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vendredi, avril 18, 2025

Les Massacres du 8-Mai 1945 toujours vivaces Les Algériens n’oublieront jamais

Tous les 8 mai, l’Algérie célèbre cette date mémorable. Une date qui a plus d’une signification. Une date importante, qui marque un grand et tragique tournant dans l’histoire de notre pays. Commémorer l’événement, c’est être fidèle à la mémoire des chouhada qui ont donné leur vie pour que vive l’Algérie libre et indépendante.

La Journée nationale de la Mémoire, célébrée le 8 mai, est une journée particulièrement importante, une date qui a marqué notre histoire, car elle vise également et surtout à «diffuser les pages brillantes de notre histoire glorieuse», telle que l’a exprimé le ministre des Moudjahidine et des Ayants droit, Laïd Rebigua, dans une allocution prononcée à la maison de la Culture de Sétif à l’ouverture des manifestations commémorant le 78e anniversaire des massacres de Sétif, Guelma et Kherrata le 8 mai 1945.

L’anniversaire des «massacres de Sétif, Guelma et Kherrata du 8 mai 1945» donne toujours lieu, en Algérie et en France, à une série de commémorations médiatisées, au cours desquelles les historiens français honnêtes et objectifs sont souvent malmenés, voire disqualifiés par des tentatives de révisionnistes visant à minimiser l’ampleur et l’horreur des massacres barbares contre des civils algériens.  Côté algérien, la cause est entendue, le génocide perpétré volontairement à la suite d’une provocation colonialiste a fait 45 000 morts. Ce chiffre qui fait trembler la France justifie la plainte contre la France déposée auprès de l’ONU pour crime imprescriptible contre l’humanité. La Fondation algérienne du 8 mai 1945 a transformé l’événement en une célébration revendicative depuis 1990 d’un nouveau procès Nuremberg.

Et si la France officielle et son bataillon de faussaires font le jeu de l’anathème, répandant l’amalgame afin de semer le doute et l’oubli, l’Histoire retiendra que les Algériens furent non seulement trahis, mais aussi profondément endeuillés en ce jour mémorable, où des milliers de citoyens ont donné leur vie, sur un autre front, pour libérer la France du joug nazi, en caution à la promesse pour l’indépendance de leur pays.

Mais, aveuglés par un triomphalisme débridé, les colonisateurs regardaient ailleurs. Leur objectif était de perpétuer leur présence sur le sol spolié de l’Algérie, devenue à leurs yeux, selon une logique coloniale guerrière, un butin de guerre, pour ne pas dire la terre promise.

Voici 78 ans que la propagande officielle du MTLD, puis du FLN a ancré chez les Algériens la vérité de «ce bain de sang au cours duquel 45 000 Algériens ont été massacrés le jour de la victoire des Alliés».

Le monde se souviendra aussi

L’Europe est en fête en ce 8 mai 1945. Le nazisme est vaincu. La veille au soir, dans l’Algérie occupée, les colons sabrent déjà le champagne, improvisent des bals et font gémir les accordéons. A Sétif, loin des flonflons, les Amis du Manifeste Algérien (AML) mettent la dernière main aux préparatifs du «défilé de la victoire».

Pour obtenir l’autorisation des autorités coloniales, les militants algériens ont présenté le défilé en question comme une «procession pacifique» destinée à commémorer le martyre des soldats tombés durant la Seconde Guerre mondiale, parmi lesquels des milliers d’Algériens conscrits de force pour servir de chair à canon.

La marche devait s’ébranler de l’ancienne mosquée de la gare (aujourd’hui Abu Dhar El Ghifari), avant d’emprunter l’avenue Georges Clémenceau (devenue avenue du 8 Mai 1945) pour ensuite bifurquer, à hauteur de l’ex-café de France, vers le Monument aux Morts pour y déposer une gerbe de fleurs.

Les nationalistes algériens, sur instigation de Ferhat Abbas et des militants des AML, avaient parcouru, la veille, tous les recoins de Sétif pour appeler à une forte mobilisation dont l’objectif était d’appeler à l’indépendance de l’Algérie.

Le mardi 8 mai 1945 est jour de marché, la foule commençait à se faire dense dès 6 heures. Une heure plus tard, ils étaient entre 9 à 10 000 personnes autour de la mosquée et jusque dans les quartiers voisins.

Quelque 250 Scouts musulmans algériens (SMA) en tête du cortège, foulard vert et blanc entonnent des chants nationalistes et, «prémonitoirement», «Min Djibalina» (De nos montagnes) jaillit de centaines, puis de milliers de poitrines dès l’entame du défilé à 8h30. L’idée d’en finir avec la barbarie a germé dans les petites têtes des Algériens désarmés. 

Désigné parmi ses camarades, le jeune Saâl Bouzid, porte l’emblème algérien, symbole de la fin d’un règne…, de l’indépendance. Dans la foule, des drapeaux algériens, confectionnés à la hâte, sont brandis pour la première fois, non sans susciter l’indignation des colons français et le courroux des policiers, calmes au début. La procession grossit à vue d’œil. Un autre groupe de quelques centaines de manifestants arrive du sud de la ville, depuis la porte de Biskra, par le boulevard du général Leclerc pour se joindre au premier, à l’avenue Georges Clémenceau, devant le mess des officiers.

Aux «Vive la Victoire alliée» scandés par la foule des Européens, succèdent les «Vive l’Algérie indépendante», «L’Algérie est à nous». Devant le café de France, le commissaire Lucien Olivier ne supportant pas la vue de l’emblème national, ordonna de retirer les pancartes, banderoles et drapeaux. Bouzid Saâl refuse de baisser le drapeau algérien, le policier tire et le jeune homme s’écroule, mort sur le coup.

L’après-midi, l’insurrection gagne la campagne, puis s’étend à d’autres villes, à Guelma et Kherrata, notamment. Le Gouvernement provisoire du général de Gaulle répond par une répression impitoyable menée par le général Duval.

Plus loin, dans le Constantinois, au Nord-Est, la loi martiale est décrétée, toute circulation est interdite avec mise en place d’un couvre-feu. Les chefs nationalistes arrêtés, des scouts et des civils sommairement exécutés sur simple suspicion. Des mechtas sont pilonnées par l’aviation coloniale et incendiées. Des femmes, des enfants et des vieillards sont tués sans aucune once de pitié.

L’administration coloniale, prise de court, ne se doute pas que cette révolte et ces massacres de populations innocentes sont annonciateurs d’un Mai qui appelait à Novembre.

Mai refleurira neuf ans plus tard dans les Aurès, plus précisément à Dechrat Ouled Moussa, lieu où furent distribuées, le 31 octobre 1954 au soir, les premières armes de la Révolution. L’étincelle de cette dernière s’étendra dans tout le pays pour sonner le glas, au bout de sept années et demie de luttes, contre une injustice qui aura duré 132 ans, parsemés de souffrances et de tragédies ayant pavé les chemins de la liberté. Comment l’oublier…

S.B.

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