Les craintes grandissent de voir le conflit à Ghaza s’étendre à toute la région
L’armée américaine a lancé des frappes aériennes sur deux sites à l’Est de la Syrie ainsi qu’un autre en Irak, prétendant qu’ils sont liés au corps des Gardiens de la révolution iraniens, en réponse à une série d’attaques contre les forces américaines dans la région. La décision de Washington d’engager directement ses forces au Moyen-Orient intervient alors que les craintes grandissent que le conflit à Ghaza puisse s’étendre à toute la région. Alors que les tensions s’intensifient dans la région en raison du soutien de Washington à l’entité sioniste dans sa guerre contre les Palestiniens à Ghaza, les forces américaines ont été attaquées au moins 19 fois en Irak et en Syrie par des forces soutenues par l’Iran au cours de la semaine dernière. Les Etats-Unis disposent de 900 soldats en Syrie et de 2500 autres en Irak voisin, chargés d’une mission visant à fournir des conseils et une assistance aux forces locales. Washington a ordonné à tous les membres de l’ambassade et du consulat américain non essentiels et aux membres de leurs familles de quitter l’Irak, le département d’Etat évoquant «des menaces accrues contre le personnel et les intérêts du gouvernement américain». Le Pentagone a annoncé que les frappes américaines ont touché un entrepôt d’armes et un entrepôt de munitions utilisés par des factions armées et les milices de la région, ce qui constitue la première intervention militaire américaine de ce type depuis le lancement de l’opération «Déluge d’Al Aqsa» par le Mouvement Hamas le 7 octobre. Les installations américaines en Irak et en Syrie ont été les cibles d’une série d’attaques de drones et de roquettes au cours des 10 derniers jours, en réponse, d’après les groupes armés qui les ont revendiqués, à la poursuite des bombardements meurtriers et aveugles contre les civils à Ghaza par l’armée d’occupation sioniste et ses menaces d’une intervention militaire terrestre dans l’enclave palestinienne. Le ministère de la Défense américain a annoncé également l’envoi de plus de 900 soldats américains supplémentaires au Moyen-Orient, dans un contexte de craintes croissantes que le conflit ne dégénère en une guerre régionale. Les attaques contre les intérêts américains en Syrie et en Irak ont blessé au moins 24 militaires américains et causé la mort d’un entrepreneur civil. Trois attaques de ce type ont eu lieu jeudi, touchant deux bases américaines en Syrie et une dans l’ouest de l’Irak. Washington a affirmé que l’envoi de ces forces dans la région vise à renforcer sa puissance de dissuasion. Pour rappel, l’administration américaine a déjà dépêché deux porte-avions en Méditerranée orientale et envoyé de nouvelles unités antimissiles avec des centaines de soldats pour protéger les bases américaines et leurs alliés dans la région. Les frappes américaines ont été menées par deux avions de combat F-16 vendredi vers 4h30 du matin près d’Abou Kamal, une ville syrienne à la frontière avec l’Irak, où les Etats-Unis disposent d’une base importante qui a été la cible de plusieurs attaques récentes par des groupes armés opposés à la présence américaine dans la région. Le Secrétaire américain à la Défense, Lloyd Austin, a décrit des «frappes d’autodéfense» et a déclaré que Joe Biden avait décidé de ces frappes sur mesure «pour montrer clairement que les Etats-Unis ne toléreraient pas de telles attaques et se défendraient leurs intérêts eux-mêmes». Les attaques américaines font suite à plusieurs frappes de l’armée d’occupation sioniste visant des installations militaires et deux importants aéroports syriens. La semaine passée, un navire de guerre américain a intercepté des missiles tirés par les rebelles houthis du Yémen, dirigés vers Israël. L’Iran, la Russie et la Chine mettent en garde contre l’ingérence américaine qui augmente le risque d’escalade dans la région. Le ministre iranien des Affaires étrangères, Hossein Amir-Abdollahian, a déclaré jeudi dernier à l’ONU que si l’offensive israélienne à Ghaza ne s’arrêtait pas, les Etats-Unis «ne seraient pas épargnés eux non plus». De ce fait, les Etats-Unis se trouvent dans une situation délicate. Sils augmentent leurs opérations, cela continuera à d’enflammer la région et provoquer un conflit plus large, ce qui aurait une incidence directe sur les opérations d’exportation de pétrole et de gaz et provoquerait une sévère crise économique planétaire, en plein début de l’hiver. Mercredi dernier, les principaux responsables des factions de la résistance palestinienne se sont réunis avec des dirigeants du Hezbollah à Beyrouth pour discuter du conflit et examiner les moyens de coordonner les efforts de résistance face à l’agression de l’armée d’occupation sioniste. Dans un entretien avec la chaîne libanaise Al Manar, le chef adjoint