Le fisc algérien risque de perdre quelque 63 milliards de centimes. Ce montant, détenu sur une entreprise étrangère, Hyflux en l’occurrence, n’est pas encore payé par la banque ABC Bank Algérie, d’où sont garanties les exercices de ladite société.
Le procédé d’ABC Bank Algérie est simple : lorsque le fisc a demandé par ATD (ordre de payement) à ABC Bank Algérie de récolter la dette fiscale de la société Hyflux, la banque ABC Bank Algérie a tenté de fuir cette responsabilité, même si ses responsables ont sollicité la garantie bancaire auprès de la maison mère qui se trouve au Bahreïn. La loi oblige ABC Bank Algérie, d’une manière légale, de récolter chaque dinar qui rentre dans le compte courant bancaire de Hyflux et le remettre au fisc. Pour fuir cette obligation, ABC Bank Algérie a «créé un faux compte pour détourner» l’argent de garantie bancaire, a-t-on constaté sur les documents en notre possession. Ce procédé, explique un banquier, permettra aux auteurs de ce détournement «de cacher» cette forfaiture même en cas d’enquête, puisque, ajoute-t-il, «les enquêtes se feront sur les comptes courants».
Plus explicite, il a précisé que les responsables de cette malversation «ont dû sûrement créer un compte quelconque pour y recevoir l’argent de la garantie bancaire, mais qui ne sera pas visible ou suspect». Dans les mêmes documents, on remarque que l’argent détourné, au lieu de servir à payer les 63 milliards de centimes du fisc, ABC Bank Algérie a payé la créance (dette) qu’elle détenait sur Hyflux. Alors que la loi exige d’un établissement bancaire de payer, en ordre de priorité, le fisc avant tout autre organisme financier.
En résumé, ABC Bank Algérie a «réalisé» un bénéfice de 63 milliards de centimes, alors que ce montant doit revenir au fisc, autrement dit au Trésor public. Ce n’est pas la première fois que cette banque installée depuis plusieurs années en Algérie «s’illustre» avec ce genre de pratique. La volonté d’en finir avec les malversations et la corruption mettra sûrement à nu cette banque. Cette même information rendue publique par la chaîne de télévision Essalam TV a déjà enregistré de promptes réactions de la part des responsables à la fois sécuritaires et judiciaires. Cette affaire promet de débusquer les malversations de plusieurs autres établissements bancaires, notamment étrangers, puisque le dossier est déjà entre les mains d’institutions chargées de la lutte contre la corruption. Nous y reviendrons.
M. M.