Production industrielle

0


Hausse remarquable de 4,8% au dernier trimestre 2024
Par Yacine Merzougui


La production industrielle du secteur public national a clôturé l’année 2024 sur une note positive avec une hausse de 4,8% au quatrième trimestre, consolidant ainsi une croissance moyenne annuelle de 3,7% par rapport à l’année précédente. C’est le résultat d’une enquête menée par l’Office National des Statistiques (ONS).
Cette tendance haussière a été portée principalement par plusieurs secteurs clés de l’économie nationale. Le secteur de l’énergie affiche une progression notable de 5,6%, similaire à celle enregistrée à la même période de l’année 2023 qui était de 5,8%. L’évolution la plus spectaculaire concerne le secteur des Industries Sidérurgiques, Métalliques, Mécaniques, Électriques et Électroniques (ISMMEE) qui rebondit avec une hausse remarquable de 25,1% au quatrième trimestre, inversant ainsi la tendance baissière observée depuis le dernier trimestre de l’année précédente. Les mines et carrières participent également à ce dynamisme avec une croissance de 14,9%,
après avoir connu un ralentissement aux deuxième et troisième trimestres de 2024, où les hausses n’étaient respectivement que de 4,5% et 5,9%. Il est important de rappeler que ce secteur avait commencé l’année sur une base solide avec une progression de 11,3% au premier trimestre. Le secteur des matériaux de construction n’est pas en reste, enregistrant une augmentation significative de 15,5%, performance supérieure à celles observées depuis le deuxième trimestre 2023. Ce secteur a été porté par l’immense programme de construction de logements lancé par les autorités du pays.
Les industries du textile et du cuir maintiennent également leur dynamique positive avec des progressions respectives de 11,5% et 9,3%, bien que ces chiffres soient en deçà des performances exceptionnelles du troisième trimestre 2024 (39,8% et 55,4%). Les industries chimiques affichent quant à elles une relative stabilité avec une légère hausse de 0,5%. Ce secteur a donc besoin d’être boosté par des investissements substantiels et des motivations commerciales conséquentes. Cependant, tous les secteurs n’ont pas connu la même fortune. Les hydrocarbures poursuivent leur tendance baissière entamée dès le deuxième trimestre 2024 (-0,1% et -0,7%) pour terminer l’année sur un recul de 1,4%. Plus préoccupant encore, le secteur agro-alimentaire, après une relative stabilité au troisième trimestre (+0,1%), subit une chute sensible de 12,8% au quatrième trimestre 2024, contrastant fortement avec la hausse de 20,4% enregistrée à la même période en 2023.

L’industrie du bois, quant à elle, continue sa contraction avec un recul de 1,0% au dernier trimestre, s’inscrivant dans la continuité des baisses plus marquées des deuxième et troisième trimestres (-23,8% et -19,7%). Une révision globale de ce secteur s’impose de fait, puisque le marché existe en taille XXL, mais la production ne suit pas. En examinant les performances annuelles, on constate que l’indice général de la production industrielle hors hydrocarbures progresse de 5,0% en 2024 par rapport à 2023, tandis que l’indice
des industries manufacturières augmente de 3,4%. Les données historiques montrent que cette performance s’inscrit dans une tendance globalement positive depuis 2022. L’année 2023 avait déjà enregistré une croissance annuelle de 4,4% par rapport à 2022, et l’année 2024 confirme cette trajectoire avec une hausse de 3,7%. Au niveau des sous-secteurs, certaines branches se distinguent particulièrement. Dans l’extraction minière, la progression de l’extraction de pierre, argile et sable atteint 13,3% au quatrième trimestre, tandis que l’extraction de minerai de fer rebondit de 20,3%. Dans le domaine de la sidérurgie, la transformation de la fonte et de l’acier connaît une hausse spectaculaire de 81,5% au quatrième trimestre, après plusieurs trimestres difficiles. Ces résultats témoignent d’une résilience certaine du tissu industriel public algérien, malgré les défis persistants dans certains secteurs stratégiques comme les hydrocarbures et l’agro- alimentaire.
Y.M
///////
Évolution sectorielle de l’économie nationale
La croissance industrielle algérienne marque le pas en 2024