du Bureau politique du mouvement Hamas, Saleh Al-Arouri, a affirmé : «Nous assistons à une épopée héroïque de résistance au Liban contre l’occupation», ajoutant que des responsables du mouvement ont rencontré Hassan Nasrallah, le président du Hezbollah avant le début de l’opération «Déluge d’Al Aqsa». «Nous sommes en réunions continues et en contacts permanents et précis avec toutes les forces de résistance et les frères du Hezbollah», a-t-il indiqué. «Notre combat est un et notre destin est un sur le chemin vers Al-Qods, et nous sommes en communication et coordination constantes dans cette bataille», a-t-il ajouté, déplorant que «les bombardements criminels sionistes entraînent d’énormes pertes parmi les civils à Ghaza», promettant que «la punition des crimes de l’occupation est proche et inévitable». Le commandant en chef des forces iraniennes des Gardiens de la révolution, le général Hossein Salami, a mis en garde les sionistes que s’ils lançaient une attaque terrestre à Ghaza, «ils y seront enterrés», soulignant que «c’est une erreur de la part des ennemis d’imaginer que les musulmans resteront les bras croisés pendant que ces crimes se poursuivent». Malgré un avertissement direct adressé par le président américain Biden à l’ayatollah, l’Iran ne semble pas inquiété par ces menaces. Hier vendredi, les forces terrestres de l’armée iranienne ont entamé des manœuvres massives dans le centre du pays, pour deux jours, auxquelles diverses unités d’attaque blindées, d’infanterie mobiles, des forces de réaction rapide, de forces héliportées, d’unités du génie et de soutien y participent. Un porte-parole de l’armée iranienne a fait savoir que ces manœuvres sont lancées dans 7 provinces sur une surface de 1100 km2, précisant que parmi les objectifs figurent l’augmentation des capacités et la préparation au combat des forces terrestres de l’armée, et d’améliorer le niveau de dissuasion du pays face aux menaces potentielles. Cet exercice militaire a été l’occasion pour les autorités iraniennes de dévoiler le nouveau drone kamikaze, baptisé «Arsh», capable de toucher des cibles fixes et mobiles avec une grande précision, et utilisé dans les opérations de défense côtière et d’interception des forces ennemies. En parallèle et dans le cadre des efforts visant à mettre un terme à l’aveuglement occidental et permettre un apaisement de la situation, une délégation du mouvement islamiste Hamas a officiellement été reçue, jeudi, par le vice-ministre des Affaires étrangères russe. Le ministère des Affaires étrangères russe a fait savoir que «les frappes américaines contre des installations en Syrie démontrent des tensions régionales plus larges», ajoutant qu’il s’agit de signaux très alarmants. Maria Zakharova, porte-parole du ministère des Affaires étrangères russe a estimé que le déploiement par les Etats-Unis de systèmes de missiles antibalistiques et de systèmes de défense aérienne au Moyen-Orient est une provocation et crée des tensions supplémentaires dans la région. «De quoi la région a-t-elle besoin ? Une pacification rapide du conflit israélo-palestinien, et non des provocations de la part de les Etats-Unis sous forme de fournitures et de déploiement de contre-missiles», a-t-elle souligné. Sur le terrain, le Hezbollah a lancé hier des missiles guidés antichar et a ouvert le feu avec des armes légères sur une position militaire israélienne près de la colonie d’Avivim, à la frontière avec le Liban. Le Hezbollah a précisé que ces attaques ont causé des blessures et des dégâts importants dans les rangs de l’ennemi. L’armée d’occupation sioniste a affirmé que ses positions militaires ont été ciblées, mais a refusé de dévoiler l’ampleur de ses pertes. L’armée d’occupation a toutefois attaqué une patrouille de l’armée libanaise et lancé des projectiles inflammables sur des champs agricoles et des vergers libanais.
«Crimes de guerre»
Après les doutes formulés par Washington et ses alliés quant à l’authenticité du nombre très élevé des victimes palestiniennes dus aux bombardements sionistes, le gouvernement de Ghaza a publié une liste exhaustive des identités des martyrs, l’ONU a affirmé hier que des crimes de guerre ont été commis par l’entité sioniste à Ghaza. «Nous sommes préoccupés par la punition collective infligée aux Ghazaouis», s’est inquiété Ravina Shamdasani, porte-parole du Haut-Commissariat des Nations unies aux droits de l’homme, lors du briefing régulier de l’ONU à Genève. «Aucun endroit n’est sûr à Ghaza. Obliger les gens à évacuer dans ces circonstances (…) et alors qu’ils sont soumis à un siège complet soulève de sérieuses inquiétudes quant aux transferts forcés, qui constituent un crime de guerre», a ajouté la porte-parole, en dénonçant également l’usage d’explosifs à large rayon d’action dans des zones densément peuplées.
Hamid Mecheri