Obligations Assimilables au Trésor

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L’Algérie demeure prudente sur la dette intérieure

Les Obligations Assimilables du Trésor (OAT) représentent un outil financier important pour l’État algérien. D’après les chiffres en notre possession, on peut observer plusieurs caractéristiques intéressantes de ces titres de dette publique :

Diversité des maturités : Les OAT algériennes présentent des échéances variées, allant de 7 à 15 ans. Cette diversité permet à l’État de gérer sa dette sur différents horizons temporels.

Taux d’intérêt attractifs : Les coupons offerts varient entre 3,75% et 6,50%, ce qui représente des rendements relativement élevés pour des obligations souveraines. Cela reflète probablement la nécessité pour l’Algérie d’attirer les investisseurs.

Émissions régulières : Les en notre possession montrent des émissions presque chaque année depuis 2010, indiquant un recours régulier à ce mode de financement par l’État algérien.

Volumes variables : Les encours varient considérablement, allant de 4,2 milliards de dinars à plus de 129 milliards pour certaines émissions. Cela suggère une flexibilité dans les montants levés en fonction des besoins de financement.

Tendance récente : On note que les émissions les plus récentes (2023-2024) ont généralement des taux plus élevés, autour de 5% à 6,50%, possiblement pour rester attractives dans un contexte économique changeant.

Ces OAT jouent un rôle important dans le financement de l’État algérien et dans le développement du marché obligataire local. Elles offrent aux investisseurs institutionnels et particuliers des opportunités de placement à long terme, tout en permettant au Trésor public de diversifier ses sources de financement au-delà des revenus pétroliers traditionnels.

La gestion de cette dette constitue un défi important pour les autorités financières algériennes, qui doivent équilibrer les besoins de financement de l’État avec la soutenabilité de la dette à long terme.

Voici un tableau résumant les principales caractéristiques des OAT algériennes :

ÉchéanceNombre d’émissionsMontant total (millions DZD)Taux moyen
7 ans10334 8905,00%
10 ans8260 1175,03%
15 ans17386 1455,12%

Quelques observations supplémentaires :

  • Les OAT à 15 ans sont les plus nombreuses et représentent le plus gros volume d’émission.
  • Les taux moyens augmentent légèrement avec la durée de l’obligation.
  • Le montant total des émissions sur l’ensemble du tableau s’élève à 981 152 millions de dinars algériens.

Ce résumé permet d’avoir une vue d’ensemble de la structure de la dette publique algérienne émise sous forme d’OAT, mettant en évidence la préférence pour les maturités longues et les volumes importants mobilisés par ce biais.

Montants des échéances

Voici le récapitulatif des échéances des OAT algériennes :

En 2025:

  • 3 OAT totalisant 66,705 milliards DA
  • Taux : 3,75% à 5,00%

2026-2027

  • 5 OAT pour 108,900 milliards DA
  • Taux : 3,75% à 5,00%

2028-2029

  • 5 OAT atteignant 157,919 milliards DA
  • Taux : 4,00% à 5,75%

2030-2031

  • 6 OAT représentant 337,476 milliards DA
  • Taux : 5,00% à 5,75%

2033-2034

  • 2 OAT s’élevant à 138,743 milliards DA
  • Taux uniformes : 6,50%

2035-2036

  • 2 OAT totalisant 17,735 milliards DA
  • Taux uniformes : 6,50%

2037-2039

  • 7 OAT cumulant 153,350 milliards DA
  • Taux uniformes : 6,50%

Cette structure révèle une concentration des échéances sur la période 2030-2031, avec une progression des taux d’intérêt selon la maturité. La période 2037-2039 montre une stratégie d’émissions multiples mais avec des volumes plus modérés.

Evolution des émissions et des volumes

Si notre collègue Mohamed Mouloudj est resté très explicite sur les motivations politiques des émissions du passé (voir son article dans le présent Dossier), nous nous concentrons ici sur les montages techniques des OAT émises depuis 2010.

Les OAT par catégories d’émissions depuis 2010

AnnéeOAT 7 ansOAT 10 ansOAT 15 ansTotal émissions
201011
201111
201211
201311
201411
2015213
201711
20181214
20192114
20201113
20211113
2022112
20233227
2024145

Les OAT par montants d’émissions

AnnéeOAT 7 ansOAT 10 ansOAT 15 ansTotal émissions (MDA)
201019 90019 900
20115 0005 000
201215 00015 000
20135 0005 000
201448 17748 177
201531 17331 59062 763
20177 5207 520
201823 15233 15322 10078 405
201942 36611 853117 343171 562
202054 01441 57310 735106 322
20217 33446 83010 79064 954
202269 25560 300129 555
2023246 069100 41141 500387 980
202439 06045 88084 940

Quelle note obtiendrait l’Algérie auprès des agences de notation ?

Comme elle a cessé de recourir à l’endettement extérieur, l’Algérie n’est plus notée par les agences de notation qui font la pluie et le beau temps lorsqu’un pays décide de recourir aux marchés financiers pour bénéficier de fonds à des taux variables selon justement les notes de ces agences.

