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NCA Rouiba : la croissance à crédit

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NCA Rouiba : la croissance à crédit

Depuis quelques années, NCA Rouiba progresse à un rythme constant au prix d’un endettement bancaire tout aussi constant. Soutenue essentiellement par les banques françaises établies en Algérie, l’entreprise cotée à la bourse d’Alger depuis 2013 ployait en 2016 sous une dette globale de plus de 5 milliards DZD (45 millions USD).

Fondée au lendemain de l’indépendance, en 1966, la Nouvelle conserverie algérienne (NCA) Rouiba n’a investi le segment des jus de fruits qu’en 1984, développant une marque qui porte le nom de cette banlieue d’Alger laquelle a profité à un moment de son histoire de l’absence de concurrence sérieuse pour prendre le leadership du segment sur le marché algérien.

En 2016, NCA Rouiba a réalisé un chiffre d’affaires de 7,9 milliards DZD (72,16 millions USD) et dégagé un résultat net de 130 millions DZD (1,18 millions USD), soit un taux de rentabilité de 1,64% et une croissance de 6,75% comparativement à 2015. L’entreprise, propriété de de la famille Othmani tient ainsi un rythme constant de croissance (un rythme annuel moyen de 7% depuis 2011). Or, elle fait désormais face à une concurrence féroce et la diversification de son offre de jus ne lui a pas permis tirer le meilleur de l’expansion du marché des boissons qui s’est pratiquement quadruplé entre 1995 et 2015. Elle a, néanmoins, dû s’endetter lourdement pour développer son outil de production et maintenir le cap dans un marché devenu impitoyable avec l’émergence de nouvelles marques de jus et la réapparition d’autres : Candia, N’gaous, Hamoud Boualem et Toudja notamment.


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Légion d’honneur

En tout cas, le PDG de NCA Rouiba, Slim Othmani se plaint régulièrement du climat des affaires en Algérie et de l’inertie de la bourse. NCA Rouiba a fait l’objet de deux redressements fiscaux : le premier d’un montant de 74 millions DZD (un million USD) est décrété suite aux vérifications approfondies au titre des exercices 2007, 2008, 2009 et 2010 et le deuxième d’un montant de l’ordre de 28 millions DZD (350000 USD)  est relatif à la taxe de la formation professionnelle au titre des années 2010, 2011 et 2012.

En décembre 2014, la Commission d’organisation et de surveillance des opérations de bourse (COSOB) a suspendu la transaction de cession des actions du fond d’investissement Afric Invest au groupe Cevital. Le gendarme de la bourse n’a pas motivé la suspension de cette transaction de bloc d’un montant de 440 millions DZD (5,4 millions USD) qui devait permettre au groupe de Issad Rebrab de prendre 15% dans le capital de NCA Rouiba. Aziz Mebarek, l’homme d’affaires tunisien co-fondateur de Afric Invest est toujours actionnaire de l’entreprise des Othmani.


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Dans ce contexte, il convient de rappeler que le PDG de NCA Rouiba, Slim Othmani, a reçu le 8 mai dernier le titre de «chevalier de la Légion d’honneur» en France pour son engagement dans la société civile en vue de l’amélioration du climat des affaires et l’émancipation de l’entreprenariat. Et, il a fait cette déclaration sur les colonnes du journal online Maghreb Emergent : «Cette distinction m’honore en tant que chef d’entreprise engagé pour l’amélioration de l’environnement des affaires dans le pays et la région. C’est une reconnaissance d’un parcours d’engagement de plus de 15 ans que je mène aussi bien en ma qualité de chef d’entreprise qu’en tant acteur au sein du Care et de bien d’autre Think tank en Algérie et ailleurs».

Emprunts à court et long terme

Bref, NCA Rouiba finance sa croissance principalement par la dette. Au 31 décembre 2016, l’entreprise ployait sous une dette globale de plus de 5 milliards DZD (45 millions USD) dont 2,9 milliards DZD (26,5 millions USD) d’emprunts à plus d’un an contractés essentiellement auprès des banques françaises établies en Algérie, Société Générale Algérie (72%) et Bnp Paribas (20%), le reste étant emprunté à la Banque nationale d’Algérie (6%). NCA Rouiba leur devait également 1,6 milliard DZD (13,7 millions) au titre d’emprunts à moins d’un an et autres crédits mobilisables. De même qu’elle a cumulé des découverts et autres concours bancaires courant –des dettes à court terme ayant vocation à financer des besoins de trésorerie– de 850 millions DZD (7,7 millions USD) auprès de cinq banques Société générale Algérie, Bnp Paribas, Natixis et Arab Bank ainsi que la BNA.

Ainsi, il convient de souligner que l’entreprise qui a cédé 25% de son capital lors de son introduction en bourse en 2013, n’arrive à pas à se financer grâce au marché, le crédit étant toujours le moyen le plus simple pour le financement des investissements. Et cela fonctionne à merveille pour NCA Rouiba qui pèse près de 600 emplois directs et qui progresse à crédit suivant un rythme constant : elle a réalisé un chiffres d’affaires de 4,6 milliards DZD (63,14 millions USD) et un résultat net de 188 millions DZD en 2011 (2,5 millions USD), 5,6 milliards DZD (72,21 millions USD) et un résultat net de 168 millions DZD (2,16 millions USD) en 2012, 6 milliards DZD (75,58 millions USD) et un résultat net de 228 millions DZD (2,87 millions USD) en 2013, 7 milliards DZD (86,9 millions USD) et un résultat net de 310 millions DZD (3,84 millions USD) en 2014 et 7,4 milliards DZD (73,66 millions USD) et un résultat net de 188 millions DZD (1,87 million USD) en 2015. L’entreprise, qui a vendu près de 120 millions de litres de jus en 2016, exporte une infime partie de sa production en Tunisie et en Libye.

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