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Mohammed Takala succède à Khaled Al-Mishri à la tête du Haut Conseil d’Etat

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Mohammed Takala succède à Khaled Al-Mishri à la tête du Haut Conseil d’Etat

La voie ouverte vers la réconciliation en Libye ?

Les membres du Haut Conseil d’Etat (HCE) en Libye ont élu, dimanche, Mohammed Takala à la tête du Conseil pour succéder au désormais ancien président Khaled Al-Mishri, qui a passé plus de quatre années à la tête du Conseil. Pour autant, peut-on estimer que la voie vers les élections est pavée ? Les observateurs politiques hésitent encore à se prononcer sur la question, considérant toutefois qu’un grand élan réconciliateur est né.

Au cours d’une session officielle du HCE, les membres Khaled Al-Mishri, Mohammed Takala, Naima Al-Hami et Naji Mokhtar étaient en lice pour la présidence, fonction pour laquelle des élections internes sont organisées chaque année, conformément au règlement interne de la haute institution présidence collégiale, établie en 2012.

Lors de la session, marquée par la présence de 129 membres sur les 145 que compte le Conseil, Al-Mishri a obtenu le plus grand score au premier tour avec 49 voix, tandis que Takala en a obtenu 39, Naji Mokhtar 36, et Naima Al-Hami 4 voix seulement.

Lors du second tour, Mohamed Takala a obtenu 67 voix pour devenir président du Haut Conseil d’État, selon le décompte des voix, contre 62 voix pour son rival, Al-Mishri, quittant ainsi la présidence après près de cinq ans passés à la tête du HCE, depuis le 4 avril 2018.

Apaisement, réconciliation et élections

Inaugurant son mandat, Mohamed Takala a fait savoir lors de son discours que «la prochaine étape sera celle de la préparation des élections, de la réunification des Libyens et de la restauration de la confiance en l’Etat».

«Sujette à de nombreuses interférences internationales et régionales, la Libye traverse, à l’instar du Moyen-Orient et l’Afrique, des turbulences», a-t-il déclaré dans son discours, diffusé sur son compte Facebook.

«Nous devons panser les plaies, nous rassembler, resserrer les rangs et remettre de l’ordre dans la maison libyenne afin d’épargner à notre pays les affres des guerres et des conflits», a ajouté Takala.

Il a appelé «toutes les institutions de l’Etat à dialoguer et à travailler de concert pour créer un environnement propice à la construction et à l’instauration de la confiance entre les Libyens, qui constituent une source de richesse et de force pour l’édification d’une société solidaire».

Il a ensuite évoqué ce qui se passera pendant sa présidence du Conseil : «Nous activerons au cours de la période à venir la réconciliation nationale sur la base des dispositions de l’accord politique libyen». Allusion faite à l’accord inter-libyen paraphé à Skhirat.

Cette réconciliation, selon Takala, est «nécessaire pour la préservation des droits et la réparation des préjudices, c’est la meilleure voie vers la tenue et l’acceptation des élections».

Les Nations unies, en collaboration avec la Chambre des représentants libyenne et le HCE, mènent, doit-on rappeler, des efforts pour paver la voie à la tenue d’élections générales qui résoudront la crise liée à la lutte pour le pouvoir entre deux gouvernements, dont celui de l’unité nationale présidé par Abdulhamid Dbeibah, qui refuse de céder le pouvoir, si ce n’est à un gouvernement issu d’un nouveau Parlement élu.

Duel à distance

«Sky News Arabia» a rapporté, de sources locales non précisées, que Mohammed Takala a gagné (au second tour des élections à la présidence du HCE) grâce aux votes des forces politiques qui soutiennent le Premier ministre, Abdulhamid Dbeibah.

En février 2021, Takala faisait partie des partisans de la nomination de ce dernier à la tête du gouvernement unioniste du pays, qui s’appellera plus tard le gouvernement d’unité nationale.

L’ancien président du HCE, Khaled Al-Mishri, s’était prononcé en faveur de la formation d’un nouveau gouvernement unitaire, à caractère transitoire, pour conduire le pays aux élections. Une proposition que Dbeibah a toujours refusée. Par ailleurs, Al-Mishri a explicitement critiqué ce dernier pour son travail politique, soutenant la Chambre des représentants lorsqu’en février 2022, elle a élu un nouvel Exécutif, dirigé par Fathi Bashagha.

A cette occasion, Dbeibah avait refusé de céder le pouvoir, appelant à des élections anticipées, mais sa réaction lui avait valu l’accusation d’avoir tenté de torpiller le scrutin, en préparation alors, en 2021.

L’ancien sous-secrétaire du ministère des Affaires étrangères de la Libye, Hassan Al-Saghir, a exclu que le changement à la tête du Haut Conseil d’Etat puisse signifier une victoire totale pour Dbeibah.

En effet, même si l’élection de Takala à la place d’Al-Mishri pourrait donner lieu à des évolutions significatives pour la Libye, notamment en ce qui concerne les fonctions et les prérogatives du Comité mixte 6+6 (auquel Dbeibah s’est toujours opposé), beaucoup dépendra de la capacité et de la volonté du nouveau président du HCE à abroger les décisions prises par son prédécesseur, notamment sur la formation d’un nouvel Exécutif unitaire et sur l’accord stipulant l’élaboration d’un plan d’action pour organiser les élections dans le pays.

Après tout, commente Al-Saghir, Takala a remporté la victoire avec seulement un écart de cinq voix, ce qui signifie qu’un bloc visible de forces politiques au sein du HCE est toujours aligné sur Al-Mishri.

S.B.