La mésaventure des produits El Mordjane en France démontre, si besoin est, que le marché européen demeure difficilement accessible, voire imperméable pour les Africains. Par une convention commune ratifiée de longue date, les pays d’Europe se protègent mutuellement et bloquent l’accès à tout produit qui pourrait concurrencer ceux des pays européens. Leur législation leur permet ce tour de passe-passe tout à fait illegal, mais le marché européen fonctionne de la sorte. Il est de ce fait tout à fait clair et plus qu’urgent de revenir à ses bases pour se redéployer de manière correcte. L’espace africain, l’ensemble maghrébo-saharo-sahélien sont le continuum naturel et immédiat de l’Algérie, qui doit, de ce fait, pour des raisons économiques, mais également stratégiques et politiques, se déployer dans son espace vital.A un moment crucial du contexte politique international que nous vivons, la guerre en Ukraine est en train de détruire l’Europe. Les signes du ravage provoqué sont déjà là, visibles, sous nos yeux. Cette guerre qui tend à s’internationaliser fait déjà ses premières victimes. L’Europe en sortira fragilisée. L’Europe ira certainement vers l’Afrique, comme elle l’a déjà fait il y a plus de cinq siècles. La ZLECAF peut constituer une opportunité pour le retour de l’Algérie au premier plan de l’économie continentale. Les promesses agricoles sahariennes sont déjà là pour annoncer un avenir serein et agressif. Toutes les wilayas du Sud, pour peu que l’eau soit disponible, ont réalisé des productions exceptionnelles. Adrar, Oued Souf, Biskra, Ouargla et Timimoun exportent aujourd’hui vers le littoral et nous font oublier la généreuse Mitidja. Selon Mohamed Toumi, vice-président de la Fédération algérienne des consommateurs, plus de 50% des produits maraîchers et de certains fruits que les villes du littoral algérien ont consommés durant les deux derniers Ramadhans sont le résultat de la production saharienne. Récemment, un journaliste du «Monde Diplomatique», venu à Timimoum pour un reportage, est retourné en France sidéré par les promesses du Sud algérien en matière d’agriculture. Il a publié en pages centrales un texte émerveillé, titrant son reportage : «Timimoun, capitale mondiale de la tomate». Le papier est accessible et peut être consulté sur le Net. D’autres experts n’hésitent pas à affirmer que le Sahara sera le futur eldorado des produits maraîchers. Avec les progrès accomplis en matière d’IA pour générer de l’énergie, extraire de l’eau et faire de l’arrosage intelligent, il est tout à fait clair que l’Algérie est en droit de programmer un plan d’extension vers au moins, pour un premier temps, tous les pays saharo-sahéliens. Que vous soyez à Tombouctou, Nouakchott, Djenée, Kidal, Taoudenni ou Tessalit, vous aurez de grandes chances de manger des mets à base de produits venus d’Algérie.L’Afrique, qui s’émancipe peu à peu de ses anciens colonisateurs, prend ses affaires en main, comme on le voit dans la vaste bande saharo-sahélienne. En créant la Zone de libre-échange continentale, l’Afrique se donne les outils de sa politique. La ZLECAF, qui est entrée en vigueur le 1er janvier 2021, a créé la plus grande zone de libre-échange au monde par le nombre de pays participants. Selon des statistiques d’un Centre de recherche stratégique sur l’Afrique, le marché de libre-échange africain est apte à consolider un marché d’environ 1,3 milliard de dollars dans 55 pays membres de l’UA dont le PIB combiné s’élève à 3,4 billions de dollars ; de même qu’il pourrait potentiellement sortir 50 millions d’Africains de la pauvreté et augmenter les revenus du continent de 470 milliards de dollars.2023 a vu un retour spectaculaire de l’Algérie vers l’Afrique. Cet effort doit continuer et se renforcer, car la réussite exige de la persévérance et de la continuité dans ce qui est un débouché assuré pour l’économie algérienne. Air Algérie a renforcé ses vols vers le continent, les banques algériennes s’y sont déployés, plusieurs entreprises, notamment l’industrie électronique et l’industrie de la pêche, se sont déployées en Mauritanie et au Sénégal.
O.Fayçal