Bien plus qu’une simple collecte de données, le Recensement général de l’agriculture (RGA), qui débutera aujourd’hui et se poursuivra jusqu’au 17 juillet prochain, est le troisième du genre en Algérie, après ceux de 1973 et de 2001. Cette opération nationale de grande envergure représente un autre jalon dans la quête de la sécurité alimentaire du pays. Cette initiative a exigé des mois de préparation minutieuse et une coordination pluridisciplinaire et multisectorielle, mobilisant des moyens considérables. Pour la première fois, des outils technologiques et numériques seront utilisés. Les données recueillies fourniront une base de données référentielle pour divers secteurs et programmes publics de développement. Elles constitueront également une ressource précieuse pour la communauté scientifique. Dans un entretien accordé à l’APS, M’hamed Tifouri, Directeur des statistiques, de la numérisation et de la prospective au ministère de l’Agriculture et du Développement rural, souligne que le recensement général de l’agriculture est «une opération d’envergure nationale visant à capturer une image actualisée de la structure agraire et à intégrer dans le système statistique agricole national tout le nouveau patrimoine et les mutations survenues dans le secteur». Il précise que le RGA 2024 se distingue des précédents par la création d’un comité technique opérationnel chargé de formuler des propositions au comité national, relatives aux aspects techniques et opérationnels de l’opération. Pour la première fois, l’Agence spatiale algérienne (ASAL) et le Haut-commissariat à la numérisation participent aux comités national et technique opérationnels. Concernant le questionnaire, document-clé de l’opération, M. Tifouri explique qu’il est conçu pour collecter des informations capitales, précises et claires. Le croisement de ces données permet de capturer une image actualisée sur des dizaines de thèmes agricoles tels que l’utilisation des intrants, la mécanisation ou encore les ressources en eau. En chiffres, l’encadrement du RGA comprend 29 superviseurs nationaux prenant en charge deux wilayas chacun, 120 superviseurs de wilayas, 6000 agents recenseurs et 1200 contrôleurs chargés de vérifier le travail des agents recenseurs. Sur le terrain, un découpage cartographique a été élaboré, définissant des zones d’intervention englobant entre 220 et 250 exploitations homogènes avec des circuits identifiés. La formation de l’ensemble des participants a commencé avec un cursus pour les superviseurs nationaux, axé sur «l’acquisition des outils d’approche pour l’agent recenseur afin d’expliquer à l’agriculteur l’intérêt de l’opération et les bénéfices qui en découlent, en plus du renforcement des capacités techniques et opérationnelles de l’agent», souligne-t-on. Phase cruciale du RGA, la transcription des données dans le questionnaire a été élaborée de manière «très minutieuse», assure M. Tifouri, notant que «l’objectif est de maximiser les chances d’obtenir une information fiable». Un premier contrôle sur papier est effectué par le contrôleur pour vérifier l’état de remplissage des questionnaires avant de donner un avis favorable pour la saisie des données sur la plateforme informatique conçue par des compétences algériennes dédiées à l’opération. «Pas moins de 500 centres de saisie répartis sur le territoire national ont été installés le plus près possible des sites de recensement, permettant de corriger les omissions ou incompréhensions, une première», affirme le responsable. Pour le RGA de 2001, tous les questionnaires étaient acheminés au centre de saisie centralisé à Alger, où la vérification s’avérait impossible. Dans la phase de transcription des données du questionnaire sur la plateforme, deux contrôles sont effectués : un premier «contrôle embarqué», où la plateforme signale des erreurs ou incohérences, et une deuxième vérification assurée par le contrôleur. A ce niveau, trois statuts sont définis pour le questionnaire : «en attente pour complément d’information», «rejeté» et «validé». Dans ce dernier cas, les informations sont transmises aux serveurs centraux et versées dans la base de données. «La plateforme génère un numéro d’identification national pour chaque questionnaire et, en parallèle, une attestation de recensement portant les données de l’exploitant et le numéro d’identification national est établie et remise à l’exploitant», détaille M. Tifouri.
S. H.