Vitol a ravitaillé les rebelles en Libye et provoqué la chute de Kadhafi
Vitol a aussi financé des achats par anticipation du pétrole kurde et provoqué Baghdad
Vitol est le principal pollueur de l’Afrique à travers la vente des carburants à forte teneur en souffre.
Depuis la décision du gouvernement de la région autonome kurde d’Erbil de vendre par ses propres moyens le pétrole extrait du nord de l’Irak, Vitol a été le premier trader à acheter par anticipation, des cargaisons de l’or noir.
En dépit des démarches de Baghdad, Vitol a toujours maintenu ses achats de pétrole kurde qui lui rapporte des marges importantes.
En 2011, Vitol a vendu du carburant aux rebelles de Benghazi, en échange de brut. Une décision «dangereuse», racontée par le patron de Vitol, Ian Taylor, au sommet des matières premières à Lausanne.
Il est rarissime que les traders en matières premières racontent leur rôle, discret mais parfois déterminant, en politique. Et notamment dans les conflits compliqués du Moyen-Orient. Le patron du trader pétrolier Vitol, Ian Taylor, a enfreint cette règle de discrétion mardi à Lausanne, en dévoilant quelques détails sur l’implication de sa société au début de la guerre civile qui a emporté Mouammar Kadhafi, en 2011.
Interrogé dans le cadre du «FT commodities global summit», qui rassemble l’élite du secteur des matières premières, Ian Taylor a raconté comment Vitol avait décidé d’aider les rebelles libyens alors que le régime de Kadhafi n’était pas encore tombé.
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«Nous avons pris un risque très très calculé, a-t-il expliqué. Les rebelles avaient désespérément besoin de produits pétroliers raffinés, mais ils contrôlaient les installations produisant du brut. Ils nous ont promis du brut en échange de produits. Je suis allé à Benghazi [alors bastion des rebelles dans l’est de la Libye]. On pourrait dire que c’était une décision dangereuse, voire stupide. Mais notre métier est basé sur la confiance, et ces gens sont dignes de confiance. Quand ils disent qu’ils vont vous payer, ils le font.»
En 2016, uUn rapport exclusif publié par l’ONG Public Eye révèle comment Vitol profite des faibles standards en Afrique pour produire, livrer et vendre des carburants à haute teneur en soufre, interdits en Europe. Par ces pratiques illégitimes, Vitol contribue à l’explosion de la pollution de l’air dans les villes africaines et nuisent à la santé de millions de personnes
Résultat de trois ans d’enquête, le rapport « Dirty Diesel » met pour la première fois en lumière le rôle central des négociants dans le secteur des carburants en Afrique, où certains ont acquis d’importants réseaux de stations-service, ainsi que le modèle d’affaires scandaleux qui accompagne leur déploiement sur toute la chaîne d’approvisionnement.
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En Afrique de l’Ouest notamment, les négociants Vitol, Trafigura ou encore Addax & Oryx profitent de la faiblesse des standards pour vendre des carburants de mauvaise qualité et réaliser des profits au détriment de la santé de la population africaine. Les résultats des échantillons prélevés à la pompe par Public Eye dans huit pays sont choquants : les carburants analysés présentent jusqu’à 378 fois plus de soufre que la teneur autorisée en Europe. Ils contiennent d’autres substances très nocives, comme du benzène et des aromatiques polycycliques, à des niveaux également interdits par les normes européennes.
Voilà ce que vaut Vitol qui a été choisi par Sonatrach pour la réalisation du processing du pétrole algérien à l’étranger.