Macron est tombé si bas…..

Les relations tendues entre Alger et Paris

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Le président français Emmanuel Macron hausse le ton dans l’affaire Boualem Sansal. Lors de la conférence annuelle des ambassadeurs à l’Élysée, il a déclaré que l’incarcération du franco-algérien « déshonore » l’Algérie, appelant à sa libération « urgente ». Un suicide politique avec préméditation.

Cette sortie du chef de l’État français, qui s’inscrit dans la continuité des critiques de l’extrême droite, marque une rupture avec les usages diplomatiques. Macron est tombé ainsi très bas et toute réaction de la part des algériens est alors justifiée.

Cette prise de position intervient dans un contexte déjà tendu entre Paris et Alger. La démarche présidentielle française, qui rompt avec la retenue diplomatique habituelle, risque d’aggraver davantage les relations entre les deux pays, déjà mises à mal par les divergences sur la question mémorielle et le dossier saharien.

Les relations entre la France et l’Algérie traversent une nouvelle zone de turbulences. L’arrestation de deux influenceurs d’origine algérienne sur le territoire français, accusés de « promotion du terrorisme et menaces de mort » sur TikTok, illustre cette détérioration des rapports bilatéraux.

Ces interpellations, survenues à Brest et près de Grenoble le 3 janvier, ont été confirmées par le préfet du Finistère, Alain Espinasse, qui évoque la diffusion de contenus jugés illégaux. Le ministre de l’Intérieur, Bruno Retailleau, a rapidement réagi sur X (ex-Twitter) en réclamant des poursuites judiciaires.

Cette action des autorités françaises intervient quelques jours après le discours musclé du président Abdelmadjid Tebboune devant le Parlement algérien. Le chef de l’État y a vertement critiqué la colonisation française, rappelant que « l’Algérie était une Nation instruite et exportatrice de blé » avant 1830. Une réponse directe aux propos controversés d’Emmanuel Macron sur l’existence historique de l’Algérie.

Face à ces tensions, le Quai d’Orsay, par la voix de son porte-parole Christophe Lemoine, tente de maintenir le dialogue en réaffirmant son attachement aux relations bilatérales. Paris insiste sur l’importance de la déclaration d’Alger d’août 2022, signée lors de la visite d’Emmanuel Macron, particulièrement pour la coordination sécuritaire au Sahel et en Libye.

La rupture des contacts diplomatiques depuis l’été dernier, marquée par le rappel de l’ambassadeur algérien et la réduction du niveau de représentation diplomatique, s’est aggravée après le revirement français sur la question saharienne. La relation entre les deux pays semble désormais suspendue à l’exigence algérienne d’excuses officielles pour les crimes coloniaux.

La position délicate d’Emmanuel Macron, affaibli par sa défaite aux législatives et confronté à la montée de l’extrême droite, complique toute avancée sur le dossier mémoriel. La présence au ministère de l’Intérieur de Bruno Retailleau, dont les positions se rapprochent de l’extrême droite, illustre cette contrainte politique qui limite la marge de manœuvre présidentielle française.

Ces développements survenus en moins d’une semaine reflètent la dégradation continue des relations bilatérales depuis l’été dernier. L’exigence algérienne d’excuses officielles pour les crimes coloniaux comme préalable à toute normalisation, face à un président français politiquement fragilisé, laisse présager une période d’incertitude dans les relations entre les deux pays.

 Yacine Merzougui