Ici, nous avons procédé à une simulation de notation auprès de ces agences avec des chiffres et paramètres sur différentes structures de la finance du pays.

Voici une analyse unanime de la notation potentielle de l’Algérie :

Facteurs Positifs Majeurs :

  1. Robustesse Budgétaire
  • Ratio d’endettement OAT/PIB exceptionnellement bas (2,80%)
  • Dette totale de 7,27 milliards $ sur un PIB de 260 milliards $
  • Marge de manœuvre considérable pour de futures émissions
  1. Gestion de la Dette
  • Structure de maturité bien équilibrée:
    • Long terme (15 ans) : 39,36%
    • Moyen terme (10 ans) : 26,51%
    • Court-moyen terme (7 ans) : 34,13%
  • Risque de refinancement minimal
  • Absence de concentration d’échéances
  1. Politique Monétaire
  • Rendements attractifs (3,75% – 6,50%)
  • Spread positif par rapport à la croissance (4,5%)
  • Capacité démontrée à attirer les investisseurs

Facteurs de Vigilance :

  1. Dépendance aux Hydrocarbures
  • Nécessité de diversification des revenus
  • Vulnérabilité aux fluctuations des prix pétroliers
  1. Structure du Marché
  • Marché obligataire encore en développement
  • Liquidité potentiellement limitée
  • Base d’investisseurs à élargir
  1. Contexte Macroéconomique
  • Croissance modérée (4,5%)
  • Défis de diversification économique
  • Pression inflationniste potentielle

Voici quelle seraient les estimations des Notes par ces agences :

Standard & Poor’s : BBB

  • Points forts : Gestion prudente de la dette
  • Surveillance : Diversification économique

Moody’s : Baa2

  • Points forts : Faible endettement
  • Surveillance : Dépendance aux hydrocarbures

Fitch : BBB

  • Points forts : Structure de la dette
  • Surveillance : Développement du marché financier

Cette notation reflète quelques points positifs de  l’économie algérienne:

  • Une gestion financière responsable
  • Des fondamentaux solides
  • Un potentiel de développement important
  • Une approche prudente de l’endettement

Perspective : Stable à Positive

  • Capacité d’émission importante
  • Marge de manœuvre financière
  • Potentiel de développement du marché

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Elles sont passées de 5 en 2011 à 387 milliards de dinars en 2024

Quand les OAT expliquent la tendance du Trésor

La Direction générale du Trésor émet des Obligations assimilables du Trésor (OAT) sur trois principales maturités, à savoir, sept, dix et quinze ans. Ces titres de créance souverains permettent à l’État de financer ses déficits budgétaires à travers un mécanisme moderne et structuré. Les OAT sont des emprunts d’État modernes émis via des enchères, selon une méthode appelée adjudication. Elles sont souscrites sur le marché primaire par des Spécialistes en valeurs du Trésor (SVT), agréés par la Direction générale du Trésor. Ce système garantit une liquidité exceptionnelle sur le marché financier. Ces obligations, à taux fixe ou variable, sont dites « assimilables », lorsqu’un nouvel emprunt est émis, ses caractéristiques (taux facial, nominal, échéance, modalités de remboursement) sont identiques à celles d’une émission précédente. Seul le prix varie selon les rendements obligataires du marché. Cette technique réduit le nombre de lignes de cotation et favorise une plus grande liquidité. Depuis 2010, l’évolution des émissions d’OAT reflète les stratégies budgétaires successives. Les émissions annuelles étaient relativement faibles entre 2010 et 2014, passant de 19 milliards de dinars en 2010 à seulement 5 milliards de dinars en 2013. Cette période a coïncidé avec des prix élevés des hydrocarbures, permettant à l’État de financer ses dépenses, notamment pour maintenir la paix sociale, sans recourir massivement aux emprunts obligataires. La chute des prix du pétrole à partir de 2017 a marqué un tournant. Alors que les émissions d’OAT étaient de 7 milliards de dinars en 2017, elles ont bondi à 78 milliards en 2018. Ce recours accru s’explique par une incapacité à réduire le rythme des dépenses publiques dans un contexte économique tendu. Avec le Hirak en 2019 et les manifestations exigeant la fin du régime de l’ex-président Abdelaziz Bouteflika, les émissions d’OAT ont atteint 171 milliards de dinars. Ces fonds ont permis de répondre à une instabilité sociale et politique sans précédent. En 2020, la pandémie de Covid-19 a aggravé la situation. L’activité économique était à l’arrêt, mais les besoins de financement pour assurer les transferts sociaux, notamment les salaires et les pensions, sont restés impératifs. Les émissions d’OAT ont ainsi atteint 106 milliards de dinars. En 2021, avec la reprise économique, les émissions ont été réduites de près de 50 %, traduisant un retour progressif à une gestion budgétaire plus équilibrée. Cependant, entre 2022 et 2024, les émissions d’OAT ont culminé à 387 milliards de dinars, un montant jamais atteint auparavant. Cette hausse s’explique par la nécessité de maintenir les transferts sociaux, notamment le paiement des pensions de retraite, dans un contexte de pressions budgétaires accrues. Les Obligations assimilables du Trésor se sont imposées comme un outil clé pour le financement des déficits de l’État. Leur montée en puissance témoigne de l’adaptation des politiques budgétaires face aux chocs économiques et sociaux des dernières années.

