Réélu avec près de 85% des voix, le président Abdelmadjid Tebboune, 78 ans, rempile pour un second mandat placé sous le signe de l’Algérie qui gagne…Mais les défis qui l’attendent demeurent toujours. Si dans le premier mandat, la conjoncture n’était pas favorable -la pandémie de la Covid-19 étant passée par là (2020-2021) -, qui a complètement gêné la relance de l’économie, l’avenir semble aujourd’hui plus favorable en termes financiers et économiques. Pour répondre à ces besoins, le chef de l’Etat a formulé des promesses. A commencer par une hausse cyclique des salaires dans la Fonction publique. Entamée en 2020, cette revalorisation a atteint 47% en janvier dernier. L’objectif est de la porter à 100% d’ici à 2027, avec des augmentations qui s’étaleront sur les années à venir.En plus des revalorisations salariales, le président Tebboune projette aussi d’augmenter l’allocation chômage qui concerne actuellement près de 2 millions de jeunes de moins de 40 ans en recherche d’un premier emploi. Parmi les priorités du président Tebboune, la réforme de l’Etat constitue une urgence. Le chef de l’Etat avait estimé qu’il s’attellerait à créer de nouvelles wilayas et communes pour une meilleure gestion du territoire. Les exportations hors hydrocarbures ont atteint un chiffre jamais atteint auparavant (7 milliards de dollars). Pendant plusieurs années, les exportations hors hydrocarbures en Algérie s’élevaient à près de 2 milliards de dollars par an, mais après l’élaboration d’une stratégie nationale de promotion des exportations et la mise en place de plusieurs mesures visant à encourager les opérateurs économiques à exporter, les exportations hors hydrocarbures ont connu un bond significatif, atteignant près de 7 milliards de dollars, avec l’objectif d’atteindre 30 milliards de dollars d’ici 2030. Premier exportateur africain de gaz naturel, les hydrocarbures continuent de représenter 95% des recettes en devises du pays. Pour limiter cette dépendance, l’Etat s’est notamment décidé à développer la filière touristique. L’Etat espère accueillir plus de 12 millions de visiteurs étrangers en 2030. Plusieurs mesures incitatives ont été adoptées lors du premier mandat de M. Tebboune, comme une exemption de visa préalable pour les touristes étrangers visitant le Sahara algérien dans le cadre de voyages organisés.Le pays cherche également à diversifier son économie en s’ouvrant davantage aux capitaux étrangers et en favorisant l’entrepreneuriat et l’agriculture, un secteur qui se heurte au défi de la désertification. Lors de la campagne électorale, le président Tebboune a annoncéla création dans les années à venir de
450000 nouveaux emplois et un relèvement de 13000 à 20000 DA de l’allocation chômage mensuelle, qu’il a créée en 2022 pour les primo-demandeurs d’emploi âgés de 19 à 40 ans.La croissance de l’Algérie a été robuste en 2024, et l’inflation a commencé à décélérer. Selon la Banque mondiale, la croissance du PIB s’est accélérée pour atteindre 3,8%, soutenue par celle du secteur des hydrocarbures, la production de gaz naturel ayant compensé les réductions successives des quotas de production de pétrole brut. La croissance du PIB hors industries extractives a atteint 3,7%, la croissance de l’investissement s’étant accélérée, soutenue par une reprise marquée de l’investissement public, et entraînant une hausse des importations. La consommation privée est restée dynamique, stimulée par la hausse des salaires dans le secteur public et stimulant les secteurs fournissant les ménages. L’inflation est tombée en juillet 2024 à 5,7% alors qu’elle était de 9% en 2023, dans un contexte de baisse soutenue des prix des produits alimentaires frais, d’un dinar fort et de baisse des prix à l’importation. Les efforts visant à encourager l’investissement du secteur privé et la diversification de l’économie devront être renforcés. De même pour la poursuite de l’amélioration des systèmes de données soutiendrait l’investissement et l’élaboration des politiques publiques. En 2023 et 2024, les efforts de numérisation dans l’administration algérienne ont été renforcés, tout comme certaines publications de la Banque d’Algérie et de l’ONS, avec notamment le premier rebasage du PIB. Enfin, le président Tebboune aura à cœur de voir se réaliser les grands projets lancés durant son premier mandant, à savoir le gisement de fer de Ghara Djebilet, de la mine de zinc-plomb d’Amizour (Béjaïa). Un autre projet grandiose est celui de la transition énergétique, des énergies renouvelables, la production de l’électricité solaire, de l’hydrogène vert… fait son petit bonhomme de chemin ainsi que le mégaprojet de phosphate intégré qui sera abrité par quatre wilayas de l’Est du pays (Tébessa, Skikda, Annaba et Souk Ahras). L’entrée en lice des agences de promotion des investissements, du foncier économique et de l’auto-entrepreneuriat doivent servir de leviers au décollage économique imminent du pays. Un train de mesures qu’il pilotera de main de maître, dont le chantier de la numérisation, tout en pérennisant le caractère de justice sociale de l’Etat qui a fait partie de ses promesses annoncées lors de son investiture.
Said Farhi