L’évolution de la production industrielle algérienne en 2024 a révélé des performances contrastées selon les secteurs d’activité, avec un ralentissement notable dans certaines branches stratégiques. Le secteur de l’énergie confirme sa robustesse avec une hausse appréciable de 5,8% en moyenne annuelle, marquée par un pic remarquable au deuxième trimestre atteignant 10,2%.
Contrairement à l’exercice précédent qui avait enregistré une croissance de 3,7%, la production des hydrocarbures est restée globalement stable en 2024. Si le premier trimestre a connu une hausse de 2,2%, le reste de l’année a été marqué par un rythme baissier de -0,1%, -0,7% et -1,4% respectivement. Cette stagnation s’explique principalement par le recul significatif de la liquéfaction du gaz naturel qui a diminué de 8,9% en moyenne annuelle, en net contraste avec la performance de +17,1% enregistrée en 2023.
Parallèlement, la production du pétrole brut et du gaz naturel a maintenu une trajectoire positive mais modeste (+0,8%) comparativement à l’année précédente (+1,7%). Le raffinage du pétrole brut s’est nettement amélioré avec une progression annuelle de 5,5%, bien supérieure au taux de 0,4% observé en 2023, avec des hausses particulièrement marquées au premier et troisième
trimestres (7,2% et 9,2%).
Dans le secteur des mines et carrières, la croissance s’est consolidée atteignant 9,3% en 2024. Cette performance est particulièrement visible au quatrième trimestre avec un bond de 14,9%. L’extraction de la pierre, argile et sable, branche dominante du secteur, a enregistré une progression remarquable de 18,2% en moyenne annuelle. Plus spectaculaire encore, l’extraction des minerais et matières minérales a rebondi de 52,1%, avec une croissance exceptionnelle de 124,9% au dernier trimestre. L’extraction du minerai de phosphates a connu une croissance modérée de 0,9%, tandis que l’extraction du minerai de fer a reculé de 10,8% en moyenne annuelle, malgré un rebond de 20,3% au dernier trimestre. L’extraction du sel a quant à elle enregistré une baisse constante sur
les quatre trimestres pour atteindre -20,0% en moyenne annuelle. Le secteur des Industries Sidérurgiques, Métalliques, Mécaniques, Électriques et Électroniques (ISMMEE) est resté relativement stable (-0,5%) en 2024, après une année 2023 très performante.
Après trois trimestres de baisse consécutifs, un rebondissement spectaculaire de 25,1% au dernier trimestre a permis de redresser la tendance annuelle. La fabrication des biens intermédiaires métalliques, mécaniques et électriques a ralenti son rythme de croissance à 1,5% contre 8,1% l’année précédente. En revanche, la fabrication des biens d’équipements mécaniques a connu une reprise notable, passant de -8,9% en 2023 à +4,4% en 2024, portée par des hausses substantielles aux trois premiers trimestres avant de connaître
une contraction de 29,7% au dernier.
La sidérurgie et transformation de la fonte acier a retrouvé une dynamique positive avec une croissance de 10,7% en 2024, après un repli de 2,2% en 2023. La fabrication des biens de consommation électriques a rebondi spectaculairement à +26,8%, inversant la tendance très négative de 2023 (-42,9%). Le secteur des matériaux de construction a poursuivi son expansion avec une croissance de 9,8% en 2024, nettement supérieure au taux de 1,5% enregistré l’année précédente. La hausse a été constante tout au long de l’année, culminant à 15,5% au quatrième trimestre. La production des liants hydrauliques, composante essentielle du secteur, a progressé de 11,5%, bien au-delà des 0,9% de 2023. La fabrication des matériaux de construction et produits rouges s’est également
fortement redressée (+10,5%) après une contraction de 1,8% l’année précédente. Les industries chimiques ont connu un ralentissement significatif, avec une croissance limitée à 1,1% en 2024 contre 6,6% en 2023. Cette décélération s’explique notamment par une baisse de 5,8% au premier trimestre et une stagnation au second et au dernier trimestre, malgré un rebond de 14,9% au troisième. La fabrication des produits pharmaceutiques a également ralenti sa progression à 1,5% contre 10,7% en 2023.
Dans le secteur agroalimentaire, après une croissance de 7,3% en 2023, la production s’est stabilisée à +0,4% en 2024. Les hausses enregistrées aux premier et deuxième trimestres (+10,8% et +6,6%) ont été largement contrebalancées par une chute de 12,8% au dernier trimestre. Le travail des grains a reculé de 6,8%, tandis que l’industrie du lait a poursuivi sa trajectoire haussière avec une progression de 11,3%.
Les industries textiles ont poursuivi leur expansion avec une croissance de 15,8% en 2024, supérieure à celle de l’année précédente (+10,7%), portée notamment par des performances remarquables au premier et troisième trimestres. Les industries du cuir ont rebondi à +3,1% après un effondrement de 20,4% en 2023, grâce à une reprise vigoureuse aux deuxième et troisième trimestres.
À l’inverse, les industries du bois ont enregistré un recul de 9,7% en 2024, après une année 2023 exceptionnelle (+40,9%). La menuiserie générale, pierre angulaire du secteur, a particulièrement souffert avec une contraction de 21,1%, contrastant fortement avec l’expansion de 168,5% observée en 2023. L’industrie de l’ameublement a également décliné de 10,0%, tandis que les industries du liège ont limité leur repli à 6,5%, montrant des signes de redressement aux troisième et quatrième trimestres.
Y.M
//////
Un élan de croissance au dernier trimestre 2024
L’activité industrielle en hausse malgré les contraintes structurelles


