Par Yacine Merzougui
Une opération d’envergure sans précédent se prépare sur le marché algérien de la viande ovine.
Quatre entreprises publiques économiques viennent de lancer une consultation internationale pour l’acquisition d’un million de têtes ovines destinées à l’abattage, une initiative qui s’inscrit dans la stratégie nationale dictée par le président de la République , visant à réguler les prix des viandes rouges, particulièrement en prévision des fêtes de l’Aïd El Adha.
Les quatre entreprises publiques concernées par cette opération sont l’EPE ALVIAR SPA, l’EPE SARPA et l’EPE CETRAD SPA, filiale de FRIGOMEDIT. Ces dernières, toutes placées sous la tutelle du groupe AGROLOG. La quatrième étant l’EPE GLOBAL AGRI FOOD, qui relève du groupe MADAR HOLDING. Ces quatre entreprises publiques ont constitué un groupement
d’intérêt commun (GIC) et ont élaboré un cahier des charges détaillé pour encadrer cette importation massive. Ce groupement d’intérêt est généralement utilisé comme instrument de pression baissière sur les prix à l’achat.
Ainsi, nous apprenons qu’au-delà du groupement, des quotas en interne ont été accordés pour chaque entreprise. Pour le groupe MADAR, un quota de 300.000 tête a été accordé à la filiale GLOBAL AGRI FOOD. Alors que pour le groupe AGRO-LOG, le reste des 700.000 têtes a été dispatché comme suit :
300.000 à ALVIAR
200.000 à CETRADE pour le compte de FRIGOMEDIT
200.000 à SARPA.
Des ovins exclusivement mâles et non castrés
Le document contractuel, qui définit les modalités de cette fourniture, prévoit des livraisons partielles d’ovins conformément aux prescriptions techniques et aux dispositions réglementaires en vigueur du droit algérien. Les entreprises publiques économiques engagées dans cette opération ont pris soin de spécifier avec précision les caractéristiques des animaux à importer.
Selon le cahier des charges, les ovins importés devront répondre à des critères stricts : ils devront être de race à viande, exclusivement de sexe mâle et non castrés. L’âge minimum requis est de six mois, avec un poids variant entre 35 et 45 kilogrammes. Par ailleurs, les animaux devront être exempts de tout défaut apparent, notamment des problèmes de vision, de maladies visibles ou de boiterie.
La consultation internationale prévoit également un dispositif financier rigoureux. Le prix unitaire est établi en coût et fret (CFR) pour les ports algériens, en euros ou en dollars américains. Le règlement s’effectuera par transfert bancaire pour chaque livraison, avec une
retenue de 2% sur chaque expédition, qui sera restituée au vendeur dans un délai de 30 jours après la réception finale des animaux, sous réserve que les conditions de qualité et de conformité soient pleinement satisfaites.
Le cahier des charges précise également les documents requis pour chaque expédition, notamment les certificats sanitaires du pays d’origine et tout autre document exigé par la réglementation vétérinaire algérienne. La pesée des animaux se fera au kilogramme au port d’embarquement.
Cette initiative intervient dans un contexte où le marché national de la viande connaît régulièrement des tensions sur les prix, particulièrement à l’approche des fêtes religieuses.
L’importation massive d’ovins vise à augmenter l’offre sur le marché local et à contribuer ainsi à la stabilisation des prix.
Une logistique de guerre Les ports algériens désignés pour le débarquement des ovins sont répartis sur tout le littoral :
Ghazaouet, Oran, Mostaganem, Ténès, Alger, Béjaia, Jijel, Skikda et Annaba. Cette répartition géographique permettra une distribution optimale sur l’ensemble du territoire national.
Il y a quelques jours, le ministre du transport Said Sayoud avait déclaré que 5 ports étaient déjà fin prêts pour accueillir ces flux, avec toute l’assistance sanitaire et logistique nécessaires pour la réussite de ce opération d’envergure.
Il est à noter que le cahier des charges inclut également une clause de force majeure, qui prévoit des dispositions spécifiques en cas d’événements imprévisibles empêchant l’exécution du contrat.
Toutefois, il est précisé que le fournisseur ne peut en aucun cas évoquer la situation du marché international, notamment l’augmentation des prix, comme cas de force majeure pour demander la résiliation du contrat ou une révision à la hausse du prix convenu.
En cas de litige, les parties tenteront d’abord un règlement à l’amiable. À défaut, le différend sera soumis au tribunal algérien compétent, le droit applicable étant le droit.
Cette opération d’importation, qui s’inscrit dans le cadre des mesures prises par les hautes autorités du pays pour assurer la disponibilité des viandes rouges à des prix raisonnables sur le marché national, devrait contribuer significativement à l’approvisionnement des marchés pendant la période des fêtes de l’Aïd, période traditionnellement marquée par une forte demande en viande ovine.
Y.M