Ce sont 269 millions de dollars qui se sont volatilisés à cause du défaut de paiement du raffineur Petroplus que Sonatrach a privilégié en lui livrant des cargaisons de brut sans aucune garantie. Des livraisons opérées au moment où les banquiers de ce client défaillant commençaient à gelait les lignes de crédit qu’il utilisait pour payer ses fournisseurs.
En 2012, Sonatrach a perdu 269 millions de dollars pour avoir livré plusieurs tankers changés de brut à un client en dépôt de bilan. Petroplus, puisque c’est de lui qu’il s’agit, n’a pas payé ces cargaisons et Sonatrach n’a intenté aucune procédure pour se faire rembourser. Mais, ce qui est étonnant dans cette histoire est que la compagnie nationale n’a rien vu venir. Au moment où les banquiers de Petroplus ont commencé à geler les lignes de crédit que ce raffineur utilisait pour payer ses fournisseurs, Sonatrach n’a pas jugé utile de lui exiger des garanties.
En effet, Petroplus, basée à Zoug en Suisse et cotée à la Bourse d’Amsterdam depuis 1993 gérait sept raffineries européennes avant qu’elle soit reprise en 2005 par le groupe d’investissements américain Carlyle, lequel a acquis 57% de ses actions pour plus de 500 millions d’euros. Il a été l’un des raffineurs qui ont subi de plein fouet la crise économique de 2008, la chute de la demande sur les produits pétroliers qui s’en était suivie ayant accentué des problèmes structurels liés aux surcapacités de raffinage sur le vieux continent et entrainé la faillite de plusieurs raffineurs.
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Dans un premier, Petroplus a mis la raffinerie de Teesside (Royaume-Uni) à l’arrêt. Le 27 décembre 2011, son directeur financier, Joseph Watson, a déclaré que l’entreprise ne pouvait plus acheter de pétrole à cause du gel d’une ligne de crédit d’un milliard de dollars. Une annonce qui a eu pour effet de faire chuter l’action de Petroplus en bourse mais, surtout la dégradation de sa cote par l’agence de notation Standard & Poor’s qui l’a déclassé de la catégorie «B» à «CCC+», une catégorie qui suppose des risques sérieux d’incidents de paiement. En mai 2012, Petroplus a cédé son site de Cressier (Suisse) à un consortium constitué de Vitol, le géant du négoce pétrolier établi à Genève, et d’Atlas, une structure d’investissement gérée par l’un des cofondateurs de Petroplus.
Facilités injustifiés
Ce n’était donc qu’une question de quelques mois pour voir Petroplus déclarer faillite. Or, Sonatrach n’avait ni suspendu son approvisionnement ni exigé une lettre de crédit pour les cargaisons qu’elle lui expédiait. Elle le faisait pourtant avec la plus plupart des acheteurs de son pétrole. La compagnie nationale ne fait confiance qu’à un cercle restreint de gros clients dont la liste est établie sur la base de critères stricts et après concertation entre le son P-dg, son vice-président chargé de la commercialisation ainsi que le ministre de l’énergie.
Ce faisant, Petroplus a accédé aux facilités dont bénéficient les gros clients de Sonatrach alors qu’il n’en était pas un et ce, sans aucune concertation. Et, quand Sonatrach a commencé à exiger des lettres de crédit à ce client en cours de démembrement, il était déjà trop tard. Le montant des factures restées impayées s’élevait, comme nous l’avions précisé plus haut, à 269 millions de dollars. L’incident a commencé à faire les choux gras de la presse dès le mois de mai 2012. Mais, le duo qui gérait les affaires du secteur des hydrocarbures à l’époque à savoir, le ministre de l’énergie et des mines Youcef Yousfi et le P-dg de Sonatrach Abdelhamid Zerguine, n’a rien entrepris pour le récupérer cet argent sinon de répondre aux questions des médias. Une langue de bois de circonstance qui, bien évidemment, n’a pas corrigé le tort causé à la compagnie par le manque de clairvoyance de ses dirigeants.
«Les créances détenues par Sonatrach sur Petroplus font l’objet de suivi de la part de la compagnie qui dispose de mécanismes nécessaires pour résoudre l’affaire», disait alors Youcef Yousfi. Quant au principal responsable des dégâts, l’ancien responsable de l’activité Commercialisation, Mohamed Demmak, il a récemment été promu directeur de la filiale britannique de la compagnie nationale, la Sonatrach Petroleum Corporation (SPC), basée à Londres.
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