Le cancer, cette maladie impitoyable, ne fait aucune distinction d’âge. Alors que l’impact dévastateur de cette maladie est bien connu chez les adultes, il est maintenant temps de reconnaître et d’agir face à sa progression préoccupante parmi les jeunes en Algérie. Les statistiques récentes révèlent une tendance inquiétante, avec un nombre croissant de jeunes touchés par différentes formes de cancer, allant des leucémies aux cancers héréditaires, comme le rétinoblastome. La présidente de l’Association nationale d’aide aux personnes atteintes du cancer, Samia Gasmi, tire la sonnette d’alarme sur cette situation préoccupante. Elle a souligné que «le cancer chez les jeunes est devenu de plus en plus répandu en Algérie, avec des formes variées de la maladie qui touche cette catégorie vulnérable de la population». Mme Samia Gasmi a mis en lumière le fait que ces cancers ne sont pas nécessairement héréditaires, mais plutôt le résultat de mutations génétiques acquises après la naissance, soulignant que «les symptômes du cancer chez les enfants sont souvent subtils, mais comprennent généralement une triade alarmante : anorexie, perte de poids et douleur». «Ces signes, bien que non spécifiques, doivent être pris au sérieux et justifient une consultation médicale immédiate», a-telle accentué. En termes de prise en charge, Mme Gasmi nous a révélé que «des progrès ont été réalisés en Algérie, et ce, grâce à la mise en place du Plan national de lutte contre le cancer, et des initiatives telles que le lancement d’une plateforme numérique pour les rendez-vous de radiothérapie et la création d’un couloir vert pour garantir l’approvisionnement en médicaments essentiels témoignent des efforts déployés». Cependant, malgré ces avancées, «des défis subsistent». Elle a cité «le manque d’infrastructures adéquates dans certaines régions du pays qui nécessite une évacuation de nombreux patients vers les centres de traitement situés au centre du pays, créant ainsi des obstacles supplémentaires à un accès rapide et efficace aux soins».
L’appel poignant de l’association Nour Doha
En outre, la présidente de l’Association nationale d’aide aux personnes atteintes du cancer Nour Doha lance un appel poignant aux autorités sanitaires algériennes pour une assistance cruciale dans la lutte contre le cancer, en particulier dans les régions les plus reculées, où l’accès aux soins spécialisés reste un défi majeur. Par ailleurs, notre interlocutrice a souligné «le manque flagrant de médecins spécialisés dans ces régions, créant ainsi une situation critique». Elle met en garde contre le recours à des pratiques non médicales telles que la phytothérapie, qui peuvent aggraver la santé des patients sans apporter de réels bénéfices thérapeutiques. Bien qu’elle reconnaisse une nette amélioration de la prise en charge des personnes atteintes de cancer, notamment en ce qui concerne l’offre de chimiothérapie, elle insiste sur l’importance de la sensibilisation. Un grand nombre de citoyens de ces régions enclavées ont recours aux méthodes traditionnelles et aux plantes médicinales, ce qui nécessite une intervention éducative urgente. La présidente de Nour Doha reconnaît par ailleurs une nette amélioration de la prise en charge des personnes atteintes de cancer notamment en ce qui concerne l’offre de chimiothérapie et insiste sur l’importance de la sensibilisation. Mme Gasmi déplore également que les soins médicaux n’atteignent pas les nomades des régions éloignées. Pour remédier à cette situation, Nour Doha a entrepris une tournée dans la wilaya de Ghardaïa pour identifier les zones dépourvues de médecins spécialisés, notamment en oncologie. Cette action sera étendue à d’autres régions telles que Béchar, M’sila et Bou Saâda, où des journées scientifiques sur le cancer seront organisées pour sensibiliser davantage la population. Cependant, malgré les efforts considérables déployés par l’association, Mme Samia Gasmi déplore le manque de soutien financier de la part de l’Etat. Jusqu’à présent, Nour Doha a dû compter sur la générosité de philanthropes, y compris ceux de l’étranger, pour financer ses activités. Dans l’ensemble, l’appel de Nour Doha met en lumière l’urgence de prendre des mesures concrètes pour garantir l’accès aux soins médicaux spécialisés dans toutes les régions du pays. Elle a également souligné «l’importance cruciale de sensibiliser la population aux risques du cancer et de dissuader l’utilisation de méthodes non médicales qui pourraient nuire à la santé des patients».