M. M.

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C’est le « gendarme » des prêts octroyés au financements de projets

Le FNI autorisé à  recourir à l’endettement extérieur

Le FNI, c’est le bras financier et structurant de l’Etat. Il intervient par des prises de participation, dans le capital social pour la création et développement des entreprises, dans le cadre du partenariat avec les investisseurs locaux et /ou étrangers, tel que les entreprises : OTA Djezzy, Renault Algérie Production, Algerian Qatar Steel, AXA Assurances Algérie, TALA Assurances

   Selon la notice de présentation de l’institution, le FNI est une institution financière publique spécialisée, chargée de concourir au financement de l’investissement par l’octroi de prêts aux entreprises ou par des prises de participation  en partenariat avec des entreprises locales  ou des investisseurs étrangers en vue de la réalisation des objectifs du développement national.

Une des principales missions du FNI est de gérer les prêts octroyés sur ressources du Trésor aux entreprises publiques dans le cadre du financement de projets hautement structurants et de grands projets industriels.

Le FNI agit également, en qualité de comptable assignataire, dans le cadre de l’exécution des investissements d’infrastructures et divers programmes d’équipement public et ce, par mobilisation de ressources budgétaires de l’Etat à caractère définitif.

   En 2005, le gouvernement impose des restrictions sur l’endettement extérieur ; le projet de loi de finances 2020 devait consacrer l’abrogation de cette restriction. Avec la loi de finances 2025, c’est chose faite : désormais l’Etat lève la restriction, imposée depuis 2005, de ne pas recourir à l’endettement extérieur.

   Donc, le FNI s’endettera auprès des institutions régionales et internationales dont il est membre dans le but de financer des projets stratégiques ; l’emprunt étranger est strictement dédié à financer des projets stratégiques et structurants pour l’économie nationale.

   Déjà, le projet de loi de 2020 cherchait à « recourir à des emprunts identifiés de manière sélective et bien encadrée afin de constituer un instrument pertinent pour permettre le financement d’investissements, et, pour notre pays, la réalisation d’objectifs plus ambitieux en termes de développement, de croissance et de création d’emplois. Le gouvernement algérien avait même précisé auprès de quelles institutions financières internationales il allait s’endetter. L’Algérie facilite les investissements étrangers dans son économie, sans qu’elle use de la réciprocité, et étant membre dans plusieurs institutions financières internationales et régionales, elle ne bénéficie pas de prêts de ces institutions, du fait de sa politique affichée depuis 2005 de non recours à l’emprunt extérieur.

Aujourd’hui, à la faveur de la loi de finances de 2025, l’Algérie peut, du fait du niveau de ses participations dans le capital, bénéficier de conditions avantageuses de financement auprès de ces institutions », considérant qu’il « serait opportun pour notre pays de ne pas exclure la possibilité d’un recours sélectif à l’emprunt auprès de ces institutions pour le financement de projets productifs, stratégiques, structurants et ciblés suivant des critères prédéfinis.

Les financements du FNI concernent tous les projets d’investissement productif relevant des huit secteurs d’activité économique. Son intervention dans le financement s’inscrit dans un modèle de création de valeur ajoutée et porteur de compétitivité pour l’économie nationale.

I.Med Amine

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Encadré

L’obligation assimilable trésor (OAT)

Un mécanisme pour financer les déficits budgétaire

L’obligation assimilable trésor (OAT) est un titre de créance souverain émis par l’Etat à travers la Direction générale du Trésor et ce, dans le but de financer ses déficits budgétaires. L’obligation assimilable trésor (OAT) veille au suivi et à l’évaluation des compagnies d’assurances publiques, elle met aussi en œuvre les dotations de base aux établissements publics à caractère industriel et commercial et aux centres de recherche et de développement. Selon le rapport semestriel de la Bourse d’Alger du mois de décembre 2023, le marché des Obligations assimilables au Trésor (OAT) en Algérie a connu une croissance impressionnante, avec une augmentation de 43,89% par rapport au début de l’année. Au 30 juin 2023, l’encours global des 30 lignes cotées a atteint un montant remarquable de 907.665.000.000 DA. Le rapport souligne également une expansion remarquable du programme d’émission pour le premier semestre 2023, augmentant de 593,60% par rapport à celui de 2022, passant de 41.500.000.000 DA à 287.845.000 000 DA. En analysant l’activité du marché secondaire des OAT au premier semestre 2023 par rapport à la même période en 2022, la valeur transigée a enregistré une hausse de 105,88%, totalisant 101.933.738.350 dinars algériens. La catégorie 7 ans a représenté la majeure partie de cette activité, avec 76,76%, suivie de la catégorie 10 ans (2,56%) et la catégorie 15 ans (20,68%), offrant des rendements à échéance variant entre 5,1% et 7,4%.

D.B.