Lopez et le formalisme wahhabite

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Rect’Angle

Par : Mohamed Mouloudj

Le gala de Jennifer Lopez à Riyad, en Arabie saoudite, n’a pas manqué de faire parler. Le spectacle en question s’inscrivait, au fait dans une tentative d’ouverture de la part du royaume saoudien, tout en restant fidèle à l’orthodoxie wahhabite. La superstar américaine, réputée pour ses performances spectaculaires, a été l’invitée d’une soirée où glamour et stratégie géopolitique se sont entremêlés, portés par les déhanchements de la star US de la pop. Le contraste entre l’image de modernité véhiculée par ce gala et la réalité d’un régime dont l’autorité repose, essentiellement sur une interprétation rigoriste de l’Islam attire l’attention. Le wahhabisme impose et exporte une vision austère et répressive de la société, où les droits des femmes sont particulièrement restreints et où toute velléité d’émancipation est étouffée par le poids de la loi islamique. Dans ce contexte, la venue de Jennifer Lopez ainsi que les autres stars mondiales s’apparente à une tentative d’ouverture, une modernisation de façade, tout en conservant l’autorité sur la moralité publique. Une volonté qui, dans les faits, reste néanmoins en décalage avec les principes wahhabites. La contradiction est flagrante, notamment quand on observe la situation des droits humains dans le royaume. En dépit des réformes engagées, des voix s’élèvent régulièrement contre la répression d’une opposition politique qui demeure scrupuleusement contrôlée. En parallèle, de jeunes militantes pour les droits des femmes sont toujours emprisonnées, comme l’illustre le cas récent de la condamnation à 27 ans de prison de Salma Al Shebab pour avoir twitté en faveur de la liberté. Ce même régime qui accueille une star internationale dans une mise en scène soigneusement orchestrée de tolérance, semble dans le même temps punir sévèrement celles et ceux qui osent défier la norme imposée par un système qui prône la soumission. Il est donc impossible de ne pas pointer l’hypocrisie de ce royaume qui, à travers ses actions et sa diplomatie, cherche à se donner une image moderne et progressiste tout en continuant de réprimer dans l’ombre ceux qui luttent pour la liberté. Le wahhabisme, en dépit de ses promesses d’unité islamique, reste une idéologie qui contribue, sournoisement à diviser et à maintenir des sociétés figées dans une vision archaïque de la religion. Là où la modernité cherche à s’imposer, un retour constant à la répression rappelle que la vraie ouverture, pour l’Arabie saoudite, n’a jamais été engagée. Ce gala s’il a indéniablement marqué les esprits par son contraste avec l’image d’un régime rigoriste, a surtout mis en lumière cette tension irrésolue entre le changement et la résistance du conservatisme. En ce sens, l’événement n’est pas seulement une question de culture ou de spectacle, mais bien le reflet d’une dynamique politique plus complexe, où les promesses de réformes se heurtent aux réalités d’un autoritarisme intransigeant. Reste à savoir comment les « adeptes » du wahhabisme vont-ils réagir ?