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samedi, février 8, 2025

Les politiques publiques à l’épreuve de l’informel

Les fonds, circulant dans l’informel, sont estimés à 90 milliards de dollars, selon le Président de la République, Abdelmadjid Tebboune, qui a chargé le gouvernement de lancer des réformes profondes pour contrer ce phénomène.

Pointant l’impact négatif sur les politiques publiques, l’expert en économie, Abdelkader Berriche, a préconisé que l’informel doit être traité selon « une vision inclusive et graduelle ». L’impact de l’informel (marché noir) sur la conception des politiques publiques est multiforme. Cela affecte en premier lieu les politiques budgétaires et fiscales : les fonds importants qui échappent au fisc privent notre pays d’une grosse manne financière qui devrait profiter à l’économie nationale.

Aussi, cela conduit à réduire les dépenses publiques dans les infrastructures et services vitaux comme la Santé et l’Education, de fait de rétrécissement des recettes budgétaires.

« L’informel représente 60 % de PIB (Produit intérieur brut). Et le président de la République a estimé à 90 milliards de dollars les fonds contenus dans l’économie informelle. Cela créé une économie non structurée et difficilement maîtrisable. Et dans ce cas, cela fausse les politiques publiques », a observé Le docteur Abdelkader Berriche.

« Cela signifie que tout plan ou programme économique mis à exécution par le gouvernement, n’aboutira qu’à des résultats partiels, c’est-à-dire les fruits de ces politiques publiques se manifesteront uniquement dans le 40 % de volume de l’économie contrôlée et maîtrisée réellement par le gouvernement », a-t-il expliqué.

L’une des caractéristiques des activités économiques exercées dans le secteur informel figure l’évasion fiscale. Or, fait observer Berriche, malgré que l’informel génère des emplois et des revenus et assure beaucoup de marchandises bon marché pour les Algériens, son impact négatif est tel que tous les citoyens qui y seront touchés.

Le faible recouvrement d’impôts et autres taxes prive le Trésor public d’une manne financière importante, qui devrait normalement être injecté dans des projets d’utilité public comme la Santé, les infrastructures routières, l’éducation, les multiples raccordements en eaux et gaz de ville.

En résumé, ce fléau freine les capacités et l’efficience du gouvernement dans l’exécution de ces plans économiques, et par la suite, l’amélioration de cadre de vie des citoyens.

Les « spéculateurs » et « barons de l’import » à l’origine de l’informel

« Au lieu que toute cette gigantesque richesse aille au profit de la société, elle échappera totalement du contrôle de institutions concernées, et tombera, en fin de compte, dans les mains des spéculateurs et barons de l’import », a-t-il précisé.

Les Algériens ont connu l’économie informelle, pour la première fois, avec la fin de l’ère de l’économie socialiste (dirigée) et le début de la libéralisation de l’économie avec des réformes visant l’ouverture de marché national (économiques de marché).

Ce phénomène a pris des proportions alarmantes avec les années 90, et les institutions de l’État chargées de contrôle de respect des lois, avaient d’autres préoccupations (crises sécuritaire et économique).

« L’informel est devenu une réalité dans notre économie. Nous attendions qu’avec le début des années 2000 qui ont connues une stabilité sécuritaire et une abondance des ressources générées par les revenus pétroliers, que de profondes reformes soient lancées pour restructurer l’économie afin de réduire le poids de l’informel. Mais nous nous sommes retrouvé dans l’économie de bazar avec les politiques de “tout importé”», a-t-il regretté.

La solution, préconise l’expert économique, est de lancer des reformes profondes dans l’administration économique de pays : réduire les formalités et procédures administratives et la paperasse, la numérisation, instaurer plus de transparence et une lutte efficace contre la corruption.

Pour y parvenir, l’expert suggère une vision inclusive et graduelle, en travaillant sur un processus durable pour réduire chaque année la taille de secteur informel, jusqu’à le faire revenir à un taux acceptable et maîtrisable.

Il a souligné que le Plan d’action du gouvernement se focalise sur la lutte contre le secteur informel, en apportant plusieurs reformes, notamment fiscales, afin de lutter contre l’évasion fiscale, et aussi la réforme de la fiscalité locale – qui devrait intervenir avec la révision de la loi sur les collectivités locales – et aussi des dispositions pour numériser l’administration.

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