Le système de santé à Gaza s’effondre
Alors que les frappes aériennes se sont intensifiées encore dans la nuit de lundi à mardi, la bande de Ghaza a subi une autre journée sanglante, où les explosions meurtrières visant des habitations peuplées d’enfants, de femmes et de vieillards, les hôpitaux n’ont pas arrêté d’accueillir les blessés, aggravant l’ampleur de la dévastation et alourdissant un bilan des pertes humaines déjà colossal. Hier, le ministère de la Santé à Ghaza a annoncé que les frappes de l’aviation de l’armée d’occupation ont fait depuis le début du conflit plus de 5791 morts dans la bande de Ghaza, dont 2360 enfants, 1292 femmes et 295 personnes âgées, en plus de 16 297 blessés. «L’armée israélienne a commis 47 massacres au cours des dernières heures, tuant 704 Palestiniens, ce qui représente le plus grand massacre en une journée depuis le début de l’agression sioniste», a déploré Ashraf Al-Qudra, porte-parole du ministère de la Santé, lors d’une conférence de presse diffusée sur la page Facebook du ministère. L’armée d’occupation a reconnu avoir frappé «400 cibles» du Hamas lors des dernières vingt-quatre heures, mais les images et vidéos diffusées de ces frappes ont montré plusieurs femmes et enfants blessés ou décédés, ce qui prouve que les raids aveugles sionistes n’ont ciblé en réalité que des lieux d’habitation peuplés de familles ghazaouies. Ces images auraient certainement fait les choux gras de la presse occidentale internationale et seraient diffusées en boucle sur les chaînes d’infos en continu s’il s’agissait de l’Ukraine, c’est là l’image la plus hideuse de l’humanité à double visage de l’Occident.
Pour le ministère de la Santé à Ghaza, les massacres perpétrés par l’occupation contre les familles au cours des dernières heures ont tué 305 enfants, 173 femmes et 78 personnes âgées. Le porte-parole du ministère de la Santé à Ghaza a noté que 70% des victimes sont des enfants, des femmes et des personnes âgées, affirmant que les services de santé ont reçu 1550 notifications de personnes disparues encore sous les décombres, dont 870 enfants. Il a annoncé également l’effondrement complet des hôpitaux de la bande de Ghaza, soulignant que garder les portes des hôpitaux ouvertes ne signifie pas qu’ils répondent aux besoins du flot de blessés qui arrivent en continu, faisant constater que 12 hôpitaux et 32 centres de santé sont désormais hors service en raison de leur ciblage par l’aviation sioniste et du manque de carburant que l’Etat sioniste refuse de laisser entrer dans la bande de Ghaza.
Les vidéos et images diffusées par les médias palestiniens et certaines chaînes panarabes ont montré une situation humanitaire des plus critique à Ghaza, où les vivants cherchent désespérément les morts sous les décombres entraînés par les bombardements de l’aviation sioniste. Les équipes de secours éprouvent les pires difficultés à extirper les cadavres et les personnes coincées sous les débris des habitations détruites sans préavis, menés par des moyens très limités et dérisoires. Les rescapés sont terrifiés à chaque retentissement d’une explosion, alors que la prolifération des infections et maladies liées au manque d’eau, d’hygiène et la malnutrition risque d’amplifier encore la tragédie humaine dans cette région assiégée, où l’entrée des denrées alimentaires, le carburant et les médicaments est interdite. 20 000 logements ont été complètement démolis et sont devenus inhabitables, tandis que plus de 165 000 autres ont subi des dégâts à des degrés divers, ce qui signifie que 70% de la population de Ghaza (2,2 millions d’habitants) sont des déplacés du fait qu’ils sont expulsés de force de leurs maisons et vivent désormais dans des centres d’hébergement. L’agence de l’ONU pour les réfugiés palestiniens (UNRWA) a averti mardi qu’elle serait contrainte de cesser ses opérations dans la bande de Ghaza mercredi soir faute de carburant. «Si nous n’obtenons pas de carburant de toute urgence, nous serons obligés d’arrêter nos opérations dans la bande de Ghaza à partir de demain soir», a averti l’agence sur X (anciennement Twitter), au dix-huitième jour de la guerre entre Israël et le mouvement palestinien Hamas dans la bande de Ghaza.
