Les prix à la consommation en Algérie

Une stabilisation progressive face aux défis structurels

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En mois de septembre 2024, le panorama des prix à la consommation en Algérie dessine les contours d’une économie en quête d’équilibre. Les données publiées par l’Office National des Statistiques révèlent une relative stabilité des prix, avec une hausse modérée de 0,1% dans la capitale, signalant une possible accalmie dans la trajectoire inflationniste qui préoccupe les ménages algériens.

L’indice brut des prix à la consommation de la ville d’Alger enregistre une progression de 0,1% en septembre 2024, un rythme nettement inférieur à celui observé le mois précédent (+1,0%) et à celui de septembre 2023 (+0,7%). Cette décélération témoigne d’une certaine normalisation des tensions sur les prix, bien que la situation reste complexe selon les catégories de produits.

Au niveau national, l’image est légèrement différente avec une hausse de 0,3%, illustrant les disparités régionales qui persistent dans le pays. Cette variation s’inscrit dans une tendance annuelle qui porte l’inflation à 3,8% par rapport à septembre 2023, tandis que le rythme d’inflation annuel atteint 5,2% pour la période d’octobre 2023 à septembre 2024.

Le secteur alimentaire : entre hausses et baisses

Le panier alimentaire, composante essentielle du budget des ménages, présente des évolutions contrastées qui méritent une analyse approfondie. Les produits agricoles frais connaissent une relative stagnation (-0,01%), masquant toutefois d’importantes variations selon les catégories.

Les fruits enregistrent une hausse significative de 9,2% sur le mois, tandis que les légumes progressent de 2,2%. À l’opposé, le secteur des protéines animales connaît des baisses notables : -17,9% pour le poisson et -1,7% pour la viande de poulet. Ces variations illustrent la complexité des circuits d’approvisionnement et l’impact des facteurs saisonniers.

Particulièrement notable est l’évolution de certains produits stratégiques. La pomme de terre, aliment de base des ménages algériens, affiche une hausse spectaculaire de 69,8% sur un an. Le groupe café-thé-infusions n’est pas en reste avec une augmentation annuelle de 38%, reflétant les tensions sur les produits importés.

Les produits manufacturés et services : une stabilité relative

Le secteur des produits manufacturés enregistre une hausse modérée de 0,2% en septembre, portant leur progression annuelle à 5,2%. Les services, quant à eux, maintiennent une remarquable stabilité sur le mois, avec une augmentation annuelle contenue à 1,8%.

L’habillement et les chaussures se distinguent par une progression mensuelle de 0,56%, aboutissant à une hausse annuelle de 5,84%. Ce secteur illustre particulièrement bien les ajustements saisonniers liés à la rentrée sociale.

Une analyse territoriale révélatrice

L’étude des prix à travers le territoire national, basée sur un échantillon de 17 villes et villages représentatifs, met en lumière des disparités significatives. La ville d’Alger, avec ses 11 secteurs géographiques observés (de Bab-El-Oued à Ain Benian), présente des spécificités qui la distinguent des autres régions du pays.

Cette dimension territoriale de l’évolution des prix souligne l’importance d’une approche différenciée dans les politiques de régulation des marchés. Les écarts observés entre régions reflètent tant les différences de circuits de distribution que les particularités des marchés locaux.

Malgré la relative accalmie observée en septembre, plusieurs défis structurels continuent de peser sur l’évolution des prix en Algérie. La dépendance aux importations pour certains produits stratégiques expose le marché aux fluctuations internationales, comme en témoigne l’évolution des prix du café et des produits manufacturés.

La volatilité des prix des produits agricoles frais reste un sujet de préoccupation majeur. Les variations importantes observées sur certains produits de base comme la pomme de terre (+69,78%) ou les fruits (+9,2%) soulignent la nécessité de renforcer les mécanismes de régulation des marchés agricoles.

Perspectives et implications politiques

L’évolution des prix en septembre 2024 s’inscrit dans un contexte plus large de transformation économique. La stabilisation relative observée témoigne de l’efficacité de certaines mesures de régulation, mais les défis restent nombreux.

Le maintien d’une inflation modérée constitue un objectif crucial pour la politique économique algérienne. Les autorités devront continuer à équilibrer les impératifs de stabilité des prix avec les nécessités du développement économique et de la protection du pouvoir d’achat des ménages.

L’analyse détaillée des variations de prix révèle des impacts différenciés selon les catégories sociales. Les hausses importantes sur certains produits de base comme la pomme de terre (+69,78%) pèsent particulièrement sur les ménages modestes, tandis que la stabilité relative des services profite davantage aux classes moyennes et supérieures.

Les variations des prix alimentaires, avec notamment une hausse annuelle de 3,34% pour l’alimentation et les boissons non alcoolisées, continuent d’affecter le pouvoir d’achat des ménages, bien que l’intensité de ces variations soit moindre que lors des périodes précédentes.

Vers une modernisation des outils de suivi

L’Office National des Statistiques poursuit ses efforts de modernisation dans le suivi des prix, avec un échantillon de 261 articles représentés par 791 variétés. Cette approche méthodologique rigoureuse permet une meilleure compréhension des dynamiques de prix et facilite l’élaboration de réponses politiques appropriées.

L’évolution des prix en Algérie en septembre 2024 reflète ainsi une économie en transition, confrontée à des défis structurels mais progressant vers une plus grande stabilité. La maîtrise de l’inflation reste un enjeu central de la politique économique, nécessitant une vigilance continue et des ajustements réguliers des mécanismes de régulation.

Y.M