Premier Salon national de l’habit traditionnel féminin à Bejaia

Patrimoine culturel

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Le premier Salon national de l’habit traditionnel féminin a ouvert ses portes samedi à Bejaia, réunissant les créations artisanales de dix-neuf wilayas du pays. Abritée par la bibliothèque centrale de lecture de la ville, cette manifestation inédite offre un panorama saisissant de la richesse vestimentaire traditionnelle algérienne.

Organisé par l’association « El Amal » pour le développement de Bejaia, l’événement a attiré de nombreux artisans venus des quatre coins du pays pour présenter leurs créations authentiques. Les visiteurs peuvent ainsi admirer une palette variée de costumes et vêtements traditionnels portés par les femmes algériennes à travers les différentes régions du pays. Dans son allocution d’ouverture, Omar Reghal, directeur de la culture et des arts de la wilaya, a souligné la dimension symbolique de cette exposition: « Ce panorama d’habits traditionnels renseigne non seulement sur la créativité des artisans nationaux à travers le temps mais condense et exprime une appartenance, un goût et une fonction sociale ». Le responsable a également mis l’accent sur la signification identitaire de ces tenues, estimant que leur richesse et leur variété ne sont que « le symbole de l’unicité de l’âme algérienne ». Les organisateurs se sont attachés à mettre en valeur cette diversité extraordinaire en juxtaposant les différentes tenues traditionnelles, créant ainsi un dialogue visuel entre les styles régionaux. Les visiteurs peuvent ainsi découvrir côte à côte le costume nuptial de Tlemcen, la célèbre « Chedda tlemcenienne », inscrite au patrimoine culturel immatériel de l’humanité par l’UNESCO en 2012, et le raffiné « Karakou algérois », avec ses broderies délicates et ses formes élégantes. La « Djeba Kabyle », avec ses couleurs vives et ses motifs géométriques caractéristiques, occupe également une place de choix dans cette exposition. Cette tenue traditionnelle de la région de Kabylie, dont Bejaia est l’une des principales villes, témoigne d’un savoir-faire ancestral transmis de génération en génération.

Les différentes variations de la « Melhfa » sont également présentées, notamment dans sa version constantinoise et celles portées dans les Aurès et dans la région de Ouled Naïl à Djelfa. Ce vêtement, constitué d’une longue pièce de tissu drapée autour du corps, illustre la diversité des techniques de confection et de port selon les régions. Les « gandouras », dont celle de Constantine qui se distingue par ses broderies dorées et son élégance naturelle, ont particulièrement attiré l’attention du public. Ces longues tuniques, souvent portées lors des grandes occasions, témoignent de la maîtrise technique des artisans algériens et de leur sens aigu de l’esthétique.

Au-delà de la simple exposition, ce salon qui se poursuivra sur trois jours jusqu’au 19 mai 2025, propose également un programme scientifique et culturel ambitieux. Des conférences-débats sur l’habit traditionnel sont prévues dans une dimension académique, associant l’aspect esthétique à toutes les dimensions sociologiques, historiques et artisanales de ces tenues. Ces tables rondes visent à approfondir la compréhension de ce patrimoine vestimentaire et à explorer ses significations multiples dans la société algérienne d’hier et d’aujourd’hui. Cette approche intellectuelle a pour objectif de susciter des vocations en termes de création et de participer à la sauvegarde et à la promotion de ce patrimoine immatériel. En organisant cette première édition du Salon de l’habit traditionnel féminin, l’association « El Amal » souhaite non seulement célébrer la diversité culturelle algérienne mais aussi sensibiliser les jeunes générations à l’importance de préserver ces savoir-faire menacés par la modernisation et la mondialisation. Cette initiative s’inscrit dans une démarche plus large de valorisation du patrimoine culturel immatériel algérien, qui comprend également la musique, la danse, la poésie et la gastronomie traditionnelles. Elle rappelle que les habits traditionnels ne sont pas simplement des objets du passé mais des expressions vivantes d’une identité culturelle en constante évolution. Le choix de la ville de Bejaia pour accueillir cette première édition n’est pas anodin. Cette cité millénaire, ancienne capitale du royaume hammadide au Moyen Âge, a toujours été un carrefour d’échanges culturels et commerciaux entre différentes civilisations méditerranéennes. Cette position stratégique a favorisé le développement d’un artisanat local florissant, notamment dans le domaine textile.

À travers ce salon, Bejaia renoue avec sa tradition de centre culturel rayonnant et affirme son rôle dans la préservation et la promotion du patrimoine algérien. L’événement devrait attirer de nombreux visiteurs durant ces trois jours, contribuant ainsi à la dynamisation du tourisme culturel dans la région.

M.N