Le 19 mai 1956 est une date emblématique dans l’histoire de l’Algérie, marquant l’engagement de l’élite intellectuelle dans le combat libérateur. Ce jour-là, l’Union générale des étudiants musulmans algériens (UGEMA) a lancé un appel à la grève illimitée des cours et des examens, incitant les étudiants à rejoindre les rangs du Front de libération nationale (FLN) et de l’Armée de libération nationale (ALN). Cette grève a duré jusqu’à la rentrée scolaire de 1957, sauf pour Alger où la situation était intenable pour les étudiants autochtones. L’UGEMA, fondée en juillet 1955, a joué un rôle crucial dans la mobilisation des étudiants algériens, que ce soit en Algérie ou à l’étranger, pour soutenir la lutte du peuple algérien pour s’émanciper du joug de la colonisation française. L’appel à la grève a été une réponse directe aux attaques de l’Association générale des étudiants d’Alger (AGEA), qui avait été prise d’assaut par des partisans de l’Algérie française. Les étudiants ont assumé des missions médiatiques et diplomatiques, œuvrant à la mobilisation et à la représentation du FLN au niveau des organisations régionales et internationales. Le ralliement des étudiants a marqué un tournant décisif dans la lutte armée et mis fin aux allégations colportées par l’occupant français sur les dirigeants de la Révolution. Parmi les étudiants qui ont mis leur savoir-faire au service de la cause, Taleb Abderrahmane, étudiant en chimie, a organisé pendant les vacances universitaires de l’été 1955 un stage d’artificiers pour les djounoud de l’ALN. Il a quitté les bancs de la Faculté de chimie de l’Université d’Alger pour se consacrer à la cause nationale et a rejoint le maquis dans les monts de Blida. Amara Rachid, figure de proue de la grève, a lui aussi rallié l’Armée de libération nationale (ALN) et joué un rôle significatif dans la mobilisation des étudiants. Amara Lounis et Ben Zerdjeb, ces deux étudiants sont également tombés au champ d’honneur, démontrant leur engagement envers la Révolution algérienne. Samira Abboud, chercheure en histoire, elle aussi a évoqué la grève des étudiants le 19 mai à laquelle a adhéré la gent féminine qui a choisi de quitter les bancs de l’école et de prendre les armes aux côtés des hommes. La grève générale illimitée lancée par l’UGEMA le 19 mai 1956 à Alger a été un acte de dépassement du concept communautariste, montrant que la prise de conscience collective était dépassée par l’intégration dans les forces combattantes. Plus d’un demi-siècle après, cette grève suscite encore la controverse quant à l’initiative de l’UGEMA et son impact sur la guerre de Libération nationale. En commémorant le 19 Mai, l’Algérie célèbre non seulement la Journée nationale de l’étudiant, mais aussi l’engagement de son élite intellectuelle dans le combat libérateur. L’UGEMA et la grève du 19 mai 1956 restent des symboles puissants de la lutte pour l’indépendance et de la solidarité étudiante qui a contribué à façonner l’avenir de la nation algérienne.
Hanane Lahlou