L’activité industrielle algérienne a enregistré une progression notable au quatrième trimestre 2024, marquant une dynamique positive dans différents secteurs manufacturiers du pays. Cette tendance haussière est particulièrement marquée dans le secteur privé, selon la récente enquête d’opinion menée par l’Office National des Statistiques (ONS) auprès des chefs d’entreprises industrielles.
L’enquête révèle que le taux d’utilisation des capacités de production dépasse désormais les 50% dans le secteur public, tandis qu’il franchit la barre des 75% pour près de 73% des entreprises du secteur privé, témoignant d’un regain d’activité significatif. Cette dynamique s’inscrit dans un contexte où l’approvisionnement en matières premières demeure un défi pour plus de 30% des
entreprises publiques, engendrant des ruptures de stocks pour plus de 40% d’entre elles, bien que généralement inférieures à 10 jours.
La demande en produits fabriqués est restée stable pour le secteur public mais a connu une augmentation dans le privé. Environ 62% des entreprises publiques et la quasi-totalité des entreprises privées déclarent avoir satisfait l’ensemble des commandes reçues, disposant par ailleurs de stocks de produits finis jugés à des niveaux normaux. Sur le plan de l’emploi, les effectifs ont augmenté dans le secteur privé tout en restant stables dans le public. Le niveau de qualification du personnel est considéré comme suffisant par la
majorité des industriels qui affirment ne pas rencontrer de difficultés majeures de recrutement. Point notable, la plupart des chefs d’entreprises estiment que l’embauche de personnel supplémentaire ne permettrait pas d’accroître leur production.