«Claires violations du droit international humanitaire»
Le Conseil de sécurité de l’ONU a tenu hier un débat public sur la situation en Palestine occupée, au cours duquel le Secrétaire général de l’ONU, Antonio Guterres, a plaidé mardi devant le Conseil de sécurité pour un «cessez-le-feu humanitaire immédiat». «Pour apaiser cette souffrance immense, faciliter la distribution de l’aide de façon plus sûre, et faciliter la libération des otages, je répète mon appel à un cessez-le-feu humanitaire immédiat», a-t-il lancé devant les ministres et diplomates de dizaines de pays réunis au siège de l’ONU. Antonio Guterres s’est ensuite dit «profondément inquiet concernant les claires violations du droit international humanitaire que nous voyons à Ghaza. Soyons clairs : aucune partie à un conflit armé n’est au-dessus du droit humanitaire international», a-t-il insisté. Même si le SG de l’ONU s’est gardé de mentionner l’entité sioniste, les représentants de cette dernière ont fini par comprendre qu’il s’agit bien d’eux, et aux mensonges, accusations gratuites et manipulation des vérités du pouvoir du côté de l’Etat sioniste. L’ambassadeur de l’entité sioniste à l’ONU a vite accusé Guterres «d’être compréhensif face au terrorisme et meurtres du Hamas», exhibant des photos – que même Washington et Londres ont affirmé ne pas pouvoir prouver leur authenticité – de présumés attaques de la résistance palestinienne contre des colons. Le même responsable s’est dit «choqué», non pas par les exactions commises par son armée sanguinaire contre des milliers d’enfants et de femmes ghazaouis, mais d’entendre que Guterres leur demande de respecter le droit international. L’aide internationale a commencé à arriver au compte-gouttes depuis samedi mais en quantités très insuffisantes, selon l’ONU. «C’est une goutte d’eau dans un océan de besoins», a mis en garde Guterres dans la salle du Conseil de sécurité face à une assistance nombreuse, qui prouve que la cause palestinienne est revenue à occuper le devant de la scène internationale. «En outre, les réserves de carburant de l’ONU à Ghaza vont être épuisées d’ici quelques jours. Ce serait un autre désastre. Sans carburant, l’aide ne peut pas être distribuée, les hôpitaux n’ont pas d’électricité, et l’eau ne peut pas être purifiée ni pompée», a-t-il ajouté. «Même en ce moment de danger grave et immédiat, nous ne devons pas perdre de vue le seul fondement réaliste pour une paix et une stabilité durable : une solution à deux Etats», a insisté le Secrétaire général de l’ONU, dans des accusations à peine voilées à l’entité sioniste d’avoir provoqué ce conflit et ce désastre humain en raison de son refus à ce principe et à toute autre solution. Signe d’un ordre mondial devenu très fragile et déséquilibré, laissant une seule puissance décider du sort de l’humanité à sa guise sans contre-pouvoir, le Conseil de sécurité de l’ONU n’a pas réussi à sortir avec une position unie sur la guerre en Palestine occupée. Un autre échec que l’ONU n’arrive pas à stopper. «L’échec du Conseil de sécurité est inexcusable», a lancé hier le ministre des Affaires étrangères palestinien, Riyad Al-Maliki, dans la salle du Conseil au siège de l’ONU, dénonçant les massacres perpétrés par l’entité sioniste. «Votre conscience humaine n’est-elle pas blessée par les crimes de l’occupation israélienne pendant cinquante-six années d’occupation coloniale, ou par les meurtres terroristes, les destructions et la faim auxquels la population palestinienne est soumise aujourd’hui ?» a-t-il interpellé la communauté internationale, manifestement oubliant que la conscience de l’Occident est devenue absente depuis les événements en Ukraine et l’inféodation sans condition de l’Europe aux Etats-Unis. Pour sa part, le président turc, Recep Tayyip Erdogan, a estimé que «le Conseil de sécurité a aggravé la crise par son attitude biaisée, au lieu de mettre fin au bain de sang, d’assurer un cessez-le-feu le plus rapidement possible et de prendre des mesures pour éviter des pertes civiles». Dans un communiqué publié à l’occasion du 78e anniversaire des Nations unies, le président turc, qui a accusé Israël de «génocide» contre les populations palestiniennes de Ghaza, accuse également «la communauté internationale de ne pas s’être opposée aux attaques illégales et sans retenue du régime israélien contre les civils».
Le Hamas mène une autre attaque par la mer
Après que la résistance palestinienne a réussi à repousser la tentative d’une incursion terrestre dimanche dernier, l’armée d’occupation a largué hier des tracts dans la bande de Ghaza appelant les habitants à lui communiquer, en
contrepartie d’une récompense financière, toute information dont ils disposeraient sur les otages détenus par le Hamas. Hier, des vidéos diffusées sur les réseaux sociaux ont montré ces tracts largués par des appareils de l’armée d’occupation dans le ciel, avant d’échouer sur le sol à Khan Younès, dans le sud de la bande de Ghaza, et les Palestiniens les déchirant aussitôt arrivés au sol. Sur le terrain, la frontière avec le Liban est toujours sous haute tension, et risque de s’enflammer à tout moment. Les médias sionistes ont fait état hier qu’une base militaire près de la frontière avec le Liban a été ciblée par des missiles antichar et des obus d’artillerie depuis le Sud Liban, ajoutant que des accrochages s’en sont suivis ensuite. Le Hezbollah a revendiqué dans la soirée d’hier cette attaque, affirmant qu’il a causé plusieurs victimes dans les rangs de l’ennemi.
Hamid Mecheri
Gaza/Hamas