Edito
Par Mohamed Mouloudj
La décision de l’Algérie de réviser l’Accord d’association avec l’Union européenne est bien plus qu’un simple ajustement diplomatique ou une simple réplique à un partenariat déséquilibré. Elle traduit une volonté affirmée de repositionner le pays en fonction de ses capacités économiques sur des bases équitables dans ses rapports avec ses différends partenaires. Loin des lectures erronées qui voudraient y voir une réaction à des tensions politiques ou à un conflit avec le partenaire européen, cette initiative repose sur une analyse
économique réelle et surtout lucide, mais aussi sur les mutations profondes qu’a connues l’économie algérienne depuis l’entrée en vigueur de l’Accord en 2005. Comme l’a clairement affirmé le dernier Conseil des ministres, cette révision n’est ni un geste de ressentiment ni une rupture avec Bruxelles, mais une nécessité dictée par les transformations économiques du pays. Pendant
longtemps, les exportations algériennes ont reposé quasi exclusivement sur les hydrocarbures. Or, aujourd’hui, l’économie nationale se diversifie et se structure autour de nouveaux secteurs tels que l’agroalimentaire, les minerais, les matériaux de construction, l’acier et les produits alimentaires. Cette évolution impose une refonte des termes du partenariat avec l’Union européenne afin d’intégrer ces nouvelles dynamiques et d’assurer des échanges plus avantageux pour les deux parties. Il est essentiel de rappeler que l’objectif premier de cette démarche est de construire un modèle gagnant-gagnant, où l’Algérie ne se cantonne plus à un rôle de fournisseur de matières premières, en contrepartie de produits finis, mais s’affirme comme un acteur économique diversifié et stratégique. Loin de fermer ses portes aux importations, le pays entend plutôt les rationaliser en favorisant les productions locales qui répondent déjà aux besoins du marché national. Cette politique vise à encourager l’investissement et à limiter les pratiques de spéculation qui faussent les règles du commerce. Partant des termes utilisés par le Conseil des ministres, l’on comprend parfaitement l’objectif de cette révision, dont on susurre la nécessité depuis des années. Cette vision pragmatique doit dissiper toute crainte de repli économique et renforcer la confiance des investisseurs étrangers. La révision de l’Accord d’association avec l’UE n’est donc pas une remise en cause du partenariat, mais une adaptation à une nouvelle réalité économique. Loin des prismes politiciens et des préjugés qui voulaient éviter de débattre de l’essentiel, il s’agit d’une opportunité pour repenser les relations commerciales entre Alger et Bruxelles sur des bases plus justes et plus bénéfiques pour les deux parties. L’Algérie a changé. Il est temps que ses accords commerciaux reflètent cette transformation.
M. M