en grande partie porté par des acteurs informels, souvent invisibles mais essentiels. Malgré leur rôle important dans la gestion des déchets, ces collecteurs et recycleurs opèrent sans cadre légal clair ni reconnaissance officielle. Face à cette réalité, les autorités entament des réformes pour structurer ce secteur et intégrer pleinement l’économie circulaire dans la stratégie nationale.
Le Conseil national économique, social et environnemental (CNESE) a souligné que le recyclage informel représente une activité économique importante, bien que non structurée, qui contribue à la valorisation des déchets et à la réduction des coûts de collecte pour les collectivités locales. Par exemple, dans le secteur des déchets plastiques PET, bien que ces déchets ne représentent que 3 % du volume total des déchets ménagers, l’activité de récupération informelle permet à l’industrie du recyclage de générer 15 000 emplois directs. Cette statistique souligne l’importance de la dépendance de cette industrie envers l’activité de récupération informelle.
Pour structurer ce secteur, le gouvernement algérien a adopté la loi n° 25-02 en 2025, modifiant la loi n° 01-19 de 2001 relative à la gestion des déchets. Cette nouvelle législation introduit des principes de prévention, de tri, de valorisation et de traitement écologiquement rationnel des déchets. Elle établit également des obligations pour les générateurs et détenteurs de déchets, notamment l’adoption de techniques de production propres et l’utilisation d’éco-organismes pour la valorisation des déchets. La loi consacre également le principe de responsabilité élargie du producteur (REP), obligeant chaque producteur ou détenteur de déchets à valoriser ces déchets. Par ailleurs, un décret exécutif a été adopté pour offrir des facilitations fiscales aux investisseurs dans le domaine du recyclage. Ces incitations comprennent des exonérations fiscales et des avantages douaniers pour l’importation d’équipements de recyclage, visant à stimuler la création d’entreprises formelles et à intégrer les acteurs informels dans une économie circulaire structurée. La ministre de l’Environnement et des Énergies renouvelables, Fazia Dahleb, a déclaré que ce décret « constitue un facteur incitatif à même d’encourager la transition vers l’économie circulaire ». Malgré ces avancées législatives, plusieurs défis subsistent. Le manque de données précises sur le secteur informel complique l’élaboration de politiques publiques efficaces. De plus, l’absence de
formation et de soutien pour les collecteurs informels, ainsi que le besoin d’une sensibilisation accrue du public au tri des déchets, restent des obstacles majeurs à surmonter. Les récupérateurs informels agissent comme de véritables entrepreneurs, bien que non officiels. Leur activité crée une valeur ajoutée substantielle dans la chaîne de gestion des déchets, générant des bénéfices économiques et sociaux significatifs. L’efficacité de ce secteur informel est remarquable. On estime qu’il récupère jusqu’à 80 % des déchets recyclables, une performance qui surpasse celle des systèmes formels. Cette efficacité s’explique par l’expertise et l’adaptabilité exceptionnelles des récupérateurs, qui ont développé au fil du temps une connaissance approfondie des matériaux et des marchés locaux.
Pour réussir la transition vers une économie circulaire, l’Algérie devra renforcer la coordination entre les différents acteurs, investir dans l’éducation environnementale et assurer une application effective des nouvelles lois. La reconnaissance et l’intégration des acteurs informels sont essentielles pour bâtir une économie circulaire robuste et durable.
Sonia H.