Massacres d’Algériens du 17 octobre 1961

Macron reconnaît des faits inexcusables

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Le président Emmanuel Macron a rendu hommage, avant-hier, aux Algériens tués lors des manifestations pour l’indépendance de l’Algérie, à Paris, en 1961. Il a qualifié ces événements de «faits inexcusables» pour la République, tout en réitérant l’importance de reconnaître l’Histoire pour construire un avenir apaisé entre la France et l’Algérie. La position de Macron n’a pas évolué depuis sa prise de parole, en 2021, où il avait reconnu, dans un communiqué publié par l’Elysée, que «les crimes commis cette nuit-là sous l’autorité de Maurice Papon» étaient «inexcusables pour la République». De son côté, le président de la République, M. Abdelmadjid Tebboune s’est recueilli, jeudi dernier, au Palais d’El Mouradia, en compagnie de hauts responsables et des conseillers à la présidence de la République, à la mémoire des chouhada, à l’occasion de la Journée nationale de l’émigration commémorant le 63e anniversaire des manifestations du 17 octobre 1961/2024. Dans un message, à l’occasion de la Journée nationale de l’émigration, marquant le 63e anniversaire des manifestations du 17 octobre 1961, le Président de la République, Abdelmadjid Tebboune, a souligné que la «commémoration de cet événement est un hommage aux luttes de la communauté algérienne en exil, qui expriment l’unité des Algériennes et Algériens résidant en France à l’époque avec la glorieuse Révolution de libération. Il a ajouté que «certains milieux extrémistes en France tentent de falsifier ou de reléguer aux oubliettes la question de la mémoire». Le Président Tebboune a affirmé que cette date «reste gravée dans les esprits en raison de sa signification puissante, symbole de l’unité du peuple autour des objectifs tracés par la Déclaration du 1er Novembre. Elle rappelle à toutes les générations l’adhésion de notre diaspora en France à la dynamique révolutionnaire libératrice d’une Algérie déterminée à se libérer définitivement du joug colonial». Il a également évoqué les «scènes tragiques dans les stations de métro et sur les ponts de la Seine à Paris, que les archives conservent comme témoins du ressentiment, de la brutalité et du racisme colonial en ces moments de folie, dépourvus de tout sens de civilisation et d’humanité, confirmant ainsi le lien national sacré entre les enfants de notre chère patrie». Les événements du 17 octobre 1961, sous l’autorité du préfet Maurice Papon, ont vu la répression brutale de milliers d’Algériens, qui manifestaient pacifiquement contre la guerre coloniale. De nombreux manifestants furent tués, leurs corps jetés dans la Seine. Les estimations du nombre de victimes varient entre 300 et 400, et les récits officiels de l’Histoire française ont longtemps ignoré cet épisode. «La France se souvient des morts, des blessés, des victimes», a affirmé Macron, soulignant la nécessité de faire face à cette mémoire douloureuse pour favoriser une réconciliation durable. L’année dernière, déjàil a fait un pas de plus dans la reconnaissance du massacre des manifestants algériens survenu le 17 octobre 1961 à Paris. «Les crimes commis cette nuit-là sous l’autorité de Maurice Papon sont inexcusables pour la République», a-t-il indiqué. Il a reconnu «une vérité incontestable» lors d’une cérémonie officielle pour les 60 ans du massacre des Algériens du 17 octobre 1961 à Paris. «La France regarde toute son Histoire avec lucidité et reconnaît les responsabilités clairement établies. Elle le doit d’abord et avant tout à elle-même, à toutes celles et ceux que la guerre d’Algérie et son cortège de crimes commis de tous côtés ont meurtris dans leur chair et dans leur âme. Elle le doit en particulier à sa jeunesse, pour qu’elle ne soit pas enfermée dans les conflits de mémoires, et construise, dans le respect et la reconnaissance de chacun, son avenir», précise le communiqué. «Il y aurait 54 morts […] Ils auraient été noyés, les autres étranglés, d’autres encore abattus par balles. Les instructions judiciaires ont été ouvertes. Il est malheureusement probable que ces enquêtes pourront aboutir à mettre en cause certains fonctionnaires de police», regrette Bernard Tricot, Pour de nombreux historiens, la non-reconnaissance par la France de ses crimes coloniaux constitue un véritable obstacle au développement de véritables relations d’amitié et de coopération entre les deux pays. La France doit «impérativement» reconnaître et condamner les crimes commis le 17 octobre 1961 à Paris contre des manifestants algériens pacifiques, a réclamé Henri Pouillot, témoin de la Guerre de libération et militant anticolonialiste. «C’est à ce prix qu’un traité d’amitié entre l’Algérie et la France est possible», a-t-il affirmé. La Ligue des droits de l’homme (LDH) a profité de cette occasion pour appeler à une reconnaissance officielle du massacre du 17 octobre comme un «crime d’État». Dans un communiqué, la LDH a déploré le manque de reconnaissance formelle et a appelé à un rassemblement symbolique sur le Pont Saint-Michel, lieu emblématique des événements tragiques de 1961.  

Said Farhi