Coup de théâtre ce vendredi. La compagnie pétrolière Malaisienne a décidé de céder ses actifs en Algérie. La société a fait cette annonce, ce vendredi à Kuala Lumpur, à l’occasion de la publication des résultats du second trimestre. « Dans le cadre des efforts de reclassement du portefeuille de la société, Petronas a décidé de céder sa position en Algérie », a-t-on écrit dans le rapport trimestriel du groupe.
Cette décision intervient quelques temps après celle du norvégien Statoil d’abandonner le périmètre de recherche de Hassi Mouina (situé au sud ouest) et aussi celle de l’électricien italien Enel de se débarrasser de ses actifs en Algérie.
Décision surprenante
Depuis le 16 avril de l’année 2000, Petronas est présente dans le périmètre Rhourde Rouni (bloc 401c) pour l’exploitation du gisement pétrolier de Gisement Bir El M’Sana (BMS). Elle était associée à hauteur de 45% avec Sonatrach (25%) et l’américaine Hess (30%). En 2014, Hess avait décidé de céder ses actifs en Algérie.
Après avoir obtenu le permis d’exploitation en date du 10 décembre 2007, l’organe conjoint de gestion s’est lancé dans la phase de développement pour une durée de 15 ans. Le contrat d’association devra expirer en 2022.
En 2011, l’association a confié à Hyundai la construction des installations de BMS pour un montant de 166.99 millions de dinars. Kahrif, filiale de Sonelgaz, a pour sa part construit l’infrastructure électrique (60 KV) pour un montant contractuel de 1.01 milliards de dinars.
L’entrepreneur italien Gepco a, quant à lui décroché le marché de la construction de la base de vie pour 1.3 milliards de dinars algériens.
Les relations entre Sonatrach et la société publique Malaisienne ont toujours été cordiales et jamais il n’y a eu de tensions. Pourquoi alors Petronas quitte l’Algérie?
L’équation de Statoil
L’avenir de Statoil en Algérie est encore flou. Après avoir abandonné le permis de Hassi Mouina, des voix à l’intérieur de Statoil commencent à appeler à l’abandon également du permis de recherche qui lui a été attribué sur le périmètre de Timissit. Ce permis a été obtenu conjointement avec Shell pose problème pour Statoil. D’abord, il est situé au nord de Tiguentourine, très près de la frontière avec la Libye. En plus, la composition de sa roche fait qu’il s’agit de gaz de schiste. Le gouvernement algérien avait fait marche-arrière par rapport à l’exploitation des gaz de schiste fin 2014, après les événements d’In Salah. Au-delà des risques d’attaques terroristes à partir de la Libye, Statoil ne sait pas comment va être l’exploitation des gaz de schiste dans le futur.
Mais, même si Statoil décide de se désengager de ce permis de Timissit, elle restera certainement sur les investissements de Tiguentourine et In Salah qui produisent ensemble près de 18 milliards de mètres cube par an.
Le choix stratégique d’Enel
Avec la baisse des prix du baril de pétrole, l’électricien italien Enel a décidé d’un délestage qui comprend entre autres ses actifs en Algérie.
Enel est présent en Algérie sur un périmètre en phase de développement et trois périmètres de recherche.
Son plus important projet est celui du gisement gazier de Ain T’sila (Isarene) où il détient une participation de 18.37 %, aux cotés de l’iralndais Pétroceltic (38.25%) et Sonatrach (43.37%). En plus du départ programmé d’Enel, ce projet risque d’êre compromis avec les difficultés de Petroceltic qui a changé de propriétaire l’an dernier.
Enel est également présent avec une participation de 13.47% sur le permis de recherche et d’exploration du Sud Est Illizi, une association Sonatrach (51%), Repsol Exploracion Argelia S.A (25.72%), GDF Suez E&P Projects Algeria B.V (9,8%). Ce permis du Sud-Est Illizi situé dans le bassin d’Illizi a été attribué à l’issue du 2ème Appel à la Concurrence en date du 17 janvier 2010.
L’électricien italien s’est associé avec Dragon Oil, la filiale de l’ENOC (compagnie publique de Dubaï) pour soumissionner lors du dernier appel d’offres d’Alnaft en 2014. Les deux associés sont en phase de recherche dans le permis de Msari Akabli (Sud Ouest, bloc 332a, 341a3 & 339a1) et Tinhert Nord (Sud Est bloc 223b, 244b & 235b).
Si le départ d’Enel du périmètre d’Illizi ne risque par de perturber les associés, les deux permis de Msari Akabli et de Tihert risquent d’être compromis, d’autant plus qu’il est opérateur sur l’un des deux. Dragon Oil ne sera pas en mesure de gérer toute seule les opérations en cours.
Avec les difficultés que vivent les compagnies pétrolières à cause de la baisse des cours du pétrole, il est tout à fait logique que certaines d’entre elles se désengagent de beaucoup d’actifs. Mais, en Algérie, l’incompétence du P-dg de Sonatrach risque d’aggraver les choses.
On remarque en somme que les compagnies sérieuses quittent le pays et que les compagnies à problèmes débarquent en masse depuis l’arrivée de Ould Kaddour (Technip, KBR et surtout le retour programmé de Saipem)