À l’approche de la saison estivale, les services de la Protection Civile algérienne activent un plan stratégique national d’anticipation. Ce dispositif, piloté sous la supervision directe du ministre de l’Intérieur et du directeur général de la Protection Civile, le colonel
BoughlefBoualem , vise à prévenir les risques majeurs qui reviennent chaque été : incendies de forêts, noyades, accidents de la route et menaces sanitaires dans les régions chaudes du pays. Le lieutenant Karim Ben Fahsi, représentant de la Protection Civile, en a détaillé les contours dans une récente intervention à la chaîne El Salam TV.
Le cœur du plan repose d’abord sur la prévention des incendies, un fléau récurrent chaque été. Depuis le 22 avril, les équipes de la Protection Civile ont commencé à accompagner les agriculteurs dans les wilayas agricoles comme Adrar, où la moisson démarre plus tôt en raison du climat. Objectif : éviter les départs de feu liés aux opérations de récolte, grâce à une sensibilisation renforcée et des mesures strictes de prévention. À partir du 1er juin, 65 colonnes mobiles seront déployées dans les zones forestières les plus exposées. Ce dispositif, baptisé « les Colons Mobile », restera actif jusqu’au 31 octobre. Il s’agit d’un maillage territorial de moyens humains et techniques conçus pour une intervention rapide et efficace en cas de départ de feu, notamment dans les forêts, les cultures agricoles et les palmeraies.
Autre volet critique : les noyades, en mer comme dans les eaux intérieures. L’Algérie compte plus de 440 plages autorisées à la baignade, mais c’est dans les zones non surveillées, telles que les oueds, les barrages ou les plages rocheuses, que surviennent les drames. En 2024, plusieurs dizaines de décès ont été enregistrés dans ce type de zones. Rien que pour les premiers mois de 2025, plus de dix noyades mortelles ont été recensées. Des jeunes, souvent mineurs, se baignent dans des endroits dangereux malgré les campagnes de sensibilisation. La Protection Civile multiplie les actions de proximité, les caravanes d’information et les programmes diffusés sur les médias nationaux et locaux pour rappeler les risques. La situation sur les routes est tout aussi préoccupante. Entre le 1er janvier et le 30 avril 2025, 648 décès liés à des accidents de la route ont été recensés à travers le territoire national, contre 611 à la même période en 2024. Cette hausse alarmante interpelle. Les causes sont connues : non-respect du code de la route, excès de vitesse, négligence de l’état des véhicules (freins, pneus, feux), conduite prolongée sans repos, notamment sur les longs trajets comme Alger-Tamanrasset où deux chauffeurs sont légalement requis. La fatigue au volant, particulièrement durant le mois de Ramadan, ou encore l’usage de médicaments altérant la vigilance, figurent aussi parmi les facteurs aggravants. La Protection Civile insiste : la voiture est un objet inerte, et sa sécurité dépend uniquement du comportement de celui qui la conduit.
Parallèlement, la vigilance est renforcée sur les plages à l’approche de l’été. Les équipes de la Protection Civile seront massivement mobilisées pour encadrer les estivants et veiller au respect du code des drapeaux (rouge, orange, vert), de la température de l’eau et des consignes d’hygiène. « Laisser un espace propre est aussi un acte de civisme et de prévention », rappelle le lieutenant Ben Fahsi.
Dans les régions du sud, notamment le Grand Sud, la menace des piqûres de scorpions prend de l’ampleur avec la chaleur. Des campagnes de sensibilisation, appuyées par les services de santé, ont été lancées. Autre point de vigilance : la consommation de produits alimentaires ou cosmétiques vendus à même les trottoirs, souvent mal conservés et à fort risque sanitaire. La Protection Civile met en garde contre ces pratiques, fréquentes en période estivale.
Enfin, l’effort de préparation ne se limite pas à la prévention. Un exercice national virtuel a été organisé récemment à Jijel, impliquant des équipes venues de 40 wilayas. Cet exercice simulait une intervention dans un environnement aquatique complexe, en coordination
avec les gardes-côtes, l’Agence nationale des barrages et l’Armée nationale populaire. L’objectif : tester la réactivité des plongeurs, améliorer la coordination interservices et renforcer la capacité opérationnelle en situation réelle. Un second exercice, cette fois sur la
gestion des incendies de forêts, est prévu après la fête de l’Aïd al-Adha. Pour conclure, le message adressé aux citoyens est sans ambiguïté : ne vous baignez pas dans des zones non surveillées, respectez les règles de sécurité routière, portez des équipements de protection à vélo ou à moto, évitez les comportements à risque en forêt, notamment durant les festivités de l’Aïd. « Notre objectif est de protéger les vies humaines, les biens et l’environnement », rappelle le lieutenant Ben Fahsi. « Mais nous ne pourrons y parvenir qu’avec la coopération consciente et active de chaque citoyen. » Le mot d’ordre est clair : cet été, la vigilance doit être collective, permanente et responsable.
Sonia.H