Propos recueillis par Fayçal Oukaci
Invitée de l’émission « la Spéciale » de la chaine Essalam TV, la Directrice de l’Institut de veille et d’Etudes stratégiques et internationales (Everis), Leslie varenne, a fait un large survol sur les sujets qu’elle maitrise et affectionne : les questions africaines.
Avec vingt ans de travail journalistique sur le continent africain, spécialiste de l’Afrique et du Sahel, deux livres dans les librairies, « Abobo-la guerre. Côte-d’Ivoire de la France et de l’ONU » et « Emmanuel au Sahel. Itinéraire d’une défaite », Leslie Varenne a l’expertise et les épaules pour en parler en ès qualité.
« Tant avec Serval qu’avec Barkhane, la France a été incapable de peser sur le Sahel ; les erreurs, les errements et les faux calculs ont conduit à sa révocation pure et simple. Emmanuel Macron a fait un passage à l’effet d’une torpille.
Dénonçant une politique africaine de « gribouille menée par l’Elysée », Leslie Varenne est sans concessions avec l’Elysée, quitte à se faire snober par les médias français. « J’assume ce que j’écris. De toute façon, quand je fais des livres je soulève autant de passion, et je reçois des notes de lecture dithyrambiques sur la presse papier. Pour les plateaux, il faut voir le niveau…
Revenons au Sahel, où la défaite de Macron était plus personnelle que politique et diplomatique, parce qu’il s’agit d’un dirigeant qui agi en solo. « Une politique de balancier irrationnelle et illisible déprécie l’influence de la France qui enregistre son recul, brusquement, et sur tout le continent.
« Les accords d’Algérie étaient là, englobaient beaucoup d’aspects pour mener vers une paix durable, les Maliens eux-mêmes, malgré quelques observations techniques, étaient contents ; mais les choses ont évolué dans le mauvais sens ; Bamako n’a pas retenu les leçons ultérieures qu’elle devait retenir. Maintenant, le Mali est dans l’impasse.
« Beaucoup d’acteurs jouent malheureusement à contre-courant de la paix au Mali. L’Algérie a raison de s’énerver. Les intérêts de ces acteurs se télescopent. Malheureusement, les puissances ont toujours joué ces rôles, ne sachant que regarder leurs intérêts dans la région.
Pour Leslie Varenne, les médias occidentaux ont totalement dérivé et « ne donnent plus de comptes-rendus fiables sur les guerres, les conflits » ; cette dérive est d’autant plus ressentie qu’elle « met à nu la disparition du journalisme d’investigation ».
« Regardez ce qui s’est passé aux Etats Unis : la victoire de Trump a été cinglante pour cette presse mainstream. Le NYT, le Washington Post et consorts annonçaient à grands bruits la défaire de Trump. Et ce fut le contraire. Ce n’est pas parce qu’ils s’étaient mépris sur le candidat, mais parce qu’ils renvoyaient aux lecteurs leur propre volonté de faire ».