Darmanin en sous-traitant de l’occupant israélien
Mariam Abu Daqqa, 72 ans, a été arrêtée à Marseille, lundi dernier et assignée à résidence, alors qu’elle se rendait à la gare pour prendre le train afin de se rendre à Toulouse, où elle devait animer une conférence. Membre du Front populaire de libération de la Palestine (FLPP), organisation qualifiée de terroriste par Israël et l’Union européenne, elle était sur le sol français depuis deux semaines pour y tenir une série de conférences. Elle a été arrêtée en compagnie d’un militant de l’Union juive française pour la paix (UJFP), Pierre Stambul. «Vers 7h du matin, nous venions de monter dans ma voiture quand la police nous a arrêtés», explique-t-il, comme rapporté par l’Humanité. Pour rappel, Pierre Stambul hébergeait Mariam Abu Daqqa pour toute la durée de sa tournée d’événements militants dans la région marseillaise.
De son côté, le ministère de l’Intérieur français a justifié sa décision arguant «la menace qu’elle représente pour l’ordre public dans le contexte de vives tensions», rapporte Nice-Matin. Cette arrestation, sans fondement aucun, intervient dans un contexte politico-sécuritaire mondial perturbé par les actes criminels et génocidaires commis par l’entité sioniste à l’encontre des Ghazaouis. «Le contexte actuel (la série de conférences, ndlr) est susceptible de constituer un trouble à l’ordre public qu’il s’agit de prévenir», estime le ministère de l’Intérieur français. Présente légalement sur le territoire français depuis début octobre, la militante palestinienne a déjà animé des conférences dans diverses villes françaises.
Pour rappel, Mariam Abu Daqqa avait obtenu, au début du mois d’août dernier, un visa de 50 jours délivré par les services consulaires français à El Qods, pour se rendre en France pour y tenir des conférences. Lequel visa a été annulé suite à son arrestation, suivie d’un arrêté d’expulsion. Une expulsion «ordonnée en urgence absolue». Vu qu’il n’est pas applicable immédiatement, car nécessitant une organisation matérielle du départ, Mme Abu Daqqa est assignée à résidence dans un hôtel de la Cité phocéenne jusqu’à fin novembre 2023. Cela avec obligation de ne pas quitter l’hôtel où elle réside de 22h à 7h du matin et de pointer tous les jours à 12h30 au commissariat du centre-ville de Marseille.
Un acte ou une décision qui laisse perplexe Mariam Abu Daqqa : «Je ne comprends pas ce que l’on me reproche. J’ai toujours eu une très belle vision de la démocratie française et aujourd’hui c’est elle qui veut me faire taire», se confie-t-elle à l’Humanité. Et d’ajouter : «Je viens de perdre 29 membres de ma famille dans les bombardements israéliens sur Ghaza. Ma maison a été détruite». Et de conclure : «(…) Le discours que je porte ne s’en prend à personne. Je suis venue dénoncer l’occupation de la Palestine et ses conséquences sur la vie quotidienne des Palestiniens».
Amalgames et confusions…
Justifiant sa décision, le ministre de l’Intérieur français, Gérald Darmanin, a précisé, toujours selon l’Humanité, que cette décision a été prise «eu égard à l’appel lancé par le Hamas à ‘‘une journée de colère’’ le vendredi 13 octobre 2023 visant à attaquer les Israéliens et les juifs, et à l’attaque terroriste commise au sein du lycée Gambetta d’Arras».
Dénoncer l’indu-occupation sioniste, les génocides commis et la montée des violences dans les territoires occupés et à Ghaza n’est pas assimilé avec un acte motivé par le fanatisme religieux. La lutte du peuple palestinien pour sa libération de l’entité sioniste est plus que légitime. L’action de Mariam Abu Daqqa est également légitime. Sa position de militante et de porte-voix de la cause palestinienne ne fait pas d’elle une «criminelle» pour être arrêtée et expulsée.
L’arrestation de Mme Abbu Daqqa est une atteinte grave à la liberté d’expression. Une liberté toujours mise en avant par la France qui en a fait son cheval de bataille. Cette arrestation vient-elle conforter les actes barbares commis par l’occupant et son acharnement sur les Ghazaouis, violant la Convention des Nations unies pour la prévention et la répression du crime de génocide en décembre 1948 sans que cela ne choque quiconque ?
Vendredi, l’arrêté d’expulsion de Mariam Abu Daqqa du territoire français a été suspendu par la justice administrative. Le ministère de l’Intérieur compte faire appel.
«Nous sommes en train de chercher un avocat qui puisse faire casser cette décision ahurissante. Comment peut-on imaginer renvoyer de force une personne à Ghaza quand on voit la violence qui s’y déchaîne en ce moment ?» s’interroge Pierre Stambul, militant de l’Union juive française pour la paix (UJFP).
Pour rappel, plusieurs conférences que devait animer Mariam Abu Daqqa ont été annulées. De même que sa venue, le 9 novembre prochain à l’Assemblée nationale a été interdite par la présidente Yaël Braun-Pivet. Elle a été invitée par la députée Ersilia Soudais (LFI) pour intervenir lors de la projection du documentaire «Yallah Ghaza».
A. I.