Après des décennies d’exploitation minière sous-optimale, l’Algérie a récemment redéfini sa stratégie économique en mettant l’accent sur le secteur des mines. Cette décision intervient suite à la révision du cadre législatif et au lancement de mégaprojets structurants visant à tirer parti des vastes ressources minérales du pays, y compris le fer, le phosphate, le zinc, l’or et le manganèse.
Avec plus de 1000 ressources minérales souterraines potentielles, l’Algérie peut se targuer de posséder d’énormes possibilités dans le secteur minier qu’il s’agit de faire fructifier. Pour exploiter ce potentiel, le gouvernement a adopté un plan d’action sur la période 2020-2024. Ce plan vise à revitaliser le secteur minier, favorisant ainsi sa contribution à la croissance économique nationale et à la création d’emplois, en particulier dans les régions jusque-là enclavées.
Les initiatives-clés de cette politique incluent la révision du cadre législatif, le développement et la modernisation de la cartographie minière, la réalisation de grands projets industriels et le renforcement du capital humain. Dans le cadre de ces efforts, l’Algérie a lancé plusieurs grands projets miniers, dont le projet de zinc-plomb de Tala Hamza-Oued Amizour à Béjaïa.
Le ministre de l’Energie et des Mines, Mohamed Arkab, a récemment souligné l’importance de ce projet lors d’une conférence nationale intitulée «Raréfaction des ressources minières et positionnement de l’Algérie : rôle du gisement de zinc-plomb de Tala Hamza-Oued Amizour». Il a noté que ce gisement représente l’une des plus grandes réserves mondiales de zinc et de plomb. L’exploitation de ces métaux stratégiques est prévue pour stimuler la croissance économique du pays.
La conférence organisée par le ministère de l’Energie et des Mines, en coordination avec le ministère de l’Enseignement supérieur et de la Recherche scientifique, a rassemblé des autorités locales, des cadres centraux, des membres de la communauté scientifique et professionnelle des mines ainsi que des diplômés dans des disciplines liées à l’industrie minière. Les discussions ont porté sur les enjeux économiques de l’exploitation du gisement de zinc-plomb de Tala Hamza-Amizour et sur les technologies minières modernes qui garantissent la sécurité de l’exploitation.
Cette conférence vise à éclairer les acteurs concernés sur l’essor économique et géologique du secteur minier, tout en promouvant des méthodes d’exploitation respectueuses de l’environnement. Les recommandations issues de cet événement contribueront à enrichir les connaissances sur les ressources minières en Algérie, renforçant ainsi sa position sur la scène internationale tout en préservant son environnement.
M. Arkab a souligné que la demande mondiale croissante de métaux dans divers secteurs industriels a conduit à leur raréfaction, rendant l’accès à ces ressources essentielles sur les marchés internationaux. Il a insisté sur la nécessité d’adopter des solutions proactives dans la recherche, la prospection et l’exploitation minière pour garantir leur disponibilité et répondre à la demande locale tout en renforçant la position de l’Algérie sur les marchés mondiaux.
Pour rappel, le président Abdelmadjid Tebboune a exprimé en mai, lors du Conseil des ministres, son soutien au projet en ordonnant l’accélération de sa mise en œuvre. Il a souligné l’importance économique majeure du projet et a encouragé l’adoption de systèmes de travail en équipes 24h/24 pour garantir l’avancement rapide des travaux.
Un projet sûr pour l’environnement : engagements en matière de durabilité
La ministre de l’Environnement et des Energies renouvelables, Fazia Dahleb, a apaisé les inquiétudes en affirmant que toutes les précautions nécessaires ont été prises pour protéger l’environnement des éventuels impacts du projet. Elle a souligné que l’étude du dossier a fait l’objet d’un suivi rigoureux par les hautes autorités du pays, avec des rapports hebdomadaires détaillés envoyés au Premier ministre pour l’informer de l’avancement.
Un plan complet de suivi et de gestion environnementale a été élaboré. Il englobe l’utilisation de technologies de pointe pour réduire les émissions polluantes, ainsi qu’un système de drainage et de collecte des eaux pour réutiliser 50% de l’eau dans le processus industriel du gisement. La biodiversité sera protégée, et un programme de surveillance environnementale continu permettra d’évaluer l’impact du projet sur l’environnement.
Vers une modernisation respectueuse de l’environnement
Pour sa part, le ministre de l’Industrie et de la Production pharmaceutique, Ali Aoun, a souligné l’importance de maîtriser les ressources minières avec des moyens technologiques modernes pour préserver les normes de qualité et l’environnement. Il a mis en avant le rôle crucial des recherches universitaires dans le développement économique, appelant à tirer profit des avancées scientifiques dans le domaine minier.
Projet de zinc-plomb de Tala Hamza-Oued Amizour : un pilier de croissance structurante
Le projet minier de zinc-plomb «Tala Hamza-Oued Amizour», situé dans la wilaya de Béjaïa, se positionne comme l’un des projets miniers structurels les plus prometteurs d’Algérie. Selon une fiche technique publiée par le ministère de l’Energie et des Mines, ce projet s’étend sur une superficie de 23,4 hectares et se prévaut d’une réserve exploitable impressionnante de 34 millions de tonnes. Il prévoit une production annuelle de 200 000 tonnes, comprenant 170 000 tonnes de zinc et 30 000 tonnes de plomb.
Etapes-clés et impacts économiques
La mise en œuvre de ce projet, évalué à 471 millions de dollars, sera réalisée en trois étapes majeures. La première phase impliquera la construction de la mine et de l’usine sur une période de 2 à 3 ans. La deuxième phase se concentrera sur l’exploitation de la mine pendant 19 ans. Enfin, la troisième phase consistera à la fermeture et à la réhabilitation du site, opération prévue sur 5 ans.
Ce projet ambitieux devrait créer 786 emplois directs et plus de 4000 emplois indirects, offrant ainsi des opportunités d’emploi significatives. Le ministère prévoit également un chiffre d’affaires de 215 millions de dollars et un résultat net de 60 millions de dollars, soulignant ainsi son impact positif sur l’économie nationale.
Un engagement envers l’environnement et la législation
Pour répondre aux préoccupations environnementales, une joint-venture a été établie avec le partenaire australien Terramin en février 2006, connue sous le nom de Western Mediterranean Zinc (WMZ). Les études de risque et d’impact environnemental ont été menées respectivement en septembre 2022 et janvier 2023, démontrant l’engagement du projet envers la préservation de l’environnement.
Le gouvernement algérien a également promulgué des textes législatifs liés au projet, y compris un décret annulant la classification de 6,6 hectares de terres agricoles en faveur du projet, publié en juillet dernier, et un décret déclarant l’intérêt public relatif à l’exploitation du gisement, publié dans le «Journal officiel» le 23 septembre dernier.
Le projet de zinc-plomb de Tala Hamza-Oued Amizour se présente donc comme un moteur économique essentiel pour l’Algérie, incarnant à la fois la croissance économique et le respect de l’environnement. Il incarne l’engagement du pays envers le développement durable et la maximisation de ses ressources naturelles pour le bien-être de ses citoyens.
I.k