Par Salah Bey
A lire le mémorandum de l’historien français, Benjamin Stora, chargé par son président de revisiter la mémoire française afin d’y trouver des éléments pouvant « croiser » celle Algérienne et tenter de réécrire une histoire commune. Une histoire réparatrice selon le dogme Macron et la version Stora.
A lire des extraits de ce mémorandum de son altesse Stora, on a l’impression de relire un historien qui avait déjà des trous de mémoire.
Dans son bouquin « Histoire de l’Algérie coloniale, 1930-1954 », on peut lire à la page 4 : « ce pays (l’Algérie) ne se concevait pas au XIXe siècle comme espace unifié, socialement, économiquement, ni même culturellement. »
C’est le passage qu’a prononcé le président français l’été dernier, quand il avait été induit en erreur par son homme de confiance. Pour souvenir, le président français, et loin d’un lapsus, avait frôlé l’irréparable en causant, par ses digressions indigestes lors d’un discours sur la Mémoire soulignant que « l’Algérie n’existait pas en tant que nation avant 1830 », début de la croisade coloniale prétendument « civilisationnelle ».
Le président Macron semble avoir repris aveuglément le passage cité plus haut qu’avait écrit des années plus tôt ce monsieur qui s’autoproclame dépositaire de la vérité, toute la vérité sur l’histoire d’Algérie.
Hé bien non, Mr Stora ! Ce pays existait bel et bien avant l’arrivée des Ottomans sur ce sol béni. Il était un espace culturellement unifié et la meilleure preuve en est le Melhoun, poésie ancestral, qui depuis le 16e siècle, circulait sur tout le territoire sans aucun obstacle linguistique ou culturel majeur.
Une kacida écrite à Mascara était chantée à Constantine et une autre venue de Sidi Khaled (Biskra) enchantait les auditoires en Oranie ! Et les exemples sont nombreux.
Le « Diwan du Melhoun algérien », qui est la concrétisation de notre littérature nationale, vous démontrera s’il en était encore besoin, l’unité et la permanence d’une nation algérienne autour d’une même langue et d’une même littérature partagées par l’ensemble des Algériens depuis au moins cinq siècles !
On sait que les contes des frères Grimm ont joué un rôle capital dans la construction identitaire de la nation allemande, pourquoi le Melhoun ne jouerait-il pas ce même rôle pour l’Algérie ?
Avant l’invasion, les massacres de populations et la colonisation française, l’Algérie avait, doit-on rappeler, une représentation diplomatique intercontinentale avec plus de 60 consuls, même aux USA.
A défaut de visiter nos archives, spoliées lors de l’embarquement de 1962, rendez-les nous pour vous initier à l’histoire algérienne qui fait vivre la classe politique française, toutes tendances confondues, sur la rente mémorielle, sur une nostalgie rageuse et une haine incurable envers la Nation Algérienne.