Vers un baril à plus de 100 dollars
Dans un contexte de montée des tensions au Moyen-Orient, les prix du pétrole ont atteint un niveau de 93 dollars le baril, soulevant les préoccupations des pays importateurs quant à une éventuelle hausse à plus de 100 dollars. Les récents développements géopolitiques ont créé une incertitude croissante sur les marchés pétroliers mondiaux, alimentée par la guerre en Palestine et les préoccupations liées à l’approvisionnement en pétrole dans la région, notamment en cas d’implication d’autres parties.
Hier, le Brent, référence mondiale en pétrole, a atteint 93 dollars le baril, enregistrant une augmentation de 2,8%. Cette hausse survient à un moment où le Moyen-Orient est en proie à des tensions croissantes, avec l’Iran appelant à l’imposition d’un embargo pétrolier sur l’entité sioniste, ce qui a augmenté les craintes d’une perturbation majeure de l’approvisionnement en pétrole dans la région. Les contrats à terme sur le brut West Texas Intermediate (WTI) ont également augmenté de 2,9% pour atteindre 89,2 dollars le baril.
La guerre en Palestine, notamment à Ghaza, a accru la pression sur les prix du pétrole. L’inquiétude grandissante quant à l’obstruction potentielle de l’arrivée des approvisionnements en pétrole brut, associée à la possibilité d’une implication de plusieurs parties si les tensions s’intensifient, a renforcé les préoccupations sur les marchés pétroliers mondiaux. De plus, la guerre en Ukraine et les sanctions qui ont suivi ont déjà affecté le secteur énergétique mondial, ajoutant à l’incertitude.
Certains experts estiment que cette situation pourrait jouer en faveur de la Russie, lui donnant plus de marge de manœuvre face aux pressions occidentales, notamment si l’Occident diminue son aide à l’Ukraine. Cela pourrait éventuellement permettre à la Russie de négocier la levée des sanctions pétrolières si les prix du pétrole dépassent les 100 dollars, selon Choeib Boutamine, conseiller en stratégie pétrolière et gazière.
Giovanni Stanovo, analyste des matières premières chez UBS, anticipe que le brut Brent pourrait se négocier entre 90 et 100 dollars le baril au cours des prochains trimestres en raison de la pénurie d’approvisionnement sur le marché pétrolier et de la forte demande de pétrole, combinées à la baisse de la production pétrolière de l’OPEP+.
Cependant, certains analystes restent prudents. Nader Etim, analyste des marchés pétroliers au Moyen-Orient chez Argus Media, souligne que compte tenu des fondamentaux du marché et des incertitudes persistantes du côté de la demande, un prix de 100 dollars le baril pourrait être un seuil potentiellement trop élevé. Les prix restent actuellement dans une fourchette de 85 à 95 dollars, mais l’évolution du conflit au Moyen-Orient pourrait les pousser à atteindre les 100 dollars, selon M. Etim.
Paul Hicken, de «Petroleum Economist», partage cet avis, notant que les approvisionnements serrés sur le marché pétrolier pourraient rapidement faire monter les prix. Toutefois, Choeib Boutamine maintient que la récente hausse des prix du pétrole est principalement due aux réductions de production volontaires imposées par les pays de l’OPEP+.
Malgré les spéculations sur une éventuelle escalade des prix vers les 100 dollars le baril, Cyril Woodershoven, Directeur de recherche chez Hill Tower Resource Advisors, estime que ce seuil n’est pas encore en vue. Il souligne qu’il est essentiel de considérer les primes de risque potentielles liées aux conflits régionaux, telles que celles liées à l’Iran, qui pourraient entraîner des fluctuations de prix importantes.
Les récentes déclarations de plusieurs experts et conseillers énergétiques soulignent l’incertitude persistante sur les marchés pétroliers mondiaux, exacerbée par les tensions au Moyen-Orient. Ali bin Abdullah Al-Riyami, conseiller et expert énergétique au Sultanat d’Oman, prévoit des fluctuations entre hausse et baisse, avec des prix se situant autour de 90-91 dollars, tant que la situation actuelle perdure et que la guerre ne s’étende pas aux zones voisines. Cependant, il avertit que si le conflit s’étendait à l’Iran, notamment en incluant le détroit d’Ormuz dans sa stratégie, les prix pourraient atteindre des sommets insensés dépassant les 150 dollars. Ces prévisions sont partagées par d’autres experts.
Bob McNally, président de la société américaine Rapidan Energy, met en garde contre les risques élevés pesant sur les prix du pétrole en raison de l’extension potentielle du conflit en Palestine. Il souligne que l’implication accrue de diverses parties dans la guerre ferait très probablement grimper les prix du pétrole brut au-delà des 100 dollars.
Omod Shukri, conseiller principal en politique étrangère et en géopolitique énergétique, explique que l’évolution des prix du pétrole dépend de la durée de la guerre à Ghaza et de son expansion à d’autres régions, surtout si l’Iran devient un participant direct. Il estime qu’une escalade du conflit, surtout impliquant l’Iran ou le Liban, pourrait perturber considérablement les approvisionnements en pétrole du Moyen-Orient, entraînant ainsi une pression à la hausse significative sur les prix du pétrole.
Dans ce climat d’incertitude géopolitique croissante, les marchés pétroliers demeurent sous tension, les experts prévoyant une hausse majeure des prix du pétrole. La situation actuelle au Moyen-Orient continue d’avoir des répercussions potentiellement importantes sur l’économie mondiale et les consommateurs d’énergie.
J. S.
pétrole/Moyen-Orient/Palestine