Progrès et défis : «Il reste encore beaucoup à faire» !
Selon Mme Gasmi, «la situation actuelle de la prise en charge des patients atteints de cancer en Algérie montre des avancées significatives, malgré certains défis persistants. Comparée à la période de perturbation due à la pandémie de Covid-19, où l’approvisionnement en médicaments contre le cancer avait été compromis, la disponibilité des traitements s’est nettement améliorée», en particulier «l’acquisition des traitements d’immunothérapie représente une avancée extraordinaire, bénéficiant ainsi aux patients atteints de cancer». Toujours selon Mme Gasmi, «cette progression est le fruit de l’engagement des autorités du pays, y compris du président de la République, dans la lutte contre cette maladie dévastatrice». Cependant, notre interlocutrice souligne que «les attentes envers cette nouvelle instance sont grandes et trois objectifs essentiels doivent être au cœur de ces actions : la prévention pour réduire les nouveaux cas de cancer, le diagnostic précoce pour améliorer la prise en charge des patients et l’organisation du parcours de soins». Cependant, des défis subsistent, à savoir «la nécessité de mettre en place des centres de soins palliatifs est urgente. Actuellement, l’Algérie ne dispose d’aucun centre de soins palliatifs pour les patients atteints de cancer en phase terminale, ce qui est regrettable». Ces centres sont nécessaires pour offrir une assistance essentielle et une dignité aux patients confrontés à cette phase difficile de leur vie», a-telle ajouté. En conclusion, «la situation de prise en charge des malades atteints de cancer en Algérie montre des signes de progrès prometteurs, mais il reste encore beaucoup à faire. En concentrant les efforts sur la prévention, le diagnostic précoce, l’organisation du parcours de soins et la mise en place de soins palliatifs, cette nouvelle instance peut véritablement améliorer les perspectives de guérison et le bien-être des patients atteints de cancer dans le pays», a-telle précisé.
Le cancer chez les jeunes, une situation à prendre au sérieux
Alors que la recherche sur le cancer progresse et que des avancées prometteuses sont annoncées régulièrement, cette augmentation du cancer chez les jeunes est un aspect alarmant qui ne peut être ignoré, déclare Mme Samia Gasmi, présidente de l’association nationale Nour Doha d’aide aux patients cancéreux. Parmi les différentes formes de cancer, le cancer du côlon est considéré comme l’un des plus redoutables. Cependant, il est important de noter que cette augmentation concerne presque tous les organes principaux du corps. Répondant à une question sur les causes possibles de cette augmentation alarmante du taux de cancer chez les jeunes, Mme Samia Gasmi nous a déclaré que «l’une des raisons évoquées est le lien avec les changements dans notre régime alimentaire. Il est intéressant de noter que le cancer du côlon, par exemple, est directement lié à notre alimentation, ce qui souligne l’importance de l’examen de nos habitudes alimentaires». De plus, «une autre hypothèse courante est le lien avec la consommation de viandes rouges ou transformées. Les viandes transformées, en particulier, sont associées à un risque accru de cancer du côlon. Cette hypothèse est étayée par le fait que les plus fortes augmentations de cancer du côlon se retrouvent parmi les jeunes adultes, souvent associées à une consommation élevée de viandes transformées». Cependant, selon la présidente de l’association, «il est important de noter que le problème ne se limite pas à la viande rouge, ajoutant que «le régime alimentaire occidental que nous avons adopté avec les fast-foods et autres est également caractérisé par une richesse en sucres, en matières grasses et en aliments transformés, ainsi qu’une carence en fibres. Tous ces éléments peuvent contribuer à l’augmentation du risque de cancer chez les jeunes». Face à cette situation préoccupante, Mme Gasmi appelle à une prise de conscience urgente. Selon elle, «il est impératif d’examiner nos habitudes alimentaires et d’autres facteurs de risque afin de contrer cette augmentation alarmante du cancer chez les jeunes.
Imen H.
