Trois jours après l’attaque sans précédent des combattants du Hamas sur le
territoire israélien en représailles aux atteintes des colons juifs contre les
Palestiniens, l’aéroport international Ben Gourion (Tel-Aviv) est devenu
l’épicentre d’une ruée chaotique et désespérée pour fuir le pays de dizaines de
milliers d’Israéliens, désormais prêts à quitter le pays à tout prix.
Hier depuis la matinée, des familles entières, des femmes, des enfants, des
jeunes fuyant l’enrôlement obligatoire décidé par Netanyahu, et même de
hauts responsables (l’ancien Premier ministre Ehud Barak y était également,
selon une image de lui avec bagages, largement diffusée sur les réseaux
sociaux), attendent leur vol ou se regroupent devant les portes
d’embarquement.
Une situation désespérée et un désastre fou, alimentés par les annonces de
plusieurs compagnies aériennes internationales de l’annulation de leurs vols en
raison de la situation sécuritaire.
Sur les vidéos diffusées sur les réseaux sociaux hier, on peut voir un nombre
incalculable de passagers en colère et des scènes qui ont viré à la bagarre entre
Israéliens pour s’arracher les quelques billets d’avion encore disponibles.
A un certain moment, une roquette tirée depuis la bande de Ghaza a explosé
près de l’aéroport international Ben Gourion de Tel-Aviv, selon les médias
hébreux. Des images diffusées sur les réseaux sociaux montrent de la fumée
s’élevant au-dessus d’un champ tout proche. La branche militaire du Hamas, les
Brigades Izzeddin al-Qassam, ont revendiqué tôt lundi la responsabilité d’une
attaque à la roquette contre l’aéroport international Ben Gourion d’Israël, en
réponse aux attaques israéliennes en cours contre les civils à Ghaza.
A même l’aéroport, la panique a commencé à s’emparer des passagers qui
tentaient de quitter le pays pour échapper aux missiles du Hamas.
Dans tout l’Etat hébreu et à l’intérieur même de l’enceinte de l’aéroport de Tel-
Aviv, les sirènes d’alerte aux tirs de roquettes n’ont cessé de retentir.
D’après l’agence Reuters, plusieurs compagnies aériennes internationales ont
suspendu ou limité leurs vols à destination ou en provenance de Tel-Aviv.
Les régulateurs, notamment la Federal Aviation Administration des Etats-Unis
(FAA), l’Agence de la sécurité aérienne de l’Union européenne et l’autorité
fédérale russe ont exhorté les compagnies aériennes à faire preuve de
prudence dans l’espace aérien de la région. Dimanche, les transporteurs
aériens américains United Airlines, Delta Air Lines et American Airlines ont
suspendu leurs vols directs suite aux avertissements de la FAA. United, la
compagnie aérienne américaine, a déclaré qu’elle avait effectué deux vols
réguliers vers les Etats-Unis depuis Israël tard samedi et tôt dimanche, mais
qu’elle avait ensuite suspendu ses services. Les représentants de Delta, une
autre compagnie américaine, ont déclaré que les vols de cette semaine avaient
été annulés. De même, les compagnies européennes comme Air France et
Finnair (Finlande) ont suspendu leurs vols directs. La compagnie britannique
EasyJet a interrompu ses vols vers Tel-Aviv dimanche et lundi et a annoncé
qu’elle ajusterait les horaires de ses vols au cours des prochains jours. Le
groupe allemand Lufthansa a annulé, lui aussi, ses vols à destination et en
provenance de Tel-Aviv. C’est le cas également des compagnies aériennes
portugaises, chinoises et coréennes. Concernant la situation sur terre, le
Hamas a publié hier de nouvelles images montrant ses combattants en train
d’endommager les systèmes de surveillance israéliens à la frontière de Ghaza
samedi matin, ce qui leur a permis d’envahir Israël. Les vidéos montrent des
tours d’observation israéliennes visées par des tirs de snipers. Le Hamas avait
précédemment publié des vidéos montrant l’utilisation de drones pour larguer
des explosifs sur les équipements de surveillance israéliens. Les vidéos
montrent également des chars israéliens bombardés, apparemment par des
drones, et des résistants du Hamas qui font sauter des parties de la barrière
frontalière pour s’infiltrer en Israël.
L’Etat sioniste étrangle Ghaza
Alors que les affrontements se poursuivent à Ghaza entre l’armée israélienne
et la résistance palestinienne, le ministre israélien de la Défense, Yoav Galant, a
annoncé hier que son pays intensifiera son emprise contre la bande de Ghaza
jusqu’à un «siège complet» qui consiste en une interdiction d’entrée de
nourriture et de carburant, allant jusqu’à qualifier les Palestiniens
d’«animaux». Dans une vidéo, Gallant a ajouté : «Nous imposons un siège
complet à la bande de Ghaza : pas d’électricité, pas de nourriture, pas d’eau,
pas de gaz… tout est fermé». Plus tard, le ministre israélien de l’Energie, Israël
Katz, a ordonné à la compagnie israélienne des eaux de couper
«immédiatement» l’approvisionnement en eau de la bande de Ghaza. Le
ministre a averti : «Les choses ne seront plus comme avant». Alors que les
affrontements se poursuivent dans la bande de Ghaza, Israël a mobilisé des
renforts au troisième jour de l’opération militaire surprise lancée par le Hamas,
qui a fait plus de 800 morts israéliens. La journée d’hier a vu aussi d’intenses
raids israéliens sur Ghaza et le bilan des martyrs a dépassé les 500 Palestiniens.
Le Premier ministre israélien a promis, hier, de «changer le Proche-Orient»
après l’offensive sans précédent lancée ce week-end par le Hamas. «Ce que le
Hamas va vivre sera difficile et terrible ; nous sommes déjà en campagne et
nous ne faisons que commencer», a déclaré Benyamin Netanyahu, s’adressant
aux colons israéliens effrayés, selon un communiqué diffusé par ses services.
«L’Etat ne ménagera aucun effort pour vous aider tous. Je vous demande de
rester fermes, car nous allons changer le Proche-Orient», a-t-il ajouté. Alors
que l’Etat hébreu cherche des médiations pour libérer les otages détenus par le
Hamas et le Jihad islamique, Hossam Badran, membre du Bureau politique du
Hamas, a confirmé que le mouvement de libération de la Palestine ne
négociera pas d’échange de prisonniers tant que l’opération «Déluge d’Al
Aqsa» se poursuivrait. «L’opération militaire se poursuit et la résistance dirigée
par les Brigades Al-Qassam continue de défendre notre peuple, et il n’y a donc
actuellement aucune place pour des négociations ou autre chose», a-t-il
déclaré, selon des médias palestiniens. De son côté, le porte-parole des
Brigades Al-Qassam, la branche militaire du Hamas, a déclaré dans un
communiqué publié sur le site officiel des brigades : «Les bombardements de
l’occupant cette nuit et aujourd’hui (hier lundi) sur la bande de Ghaza ont
entraîné la mort de 4 otages». Et d’ajouter : «Notre mission est maintenant de
faire tous les efforts pour empêcher l’occupation de continuer à commettre
des massacres contre notre peuple à Ghaza, qui cible directement les
habitations civiles».
Hamid Mecheri