Les CV « imposteurs » pour décrocher un job…

Parcours « gonflés », compétences surestimées et aptitudes exagérées

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Fraichement émoulu de l’université algérienne, un jeune a besoin urgent de travailler. Le diplôme en poche, c’est la course contre la montre pour décrocher un job. Car, il faut bien se rendre à l’évidence, que doit-on faire une fois diplômé? Evidemment travailler, fonder une famille, subvenir à ses besoins. Ce sont là les mécanismes du temps et les lois immuables de la nature humaine. Mais comment décrocher un job lorsque mille, cinq mille voire dix mille personne déposent le même CV pour le même poste de travail? Là réside tout le problème…

En 2024, les entreprises étatiques, qui constituaient il n’y a pas longtemps la direction privilégiée des jeunes, des nouveaux diplômés et des universitaires, recrutent peu. De leur coté, les entreprises privées recrutent très peu, et dans ce très peu, les recommandations, le coup de pouce, les connivences et les complaisances sont des paramètres inchangés.

Donc très difficile de décrocher un job sans appui. D’autant que les candidats aux postes sont de plus en plus nombreux et se bousculent d’ingéniosité pour être les premiers à décrocher l’entretien, en attendant l’embauche.  

Alors quel est le chemin le plus court pour tenter le grand chelem et décrocher un poste de travail ? Bien sûr, postuler. Et postuler d’abord, par un CV. Aussi s’ingénie-t-on à « gonfler » au maximum son CV, à se doter de compétences exagérées et d’une qualification hors du commun, et ce pour pratiquement chaque poste sollicité.

Mais, s’attribuer une valeur supérieure à celle qu’on a réellement, surévaluer ses aptitudes ou s’accorder des mérites excessifs sur son CV ne sont qu’un stratagème pour…disons : forcer la main de l’employeur. Une fois convoqué, le candidat doit jouer de son bagout et convaincre. Si le « parcours du combattant » réussit, peut alors commencer le plus difficile : démontrer sur le terrain que l’on est bel et bien la personne souhaitée, et surtout, la personne qui s’est tellement vanté d’être au top des compétences professionnelles recherchées par l’employeur.

Il est vrai que certains sociologues mettent cette propension à tricher sur son CV sur le compte de la nécessité, alors que d’autres y trouvent un indice de l’absence de préjugés et de moralité, l’audace étant devenue un critère de recrutement. Toutefois, il serait judicieux de n’y voir qu’un acte désespéré d’une personne dans le besoin, et qui cherche uniquement à travailler en décrochant le poste souhaité. 

Dans une société moins en course professionnelle et moins empêtrée dans les difficultés, déposer un CV clean est aussi normal que décrocher un job rapidement, ou avoir son allocation chômage en attendant un placement de la part des Agences de l’emploi. Le CV est devenu une sorte de passeport ; aussi, fait-il mettre tous les atouts de son côté pour être retenu dans le top candidats. Il est vrai que beaucoup de personnes ne s’encombrent plus de préjugés pour avancer et s’imposer dans une société de plus en plus soumise à la concurrence, voire à l’adversité, mais pour beaucoup de demandeurs d’emploi, « gonfler » son CV et plaire fait uniquement partie des « 36 stratagèmes chinois ». Une manière comme une autre de contourner les difficultés de la vie.

Sauf que sur le terrain des réalités, tout se dégonfle comme un ballon de baudruche, et l’employeur avisé peut alors découvrir que le ramage ne se rapporte pas au plumage…

F.O.