Bonne trésorerie

L’état de la trésorerie est qualifié de « bon » par 19% des entreprises publiques et « normal » par 43% d’entre elles. Dans le secteur privé, la situation financière est jugée globalement saine. Toutefois, l’allongement des délais de recouvrement des créances, les charges d’exploitation élevées et le remboursement des emprunts continuent de peser sur les finances des entreprises. Environ 4% des entreprises publiques et 38% des privées ont eu recours à des crédits bancaires, qu’elles ont pu contracter sans difficultés majeures.
La vétusté des équipements constitue un obstacle persistant pour l’industrie algérienne. La majorité des entreprises publiques et plus de 67% des entreprises privées ont signalé des pannes durant ce trimestre, généralement inférieures à 6 jours. Face à cette situation, 37% des entreprises publiques et 23% des privées ont remis en marche leurs équipements après panne, tandis que 38% des premières et 33% des secondes ont procédé à des renouvellements et extensions. Plus de 85% des entreprises publiques et 77% des privées affirment pouvoir accroître leur production par un renouvellement des équipements, sans nécessiter d’embauches supplémentaires.
Pour le premier trimestre 2025, les perspectives sont contrastées : les industriels du secteur public anticipent une hausse de la production et de la demande, tandis que leurs homologues du privé prévoient plutôt une stabilité. Les prévisions de trésorerie demeurent optimistes pour les trois prochains mois.
Analyse sectorielle : des dynamiques différenciées
Le secteur des mines et carrières affiche une progression de son activité au quatrième trimestre 2024, avec un approvisionnement en matières premières jugé satisfaisant. Seuls 5% des entreprises ont signalé des pannes d’électricité, toutes inférieures à 6 jours. La demande est restée stable et la trésorerie est considérée comme normale par l’ensemble des opérateurs, qui anticipent une hausse de la production et de la demande pour le trimestre à venir. Dans les Industries Sidérurgiques, Mécaniques, Électriques et Électroniques (ISMMEE), l’activité a également progressé. Plus de 53% des entreprises ont utilisé leurs capacités de production à plus de 75%. Toutefois, l’approvisionnement en matières premières reste inférieur aux besoins pour près de 34% des opérateurs, occasionnant des ruptures de stocks pour plus de 33% d’entre eux. La demande de produits a augmenté, mais plus de 30% des entreprises n’ont pas
pu satisfaire toutes les commandes reçues. Les effectifs sont demeurés stables et la trésorerie est jugée normale par 68% des entreprises, bien que mauvaise pour près de 30%. Le secteur des matériaux de construction poursuit sa progression amorcée lors des trimestres précédents. Plus de 70% des entreprises ont utilisé leurs capacités de production à plus de 75%, et l’approvisionnement en matières premières dépasse même les besoins pour 15% d’entre elles. La demande a augmenté, permettant de satisfaire l’ensemble des commandes, mais les stocks sont jugés anormalement élevés. Les effectifs ont augmenté durant ce trimestre et 47% des
entreprises qualifient leur trésorerie de bonne, 49% de normale. Pour le trimestre à venir, le secteur prévoit une stabilité de l’activité et de la demande.
L’industrie chimique a connu une augmentation de son activité, avec un degré de satisfaction des commandes supérieur à la demande pour 30% des entreprises. La demande en produits fabriqués a progressé et la majorité des entreprises ont satisfait toutes les commandes reçues, bien que 35% jugent anormaux leurs niveaux de stocks. La trésorerie est bonne pour 30% des entreprises et
normale pour 69%. Pour le prochain trimestre, le secteur prévoit paradoxalement un recul de la production malgré une stabilité de la demande. Les industries agroalimentaires (IAA) ont également enregistré une hausse d’activité, avec des capacités de production utilisées à plus de 50%. La demande en produits fabriqués continue de progresser et la plupart des entreprises ont satisfait l’ensemble des commandes reçues. Les effectifs sont restés stables et la trésorerie est jugée normale par la majorité des opérateurs. Pour
le trimestre à venir, le secteur prévoit une stabilité de l’activité et de la demande. Dans les industries textiles et du cuir, l’activité a connu une progression, avec des capacités de production utilisées à plus de 50% et un approvisionnement en matières premières jugé équilibré. La demande en produits fabriqués a augmenté et la plupart des entreprises ont pu satisfaire l’ensemble des commandes. La trésorerie est considérée comme normale par la majorité des entreprises du cuir et plus de la moitié de celles du textile, et même bonne pour 29% de ces dernières. Les effectifs ont augmenté dans le textile et sont demeurés stables dans le cuir. Pour le prochain trimestre, les deux secteurs prévoient une stabilité de leur activité. Enfin, l’industrie du bois a connu une progression de son activité, avec plus de 70% des entreprises utilisant leurs capacités de production à plus de 50%. L’approvisionnement en matières premières est toutefois inférieur aux besoins pour plus de 30% des opérateurs, occasionnant des ruptures de stocks pour près de 33% d’entre eux. La demande en produits fabriqués a augmenté, mais plus de 24% des entreprises n’ont pas pu satisfaire toutes les commandes reçues. Les effectifs ont progressé et la trésorerie est jugée normale par 58% des industriels et bonne par 11%. Pour le trimestre à venir, le secteur anticipe une hausse de la production et de la demande.
Cette enquête trimestrielle de l’ONS, menée depuis plus d’une décennie, offre un aperçu qualitatif précieux de la conjoncture industrielle algérienne, complétant les données quantitatives des enquêtes traditionnelles par un recueil d’opinions des chefs d’entreprises sur des aspects aussi variés que la demande, la distribution, la main-d’œuvre, la trésorerie et l’équipement.
Y.M