Macron se démarque de a ligne dure de Bayrou etRetailleau

Révélations au Figaro

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« Pour la première fois depuis qu’il a nommé François Bayrou à Matignon, Emmanuel Macron affiche publiquement un désaccord avec son gouvernement. Et pas l’importe quel sujet, puisqu’il s’agit des relations explosives avec l’Algérie, écrit le Figaro de la plume du journaliste qui accompagnait le président français à bord de l’avion qui le menait à Londres pour le sommet sur l’Ukraine.
Le quotidien français rappelle au passage que « la semaine dernière, le premier ministre a laissé entre quatre et six semaines à Alger se montrer plus coopératif dans la reprise de ses ressortissants clandestins (…). Et François Bayrou de lancer dans Le Figaro un ultimatum sur l’accord de 1968 qui donne aux Algériens des facilités de circulation en France : «Si l’accord n’est pas respecté, l’accord sera dénoncé. »
Une critique à peine voilée de la tentative de conciliation menée par Emmanuel Macron lors de son premier mandat. « Mais le président refuse de suivre le Gouvernement dans ce durcissement », écrit le Figaro. Vendredi, lors d’une visite au Portugal, Emmanuel Macron a adopté une tonalité bien plus conciliante. Auprès du Figaro, en marge de son déplacement au sommet de Londres sur l’Ukraine, il persiste et signe. «Chacun est dans ses compétences. L’accord de 1968, c’est le président de la République, plante Emanuel Macron à bord de l’avion présidentiel. Et ce qu’on a acté avec le président Tebboune en 2022, c’est sa modernisation. Je suis totalement favorable, non pas à le dénoncer, mais à le renégocier. », précise le Figaro.
Le quotidien ajoute encore que « le président distingue l’accord initial de son actualisation en 1994, qui abordait les modalités d’expulsion des clandestins. Il se veut ferme sur l’éloignement des Algériens sous OQTF considérés comme dangereux : «La sécurité des Français est au-dessus de tout. Je veux protéger les Français et je pense que le gouvernement a la même priorité. ». Et de poursuivre : Mais, sur le reste, «il faut engager un dialogue exigeant et respectueux, préconise- t-il. C’est ensemble que l’on peut faire des choses intelligentes pour les deux côtés. » Autour du président, remarque le journaliste du Figaro, on ne se montre pas surpris
du coup de chaud, alors que la France a infligé à l’Algérie un revers l’an dernier en reconnaissant la souveraineté du Maroc sur le Sahara occidental, un point de crispation immense entre les deux pays du Maghreb.
« Double langage »
Un ministre familier du dossier abonde au journaliste du Figaro: «Le président a toujours été en désaccord avec le choix du rapport de force, parce qu’il y a une grosse communauté algérienne en France et qu’il est influencé par la ligne du Quai d’Orsay, qui consiste à ne pas se fâcher. » Emmanuel Macron considère aussi que les chiffres des laissez-passer consulaires délivrés par Alger, sésames
pour expulser des clandestins, ne sont pas si mauvais (3000, selon Beauvau, en 2024), surtout lorsqu’on les compare à ceux d’autres pays d’Afrique du Nord. Reste, conclut le Figaro, qu’une fracture se dessine entre, d’un côté, le chef de l’État et son ministre des Affaires étrangères, Jean-Noël Barri (MoDem), et de l’autre, François Bayrou et Bruno Retailleau. « Chacun est dans son rôle,
dédramatise un autre ministre. Barrot est dans un rapport de force implicit, Retailleau, un rapport de force explicit. Mais la deuxième ligne est plus plaisante à développer auprès de l’opinion publique Ça a beaucoup plus de résonance compte tenu de notre histoire avec l’Algérie, alors qu’on a le même sujet des OQTF avec Maroc, la Tunisie ou le Mali. » En attendant, le Rassemblement national ne s’est pas privé de souligner le désaccord au sein de l’exécutif. «Le roi Macron a mis fin à la mascarade et au plan de communication du gouvernement», a ironisé Jordan Bardella, lundi sur RTL.

Y.M